CORRIGE – SUIS-JE ESCLAVE DE MON INCONSCIENT ?
Introduction
[Accroche :]
Le psychotique semble esclave de son inconscient. Son comportement
s’explique non pas par des décisions conscientes, mais par des forces
irrationnelles qui l’emportent sur tout sens social, tout sens du réel, etc.
[Présentation du sujet :]
Mais nous autres, qui supposons une transparence de notre conscience
suffisante pour être pourvu d’assez de bon sens, sommes-nous sûrs de ne pas
être esclave de notre inconscient ?
[Analyse problématique :]
A première vue, outre cette impression de transparence de notre
conscience à nous-mêmes, nous sommes pourvus d’un sens critique qui nous fait
remettre en cause nos désirs spontanés, qui nous permet de ne pas nous laisser
emporter par certaines émotions.
Néanmoins, ce qui nous retient d’en rester à cette réponse est
le fait que la conscience de nos désirs ne nous assure pas d’en connaître
clairement les causes. Pourquoi certains désirs sont-ils masqués dans nos
rêves ? Pourquoi certains désirs sociaux semblent malgré nous nous
porter ? Par ailleurs,
certaines craintes nous hantent alors qu’elles sont infondées. Nous sommes
victimes d’actes manqués, de lapsus qui parfois ont des conséquences néfastes
sur nos vies. Enfin
la nuit, nos rêves et nos cauchemars suggèrent qu’une vie psychique en
arrière-plan est bien plus importante qu’il nous parait. Ne nous
réveillons-nous pas parfois marqués émotionnellement par une situation onirique.
[Annonce du plan :]
Table des matières
A –
Avec Nietzsche, il faut réaliser qu’avant d’être un moi, nous sommes un Soi.
II
– « Le moi n’est pas maître dans sa propre maison », Freud
B –
Les problématiques de libération liées au surmoi
C –
Les techniques de connaissance de Soi psychanalytique et psychologique.
I – Ce sont les rejets du Soi par le moi qui nous
rendent esclaves de notre Soi devenu ainsi inconscient.
A – Avec Nietzsche, il faut réaliser qu’avant
d’être un moi, nous sommes un Soi.
Des psychanalystes comme Freud ont
contesté à tort la possibilité de rêves lucides. Ce présupposé leur permet
d’affirmer que nos rêves sont le produit de forces inconscientes. Le Soi qui
fabrique le rêve est alors la partie inconsciente de nous-même bien plus vaste
que notre moi, puisqu’elle prend racine à même le jeu des forces matérielles
physiologiques qui nous composent.
Or il y a là un préjugé. Nos rêves
lucides et la possibilité de cultiver la lucidité dans le rêve ont été établis
ces dernières années. Isabelle Arnulf a montré que le récit des rêveurs lucides
coïncidait avec leurs mouvements oculaires ou l’activité cérébrale durant leur
sommeil paradoxal.
Nietzsche, lecteur assidu de
Schopenhauer, avait bien vu ce Soi du rêve lucide bien plus vaste que notre
ego, fruit de notre socialisation. C’est en allant boire aux forces vitales du
Soi que l’individuation de notre ego peut s’émanciper de l’individualisation
sociale et culturelle qui en limite la portée. Le psychologue Carl Gustav Jung
part de ce principe pour constituer à l’encontre du freudisme la base de ce qui
nourrit le mouvement psychologique transpersonnel américain.
B – Notre Soi conscient est la source des marges de
manœuvres de notre ego mais notre ego se sépare de lui et se centre sur
lui-seul.
Cette transcendance de l’ego qu’est
le Soi met en jeu la vacuité de conscience qu’il est. Jean-Paul Sartre met en
avant cette dimension de vacuité de la conscience, de néant dans le processus
de choix libre. C’est ce vide, néant de la conscience qui nous permet à chaque
instant de ne pas coïncider avec nous-même. Cette non coïncidence n’est pas
d’ailleurs liée au temps, une pensée venant après une pensée nous permettant de
ne plus nous lier à la pensée précédente. A vrai-dire, c’est à l’instant où une
pensée émerge que la transcendance de la conscience liée à sa vacuité peut être
vue comme nous arrachant à l’identification pure et simple à la pensée
surgissant.
Il y a là un pouvoir de défusion
cognitive. A l’instant, la proposition « je ne suis pas cette
pensée » est vue clairement comme une proposition qui décrit bien ma
présence consciente comme étant fondamentalement non identifié à ce qui s’y
présente.
La thérapie Act (d’acceptation et d’engagement), développée d’abord
par Steven C. Hayes, propose ainsi des techniques de défusion cognitive.
Prenons un énoncé négatif, répétons-le en ajoutant « je pense que »,
au bout d’un moment il apparaît vide de sens. La présence consciente où
s’effectue la technique de défusion apparaît non identifiée à cette pensée d’abord
ressentie comme une vérité indubitable.
C’est par mauvaise foi, par une
habitude inauthentique, semble-t-il, que nous semblons nous identifier purement
et simplement à telle pensée. La non-identification inhérente à la vacuité de
notre conscience, à sa dimension de néant où s’ouvre son temps et son espace
conscient est ainsi rejetée dans l’oubli. Le Soi authentique de la présence
consciente est ainsi occulté en faveur d’une auto-interprétation égocentrique
de la conscience. Ainsi, selon nous, l’ego s’empare du pouvoir du Soi, sa
source de liberté pour la nier dans des identifications, dans le durcissement
de son identité. La mauvaise foi dont parle Sartre peut donc être réinterprétée
comme l’occultation du Soi par égocentrisme, comme l’occultation de sa lucidité
première y compris dans le rêve.
Notre interprétation du rapport
entre le moi et le Soi entraperçu dans le rêve lucide suggère que l’inconscient
est aussi le produit de la mauvaise foi de notre ego vis-à-vis de la liberté de
son Soi autant que de l’individualisation sociale qui est partie prenante de
son identité.
C – TC - Le Soi est-il surconscient ou faut-il
admettre une dimension subconsciente dont nous sommes esclave ?
Il est vrai que la constitution de l’ego est aussi l’intériorisation du
jugement d’autrui, le narcissisme de l’ego a lieu dans le miroir qu’est le
regard d’autrui. Plus lourd de conséquence est le trauma, cet événement
résultant de la négligence d’autrui, de son égoïsme, etc. Cette
individualisation de notre ego construite par des idéaux sociaux et des traumas
relationnels relatifs les uns aux autres reste un ensemble de faits qui ne
relève pas de notre mauvaise foi.
La sidération face à une situation traumatisante pourrait être une
absorption temporaire de l’ego dans le Soi. Ainsi absorbé dans le Soi, la
situation est comme déréalisée. Le réel devient, pour un moment, comme un
cauchemar lucide. Cependant il n’en reste pas moins