mardi 23 avril 2024

PEUT-ON TRAITER LES ANIMAUX COMME DES MACHINES ?

 

PEUT-ON TRAITER LES ANIMAUX COMME DES MACHINES ?


 

PREAMBULES AU SUJET DE REFLEXION :

En général, sur l’animal :

https://www.youtube.com/watch?v=IET1ak_Wtv0

Cette intervention veut mettre en avant le propre de l’homme. Celle qui suit est véganiste (pour le respect des animaux en faisant disparaître toute souffrance due à l’homme)

https://www.youtube.com/watch?time_continue=9&v=5M86C7J71M8&feature=emb_logo

Cette intervention veut mettre en avant une éthique respectueuse de l’animal.

On peut défendre une position de bon sens pour éviter les néfastes de la consommation de viande sur les équilibres écologiques :

https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=nVydgG2DFU0&feature=emb_logo

Notre sujet se demande au fond si les animaux ont une intériorité, c’est-à-dire une vie intérieure psychique.

Il est intéressant de s’intéresser à ce que des autres cultures que nos cultures occidentales valorisent avec l’ethnologie. Ecoutons Philippe Descola :

https://www.youtube.com/watch?v=8gdBl1ZVobE


 

INTRODUCTION AU SUJET

 

Analyse problématique :

 

A partir de « Peut-on » :

Est-il possible de traiter les animaux comme des machines ?

Sens 1 du sujet. C'est une question épistémologique.

 

L'étude du vivant et donc des animaux exigent des modèles. La machine et ses mécanismes est-elle un bon modèle ? Quelle est la force de ce modèle et qu’elles sont ses limites ?

 

Est-il permis de traiter les animaux comme des machines ? Mais nous-mêmes ne serions-nous pas des machines biologiques, juste un peu plus perfectionnées ?

Sens 2 du sujet. C'est une question éthique et morale.

 

Les liens entre sens 1 et sens 2 du sujet :

La connaissance scientifique expérimentale au cœur du sens 1 croise le sens 2 :

1.               La biodiversité du vivant (y compris des animaux) et la sauvegarde de nos écosystèmes met en jeu notre propre sauvegarde ;

2.               L'usage des cobayes nécessaires pour tester des molécules qui serviront de médicaments (l'homme est aussi un animal !). Mais jusqu'où autoriser cet usage de cobayes ?

3.               La science de l'éthologie et les neurosciences nous renseignent sur l'intériorité animale (soit elle la mécanise, soit elle en admet l'intériorité inobjectivable ; par exemple, il y aurait des vécus communs entre l’intériorité animale et la nôtre comme le plaisir et la souffrance) ; dès lors, c'est en fonction de celle-ci qu’une morale et donc un droit vis-à-vis de l'animal se conçoit.

 

[Repérer des contradictions, des débats :]

Si d’emblée on serait tenté de penser que les animaux ne doivent pas être traités comme des machines, car nous avons des relations affectives et empathiques avec nos animaux domestiques. Néanmoins, ce qui nous retient de donner une simple réponse affirmative au sujet est qu'on peut opposer à cette idée le fait que les avancées de la science et du progrès exigent et ont exigé un usage des animaux. En effet, ils ont précédé nos machines et ils sont encore des cobayes nécessaires à notre médecine. Par ailleurs, comme dans tout écosystème avec des proies et des prédateurs, il y a interdépendance entre l'homme et certaines espèces. Pouvons-nous ne plus tuer certaines espèces qui seraient invasives faute de prédateur ? Pouvons-nous interrompre notre consommation carnée et participer à la disparition d'espèces animales qui existent du fait de notre domestication ? Mais comment concilier ceci avec une empathie pour la souffrance animale qui suppose de les respecter dans leur intégrité ?

 


 

Plan avec les TC (Transition Critique):

I – La machine est-elle un bon modèle de connaissance de l'animal ?

A – Le modèle cartésien et sa correction leibnizienne. 5

B – Corrections kantiennes. 7

+ Transition : 8

C – Le retour de la machine avec l'IA. 9

+ La thèse fonctionnaliste. 9

+ Pour montrer les limites de cette thèse, John Searle va donner un contrexemple qui s’appelle « La chambre chinoise » : 11

+ Réponse de Dennett à l’objection de Searle sur la chambre chinoise : l’hétéro-phénoménologie : 13

+ Le zombie entre fonctionnalisme et théorie des qualias. 16

+ Conclusion éthique : 17

D - TC : L'intériorité comme vécu est premier. 19

II – Le modèle moral déontologique nous invite à ne pas traiter les êtres vivants et les animaux seulement comme des moyens contrairement à la plupart des machines, mais il garde des limites. 20

A – Déontologie de la responsabilité et respect de la biodiversité comme respect de l'humanité. 21

Une limite de ce raisonnement : 23

B – Déontologie comme respect de l'individuation de la liberté. 24

C - TC : Limites : 26

III – Le modèle utilitariste antispèciste, malgré ses limites, nous invite à ne pas traiter les animaux comme des machines insensibles. 26

A- Les dilemmes moraux animaux/humains nécessitent  une approche utilitariste. 26

Voici une présentation de la morale utilitariste : 26

Voici des dilemmes qui questionnent cette morale : 27

Objections au véganisme intégriste : 28

Réponse : 28

B – Dilemmes. 28

Expérience de pensée 1 : 29

Expérience de pensée 2 : 29

C – le respect de l’altérité de l’autre individu qu’est chaque animal dans sa singularité - Corine Pelluchon. 29

Conclusion. 30

 

 

 

I – La machine est-elle un bon modèle de connaissance de l'animal ?

 

A – Le modèle cartésien et sa correction leibnizienne.

 

La vidéo la plus précise sur l’animal-machine de Descartes :

https://www.youtube.com/watch?v=aa6AA6wUmKg

Voici Descartes dans le texte :

Discours de la Méthode (1637), Ve partie. Œuvres et lettres, La Pléiade, pp. 164-165 :

« [...] ceux qui, sachant combien de divers automates, ou machines mouvantes, l'industrie des hommes peut faire, sans y employer que fort peu de pièces, à comparaison de la grande multitude des os, des muscles, des nerfs, des artères, des veines, et de toutes les autres parties qui sont dans le corps de chaque animal, considéreront ce corps comme une machine qui, ayant été faite des mains de Dieu, est incomparablement mieux ordonnée et a en soi des mouvements plus admirables qu'aucune de celles qui peuvent être inventées par les hommes.

 

Et je m'étais ici particulièrement arrêté à faire voir que, s'il y avait de telles machines qui eussent les organes et la figure extérieurs d'un singe ou de quelque autre animal sans raison, nous n'aurions aucun moyen pour reconnaître qu'elles ne seraient pas en tout de même nature que ces animaux ; au lieu que, s'il y en avait qui eussent la ressemblance de nos corps et imitassent autant nos actions que moralement il serait possible, nous aurions toujours deux moyens très certains pour reconnaître qu'elles ne seraient point pour cela des vrais hommes. Dont le premier est que jamais elles ne pourraient user de paroles ni d'autres signes en les composant, comme nous faisons pour déclarer aux autres nos pensées. Car on peut bien concevoir qu'une machine soit tellement faite qu'elle en profère quelques-unes à propos des actions corporelles qui causeront quelques changements en ses organes, comme si on la touche en quelque endroit, qu'elle demande ce qu'on veut lui dire; si en un autre, qu'elle crie qu'on lui fait mal, et choses semblables ; mais non pas qu'elle les arrange diversement pour répondre au sens de tout ce qui se dira en sa présence, ainsi que les hommes les plus hébétés peuvent faire. Et le second est que, bien qu'elles fissent plusieurs choses aussi bien ou peut-être mieux qu'aucun de nous, elles manqueraient infailliblement en quelques autres, par lesquelles on découvrirait qu'elles n'agiraient pas par connaissance, mais seulement par la disposition de leurs organes. Car, au lieu que la raison est un instrument universel qui peut servir en toutes sortes de rencontres, ces organes ont besoin de quelque particulière disposition pour chaque action particulière ; d'où vient qu'il est moralement impossible qu'il y en ait assez de divers en une machine pour la faire agir en toutes les occurrences de la vie de même façon que notre raison nous fait agir. Or, par ces deux mêmes moyens, on peut aussi connaître la différence qui est entre les hommes et les bêtes. Car c'est une chose bien remarquable, qu'il n'y a point d'hommes si hébétés et si stupides, sans en excepter même les insensés, qu'ils ne soient capables d'arranger ensemble diverses paroles, et d'en composer un discours par lequel ils fassent entendre leurs pensées ; et qu'au contraire il n'y a point d'autre animal tant parfait et tant heureusement né qu'il puisse être, qui fasse le semblable. Ce qui n'arrive pas de ce qu'ils ont faute d'organes, car on voit que les pies et les perroquets peuvent proférer des paroles ainsi que nous, et toutefois ne peuvent parler ainsi que nous, c'est?à?dire, en témoignant qu'ils pensent ce qu'ils disent ; au lieu que les hommes qui, étant nés sourds et muets, sont privés des organes qui servent aux autres pour parler, autant ou plus que les bêtes, ont coutume d'inventer d'eux-mêmes quelques signes, par lesquels ils se font entendre à ceux qui, étant ordinairement avec eux, ont loisir d'apprendre leur langue. Et ceci ne témoigne pas seulement que les bêtes ont moins de raison que les hommes, mais qu'elles n'en ont point du tout. […] Et on ne doit pas confondre les paroles avec les mouvements naturels, qui témoignent des passions, et peuvent être imités par des machines aussi bien que par les animaux; ni penser, comme quelques anciens, que les bêtes parlent, bien que nous n'entendions pas leur langage; car s'il était vrai, puisqu'elles ont plusieurs organes qui se rapportent aux nôtres, elles pourraient aussi bien se faire entendre à nous qu'à leurs semblables. »

 

B – Corrections kantiennes.

 

- La reproduction (les machines ne se reproduisent pas). Il y a une sélection naturelle, à l’image de la sélection artificielle.

 

- Tout ce qui concerne la maladie. Une machine s’use, tombe en panne. Un vivant tombe malade. Une machine ne s’auto répare pas (même si c'est remis en cause avec l’informatique), alors qu'un vivant peut s’auto réparer. Il peut guérir de lui-même.

 

- Dans le vivant, les êtres vivants sexués ont un vieillissement qui n’est pas l’usure. L’être vivant semble programmé à mourir. Chaque être vivant a comme une loi qui indique quand il va mourir. Les industriels imitent parfois le vivant avec l’obsolescence programmée.

Voici le texte original de Kant sur ces points :

« Dans une montre une partie est l’instrument du mouvement des autres, mais un rouage n’est pas la cause efficiente de la production d’un autre rouage ; certes une partie existe pour une autre, mais ce n’est pas par cette autre partie qu’elle existe. C’est pourquoi la cause productrice de celles-ci et de leur forme n’est pas contenue dans la nature (de cette matière), mais en dehors d’elle dans un être, qui d’après des Idées peut réaliser un tout possible par sa causalité.
C’est pourquoi aussi Dans une montre, un rouage n’en produit pas un autre et encore moins une montre d’autres montres, en utilisant (organisant) pour cela une autre matière ; elle ne remplace pas d’elle-même les parties dont elle est privée et ne corrige pas les défauts de la première formation à l’aide des autres parties ; si elle est déréglée, elle ne se répare pas non plus d’elle-même, toutes choses qu’on peut attendre de la nature organisée. Un être organisé n’est pas seulement une machine – car celle-ci ne détient qu’une force motrice -, mais il possède une énergie formatrice qu’il communique même aux matières qui ne la possèdent pas (il les organise), énergie formatrice qui se propage et qu’on ne peut expliquer uniquement par la puissance motrice (le mécanisme). »
,

KANT, Critique de la faculté de juger (1790), IIe partie, Sect. I, 65. Ed. Vrin

+ Transition :

Mais cette correction de Kant ne disqualifie pas le modèle physico-chimique du vivant, il amende le modèle mécaniste cartésien du vivant. Pour Kant et Descartes, l’âme humaine est un principe en dehors du corps animal. Les animaux ne sont que ce corps mécanique.

Mais, si, au fond, nous n’étions rien d’autre que ce corps animal, juste un peu plus élaboré, ne faudrait-il pas reconsidérer nos rapports aux animaux ? Nos conceptions de la conscience, de l’intériorité en fonction de leur rapport avec le corps (animal) sont essentielles pour déterminer nos conceptions éthiques.

 

C – Le retour de la machine avec l'IA.

 

Voici une vidéo qui résume tout le débat qui suit :

https://www.youtube.com/watch?v=r-RHHrrdbfM&list=PLuL1TsvlrSnd9nkLxP0QprgDUkOs4Lq2f

 

Si nous pouvons associer des sensations cellulaires à des phénomènes physico-chimiques et en déduire à partir de là le passage à des émotions puis à des réflexions, il reste qu’il nous faut expliquer le caractère interne des sensations. Une sensation observée comme phénomène physico-chimique n’est pas une sensation vécue de façon interne.

Si notre conscience et notre intériorité peuvent s’expliquer par notre matérialité, alors pourquoi serions-nous différents des animaux dont l’organisation biologique est d’un modèle presque semblable au nôtre ?

 

+ La thèse fonctionnaliste

 

Cette vidéo de Monsieur Phi présente cette thèse qui affirme que, comme un ordinateur, nous sommes un réseau de fonctions et de programmes interconnectés sur un support matériel :

https://www.youtube.com/watch?v=qyDWSpX3xAk

 

Si on explique l’esprit par la matière, si on arrive à réduire nos pensées à des ensembles complexes et auto-organisés de réactions chimiques et d’influx électriques, on n’aura plus besoin d’absolutiser l’âme humaine. Parce que tout se ramènera à des explications scientifiques, on pourra établir des parallèles entre des états de conscience et des états cérébraux qui en sont les causes en tant que soubassements.

 

Exemple de l’ordinateur :

On peut comparer dans un premier temps l’esprit à un ordinateur. Dans un ordinateur, il y a un hardware (=cerveau) et un software (=esprit). L’informaticien agit au niveau du hardware et l’utilisateur a affaire au software.

 

Software Esprit                /          Utilisateur – sentiment personnel

(Windows)                                          (Langage et sens)

 

Hardware                         /                         Cerveau          

 

 

Langage binaire              /                        Biochimie

 

 

Cette analogie est appelée le modèle fonctionnaliste de la conscience.

 

 

Alan Turing (USA) définit un critère qui permet de déterminer quand on aura atteint l’intelligence artificiel (I.A.) :

 

Si un homme dialoguant par téléphone ou par radio, ne sait plus si il dialogue avec une machine ou un être humain et qu’il s’agisse d’une machine alors on aura atteint l’intelligence artificielle. Pour que le test soit concluant, il faut une personne humaine qui dialogue vraiment : qui soit dans un échange d’informations, d’émotions, etc.

Même si on avait affaire à l’impression d’un véritable dialogue, il n’est pas certain que nous ayons atteint une intelligence artificielle ou plus précisément une conscience artificielle.

 

Voici une vidéo sur le test de Turing et ses limites :

https://www.youtube.com/watch?v=k0vmuYQAkW4

 

+ Pour montrer les limites de cette thèse, John Searle va donner un contrexemple qui s’appelle « La chambre chinoise » :

 

La « chambre chinoise » est une objection au modèle fonctionnaliste de la conscience (version actuelle de l’animal machine de Descartes) par John Searle (USA, 20e siècle) : « La chambre chinoise ».

 


Imaginons quelqu’un enfermé dans une chambre, on lui apprend à manipuler des idéogrammes chinois sans en connaitre la signification. Il manipule les idéogrammes du point de vue de règles structurelles : s’il reçoit tel ou tel idéogramme, il doit donner tel ou tel idéogramme. Alors qu’il est enfermé dans sa chambre, un chinois lui transmet une série d’idéogrammes et il lui renvoie une série en suivant les règles de manipulation.


Voici une vidéo en anglais résumant cet argument :

https://www.youtube.com/watch?v=TryOC83PH1g

 

Ce que signifie « la chambre chinoise », c’est qu’il y a une différence entre manipuler des signifiants selon des règles et comprendre le signifié de ces signifiants.

Pour comprendre cette distinction signifiant/signifié, voici une vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=Wd1yaqDZ1fE

 

Ainsi on peut manipuler le signifiant de l’émotion sans avoir le signifié social de cette émotion : d’ailleurs, ceci est souvent le cas pour les enfants.

A propos de la distinction signifiant/signifié : les mots bœuf en français et beef en anglais sont des signifiants et l’animal lui-même, le bœuf/beef désigné par les mots, est le signifié.

Les animaux ont des formes de langage où la distinction signifiant/signifié

John Searle pointe avec cet exemple de « la chambre chinoise » qu’une machine pourrait très bien parler de tristesse sans être capable de l’éprouver et sans empathie (= pas de conscience).

John Searle va opposer des datas (=données informatiques) et des qualias (= « données » de la sensibilité = des faits qualitatifs).

Si on modélise la conscience avec une machine, plus particulièrement électronique, il manquera toujours l’intériorité de l’esprit. La pensée n’est pas seulement un calcul, ce n’est pas seulement un enchainement langagier. La pensée présuppose une intériorité, une affectivité. Penser, c’est être dans une auto-affection de soi par soi.

Autre argument : selon Thomas Nagel (USA, 20e s.), on peut parfaitement expliquer biochimiquement l’effet du chocolat, mais on passera à côté du vécu intérieur relatif au fait de manger du chocolat.

 

Mais dès lors avec Nagel, on peut envisager des intériorités animales diverses derrière des organismes biologiques divers.

On peut se demander ce que ça fait d’être une chauve-souris :

 

 

+ Réponse de Dennett à l’objection de Searle sur la chambre chinoise : l’hétéro-phénoménologie :

Daniel Dennett répond à l’objection de la chambre chinoise. 

 

Il est un éliminativiste. Cette vidéo présente cette approche :

https://www.youtube.com/watch?v=K4lbOEKT5js

 

Habituellement, la phénoménologie s’exerce en première personne par exemple, dans cette approche tous les phénomènes apparaissent à l’intérieur de l’esprit. Le champ visuel du point de vue de la phénoménologie en première personne n’est pas extérieur à nous.

Par exemple, la table apparait dans ma conscience.

Mais pour Dennett, l’apparition même de la table est au fond une interprétation de données extérieures (sense data) par mon cerveau. Ce que nous croyons percevoir consciemment en première personne est le fruit d’une interprétation inconsciente à la première personne, mais connaissable du point de vue de la 3e personne, c’est-à-dire du point de vue scientifique. Autrement dit, un observateur extérieur à mon cerveau voit que mon cerveau interprète les données visuelles reçues par l’œil avant que j’ai conscience de la table en première personne. L’hétéro-phénoménologie va insister sur l’idée que la conscience en première personne est toujours précédée par une interprétation cérébrale des données matérielles. Pour Dennett, la conscience pure, l’intériorité pure est une illusion liée à une complexité de multiples interprétations cérébrales qui, à un niveau supérieure de complexité, deviennent des auto-interprétations. Le cerveau traite l’information issue des longueurs d’onde visuelle, il les transforme en information électrique dans les terminaisons cérébrales présentes au fond des yeux. Mais pour rendre compte de ces données, il y a un premier travail inconscient d’interprétation. Elles sont regroupées en paquets en ce qui nous semble des couleurs et des formes juxtaposées. Ces informations sous cette forme sont alors traitées par ce système d’auto-interprétation de soi qu’est la conscience.



Notre réflexion a beau voir qu’il s’agit ici d’une illusion : les barres rouges sont parallèles. Cependant, notre interprétation inconsciente continue de la produire visuellement. Il y a bien la fonction réflexive qui analyse le produit erroné de la fonction visuelle.

 

En phénoménologie, il y a l’affirmation d’un point de vue radical en première personne. Tout se voit à l’intérieur de notre conscience, la conscience précède le fait de la matière, et la pensée « je ». Cette position est par exemple celle de Platon, Plotin, Douglas Harding.

 

Hétéro-phénoménologie : le point de vue à la troisième personne expliquerait le « je » voire le point de vue de la conscience en première personne. On se regarde soi-même comme de l’extérieur, mais l’esprit est dans la matière, il est le produit du cerveau. « Je suis » en première personne est une illusion, puisque tout est matière. Dans la matière, il y a juste une capacité à s’auto-analyser qui fait la conscience. L’énergie, la matière fait la conscience pour Dennett ou Marx.

 

En faveur de l’hétéro-phénoménologie, on peut remarquer que l’énonciation verbale en troisième personne précède l’énonciation d’une conscience en première personne. On cherche à comprendre le point de vue des autres avant de se constituer un point de vue personnel. Quand on étudie le développement de l’enfant, avant de dire « je », l’enfant parle de lui à la troisième personne. Peut-être qu’un ami imaginaire est un reliquat du passage de la troisième personne à la première personne. Il laisse donc dernière lui son ami imaginaire. Se parler à soi-même montre qu’on se parle comme à une troisième personne.

 

+ Le zombie entre fonctionnalisme et théorie des qualias.

La science pourrait éviter le délire du sens en expliquant le comment. La conscience dans laquelle s’effectue le sens pourrait être expliquée elle-même. Les lois de la matière serraient la seule clef du sens.

L’hétéro-phénoménologie de Daniel Dennett, pour expliquer la conscience essaie de prouver que la conscience en première personne est toujours un effet de la réalité corporelle en 3e personne.

Dennett, par l’hétéro-phénoménologie, veut suggérer que l’évolution de la conscience se ramène à celle de la matière qui s’auto-interprète.

Seulement on pourrait être une machine biologique auto-interprétante sans qualia, sans vécu comme un zombie. Le zombie extérieurement a tout de l’être humain hormis qu’il n’est pas pourvu de vécus intérieurs.

 

François Loth résume l’argument :

« Les zombies, répliques fonctionnelles des êtres humains, auraient malgré tout des cerveaux comme les nôtres. Ils parleraient politique, se rendraient à des expositions de peinture, se plaindraient de maux de tête, etc. Ils seraient seulement « entièrement dans le noir à l’intérieur » (Chalmers 1996, p. 96). Cependant, dans la mesure où ils se comporteraient exactement comme nous, rien ne les empêcherait de discuter des qualités spécifiques de la conscience – voire de laisser un commentaire sur un blog parlant de la conscience.

En imaginant une créature qui satisfasse la conception fonctionnaliste de la douleur, nous n’imaginons pas une créature qui serait anesthésiée. Pour le fonctionnaliste ou l’adversaire du fonctionnaliste, une créature anesthésiée n’éprouve pas de douleur. Il s’agit plutôt d’imaginer une créature qui se comporte exactement comme nous le faisons lorsque nous éprouvons une douleur. La créature se plaint, tente de fuir lorsqu’elle est soumise à la douleur, et paraît souffrir comme nous le faisons. Les connexions causales, donc le comportement de la douleur, sont présentes. Ce qui échappe au zombie, c’est le côté interne de la douleur, son aspect qualitatif. »

 

Voici une vidéo de Michel Bitbol sur le zombie en philosophie et en neurobiologie :

https://www.youtube.com/watch?v=FlcibsJoF-Q&t=175s

 

On peut aboutir à une position panpsychiste, telle celle de David Chalmers :

https://www.youtube.com/watch?v=uhRhtFFhNzQ

 

Alors la conscience et son intériorité serait commune à tous les êtres. Nous ne pouvons ignorer que des systèmes de repérage de la douleur ou des systèmes biologiques apparentés à la peur, au désir et au plaisir sont forcément liés à des êtres qui en ont conscience.

 

+ Conclusion éthique :

 

En tant qu’êtres vivants, nous sommes des machines avec une intériorité. Nous devons étendre l'éthique aussi bien aux animaux qu'à nous-autres, machines cérébrales et corporelles, qu’elles aient ou non une intériorité illusoire !!!!

 

Les liens entre les animaux et l’homme posent aussi des questions.

Voici ce que nous dit la science au sujet de degrés de manifestation de conscience dans le vivant :



 

D - TC : L'intériorité comme vécu est premier.

 

On ne peut pas simplement évacuer le vécu de l’angoisse, de la peur, de la souffrance psychique et de la douleur ?

L’ordinateur Hall de 2001 l’Odyssée de l'espace est de la SF, mais l'expérience de pensée nous invite à la question : a-t-il de l'angoisse devant sa probable disparition ? La thèse matérialiste suppose que nous devrions respecter des machines en fonction de leur degré d’intériorité.

Voici un extrait de ce film de Stanley Kubrick qui pose la question de la limite entre l’arrêt d’une machine et le meurtre d’une conscience, même si cette machine a été meurtrière :

https://www.youtube.com/watch?v=JGDw9EBc2pw

Remarques pour développer sa culture cinéphile :

https://www.youtube.com/watch?v=BWIih0fzt4M

Un zombie ne souffre pas, nous dira-t-on !

Mais où est la frontière entre du vivant zombie (un steak in vitro) et du vivant capable de perception ? Si nous-mêmes sommes des zombies qui s’illusione une intériorité et qui estiment devoir valoriser des valeurs morales, ne devrions-nous pas respecter les zombies animaux

Ainsi sans répondre complétement au débat matière-esprit. Nos connaissances amènent à trois hypothèses :

- soit ce sont seulement les échanges matériels qui causent l’intériorité (la thèse fonctionnaliste et matérialiste),

- soit toute la matière est conscience et que son organisation la manifeste de plus en plus individuée (panpsychisme)

- soit on suppose qu’il y a des dimensions de l’intériorité qui demeurent en dehors de la matière et dont le biologique est un récepteur (spiritualisme comme celui de Platon).

Dans les trois cas, le substrat matériel de la conscience et de l’intériorité nous dit quelque chose de l’intériorité et de la conscience des animaux.

C’est là l’erreur scientifique de l’analyse de Descartes.

En outre, dans le cas des animaux, hormis leur plan d’organisation, il y a aussi leur comportement étudié par l’éthologie :

https://www.youtube.com/watch?v=6eh1UChRKZA

Frans de Waal est un des éthologues les plus connus :

https://www.youtube.com/watch?time_continue=4&v=GcJxRqTs5nk&feature=emb_logo

 

II – Le modèle moral déontologique nous invite à ne pas traiter les êtres vivants et les animaux seulement comme des moyens contrairement à la plupart des machines, mais il garde des limites.

 

La déontologie kantienne semble incapable de trancher certains cas. Il faut y introduire un calcul de moindre mal.

La déontologie est une morale fondée sur l’examen de la qualité de nos intentions et sur le respect de ces intentions estimées morale dans l’action.

Voici une présentation rapide la morale déontologique de Kant :

https://www.youtube.com/watch?v=H8Ad6FkGxns






A – Déontologie de la responsabilité et respect de la biodiversité comme respect de l'humanité.

 

Le rôle et la fragilité de la biodiversité :

https://www.youtube.com/watch?v=sFCSvD9oCME&t=117s

 

Une « éthique à table » respectueuse de la biodiversité doit se penser. Si nous dévastons la biodiversité s’amenuise, notre propre avenir sera compromis.

La consommation des Poissons sont à limiter ! Baleines, requins, thons rouges, etc. surconsommés disparaîtraient et ceci perturberait durablement l’écosystème océanique.

Des tueries de mammifères qui pourraient disparaître sont au regard de notre propre avenir à proscrire.

Le philosophe Hans Jonas a reformulé la morale déontologique en fonction de ces enjeux écologiques :

https://www.youtube.com/watch?v=5wQ1pfm6GPI&t=216s



Nous devons être des omnivores avec un régime pauvre en viande, car, sinon, nous ne respectons pas la chaîne du vivant et étant 10 milliards bientôt notre avenir humain sera en jeu.

Une limite de ce raisonnement :

Cependant certaines disparitions d’espèces semblent moins dangereuses pour nous que d’autres. La disparition du dodo n’est pas « écosystèmiquement » dramatique ! La disparition de certaines espèces domestiques ne l’est pas non plus ! Nous pourrions cesser d’exploiter des espèces domestiques et les laisser disparaître, puisqu’incapables de s’adapter à la vie naturelle : ceci ne mettrait pas en danger notre avenir !

Quoi qu’il en soit, une telle éthique de la responsabilité nous impose la frugalité. C’est une position qui fait du flexitarisme un devoir moral non contestable dès maintenant :

https://www.youtube.com/watch?v=lMh62y2P0OY


Cette chaîne alimentaire montre en quoi manger de la viande coûte plus cher écologiquement en biodiversité que manger des produits végétaux.  La biomasse utilisée est de plus en plus grande. Cependant, elle explique aussi que nous ne saurions nous passer de carnivores de premiers rangs et deuxième rang pour éviter des surpopulations d’herbivores.

Cette première approche du respect de l’animal est liée à un respect de la biodiversité, mais ceci ne remet pas du tout en cause l’idée que l’homme a une dignité supérieure comme seul agent moral potentiel dans la nature. Le respect au sens fort pour la morale déontologique est dû à la loi morale et donc à l’homme par sa dignité du fait de pouvoir être éventuellement conscient de cette loi morale en lui.

Mais cette approche qui relativise le respect des animaux voire le rejette au nom de la dignité humaine seule existante est peut-être à nuancer, sachant nos découvertes de la partie précédente.

 

 

B – Déontologie comme respect de l'individuation de la liberté.

 

La personne de l'autre ou la mienne ne sont pas seulement un moyen mais aussi une fin. D'où un marqueur comme la politesse.

Par exemple, d’où viennent les différences de respect entre fœtus de moins de 3 mois et bébé ? L'avortement pose la question de l'individuation de la mère et de l'enfant d'abord au sein de la grossesse, puis au sein de sa vie familiale.

Pour comprendre ce cas précis d’enjeu d’individuation, voici une expérience de pensée :

https://www.youtube.com/watch?v=N8Np2TeCZLg

Dans le cas de cette histoire, des gens ont privilégié l’individu qu’est le violoniste virtuose au dépend de l’autre personne qui peut la maintenir en vie.

Il y a ici un parallèle fort avec le dilemme moral de l’avortement.

Réexaminons ce dilemme de la personne qui se réveille son corps servant d'organisme de secours à une autre personne sans son consentement préalable. N'est-ce pas injuste ? La voici confrontée au dilemme de voir sa vie largement inféodée à cette situation pour ne pas tuer cette personne ou de défendre malgré tout sa liberté et sa dignité contre ceux qui l'ont mise dans cette situation quitte à compromettre la vie de cette personne.

 

Certains religieux estiment que se défaire d'un fœtus est un meurtre, mais ils ont en même temps une conception de la sexualité très restrictive pour les femmes. Celles-ci n’ont pas le droit à une liberté sexuelle (et cette absence de liberté peut aller jusqu’à interdire la contraception) tandis que les hommes hypocritement dans les mondes religieux ont toujours eu accès à la prostitution. Dans un tel univers machiste les femmes n'ont pas le droit à une liberté sexuelle. Le droit à l’avortement qui prolonge le droit à la contraception semble une pièce importante de la liberté de la femme. Cependant, bien entendu, cette liberté n’empêche pas de connaître le dilemme moral d’une grossesse qui empêchera le bien-être ou le choix de préserver cette vie née par accident.

Mais quel lien avec notre sujet sur l’animal ?

En fait le fœtus a une conscience peu développée comme celle du moindre animal. Si le fœtus est une forme de vie avec des perceptions, n'est-ce pas aussi immoral de lui faire du mal autant qu‘à un animal ? Celui qui s’oppose à toute souffrance des vivants ne devrait-il pas s’opposer au droit à l’avortement. Une certaine écologie intégrale chrétienne tient ce type de raisonnement.

L'utilisation de cobayes doit être réglementée en ce sens du respect de l'individuation. Dans quelle mesure telle expérience risque de n'être qu'une pure exploitation ?

Les expériences sur une mouche ne sont pas identiques à celles pratiquées sur un chien. On a rarement des mouches ou des moustiques domestiques faute de relation avec eux.

Dans tous les cas les animaux ne doivent pas souffrir ou être traités comme des choses inanimées.

D'où le Welfarisme… Voici une vidéo sur ce mouvement :

https://www.youtube.com/watch?v=XETM9kEgSZ4

Elle montre astucieusement que la position végane peut être néfaste à l’augmentation du bien-être animal faute d’une stratégie fondée sur le moindre mal.

 

C - TC : Limites :

 

Entre enfant autiste et chimpanzé doué, dans le cas d'un dilemme, où nous pouvons en sauver un mais pas l’autre, qui privilégier ? Considérons ce dilemme dans le cas d’un choix entre un humain adulte mourant et un jeune chimpanzé en pleine forme ?

Il faut affiner le critère du moindre mal en vue de mieux hiérarchiser les impératifs moraux.

 

III – Le modèle utilitariste antispéciste, malgré ses limites, nous invite à ne pas traiter les animaux comme des machines insensibles.

 

A- Les dilemmes moraux animaux/humains nécessitent une approche utilitariste.

 

Voici une présentation de la morale utilitariste :

https://www.youtube.com/watch?v=zrDmiFu85r0&t=349s

 

Voici des dilemmes qui questionnent cette morale :

+ les dilemme du tramway fou :

https://www.youtube.com/watch?v=Ydr-WWpcT70




Creusons :

https://www.youtube.com/watch?v=AZBDMN5wZ-8

Le critère est la diminution de la souffrance globale et/ou l'augmentation du bien-être global.

Manger un animal, s'en vêtir, s'en chausser : c’est une souffrance évitable !

Il ne s’agit pas de défendre un droit au végétarisme ou un devoir de Welfarisme.

Boire du lait, manger des œufs impliquent de la souffrance animale, ce serait alors une action immorale.

S'il faut abolir toute souffrance animale du point de vue moral, alors la position du véganisme est seule morale vis-à-vis des animaux.

Ecoutons Peter Singer, utilitariste antispéciste connu pour son livre La libération animale :

https://www.youtube.com/watch?v=bYDAjC15OTk

Tom Regan, philosophe défend le droit des animaux du point de vue utilitariste, mais se réfère aussi à des arguments vus avec les kantiens :

https://www.youtube.com/watch?time_continue=10&v=1phNCMLZIiE&feature=emb_logo

 

Objections au véganisme intégriste :

Moi, ma femme et mes enfants, nous échouons naufragés sur une île. Sur cette île, seuls sont mangeables des animaux. En mangerons-nous ?

Réponse :

Le critère utilitariste donne une réponse locale selon ce qu'on appelle le critère du moindre mal. Mais selon le critère utilitariste de la moindre souffrance, la réponse végane doit être l'horizon moral global !

On doit en sciences viser à se passer de cobayes pouvant subir des dommages. C'est là encore un idéal global.

 

B – Dilemmes

 

Imaginons plusieurs dilemmes du tramway renouvelés :

Sur une voie, une dizaine d’animaux et, sur une autre voie, un seul homme. Qui sauve-t-on ?

Peut-on jeter le gros bonhomme du pont pour sauver 4 personnes ? Non ! Ceci paraît évident. Cependant s’il s’agissait d’un cheval sur le pont. Pourrait-on jeter un animal comme un cheval pour arrêter le tram fou et sauver 4 personnes ?

La réponse déontologique revient.

L214 une association a produit des vidéos qui dénoncent le caractère insupportable de la souffrance animale dans des abattoirs. Mais ce souci de la souffrance animale peut-il effacer le sens de la souffrance au travail des ouvriers qui y gagnent leur vie ? Car on sait qu’ils sont maltraités et peu considérés.

La nécessité de réguler les troupeaux d'animaux sauvages ou domestiques libérés demeure.

L'omnivore ne peut pas effacer sa part de prédateur carnivore.

L'âme d'un homme n'a-t-elle pas plus de valeur qu'une vie animale ?

Expérience de pensée 1 :

Mon père âgé a passé sa vie à être un éleveur, il m'offre à manger une poule Welfare bio maison. Dois-je refuser au nom de mes convictions véganes ? Parmi mes convictions, partager avec lui l'investigation intérieure ne vaut-il pas mieux ? Surtout qu'il devra faire face à la mort bientôt. N'est-ce pas mieux de l’aider à se relier à la transcendance qu’il va devoir embrasser au lieu de remettre en question son monde qu’il va quitter ?

Expérience de pensée 2 :

Un psy détecte un motif inconscient déterminé et non libre dans un soudain renoncement à la viande d’un patient. Sera-t-on sûr de sa guérison sinon en observant ce patient mangeant de la viande sans émotion ?

 

C – le respect de l’altérité de l’autre individu qu’est chaque animal dans sa singularité - Corine Pelluchon

 

Voici une intervention de Corine Pelluchon :

https://www.youtube.com/watch?v=XMN3W3DcslE

Corine Pelluchon a un idéal de respect total de l’animal à l’image des antispéciste, mais elle estime qu’il doit prendre le chemin du Welfarisme pour s’imposer.

« En publiant ce manifeste, la philosophe Corine Pelluchon s’inscrit dans ce mouvement de politisation de la question animale. Elle commence ainsi par rappeler que la façon dont nous traitons les animaux va à l’encontre de l’idée de justice sur laquelle notre société est bâtie. Elle rattache ensuite les revendications des défenseurs des animaux aux grands mouvements historiques d’émancipation, notamment celui de l’abolition de l’esclavage. Puis, elle fait des propositions concrètes qui pourraient, espère-t-elle, faire consensus. L’idée forte de sa stratégie est qu’il faut offrir des compensations financières à ceux qui sont susceptibles d’être lésés par l’arrêt de l’exploitation des animaux.

En dehors de quelques mesures tranchées, comme l’abolition de la corrida, Pelluchon est une adepte des mesures progressives. Par exemple, elle estime qu’il faut encourager le passage de l’élevage intensif à l’élevage extensif avant d’en appeler à son abolition. Le problème est que certains défenseurs des animaux pensent qu’il est plus sensé de demander une abolition immédiate car, selon eux, on ne combat pas l’injustice par des demi-mesures. Il n’est donc pas sûr que la philosophe fasse consensus dans son propre camp, pour ne rien dire du camp adverse. Mais son manifeste a le mérite de lancer ce débat dans l’arène publique… »,

Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 290, mars 2017.

 

Conclusion

La machine n'est pas dotée d’intériorité. L'animal en est doté : il souffre. Il doit donc être une fin morale. Cependant, en termes d'individuation, il y a des hiérarchies et donc un sens plus ou moins fort de la dignité à respecter.

La perfection morale est un horizon dont l'avenir s'inscrit dans un contexte.

C'est une intelligence du cœur suprarationnelle qui doit œuvrer.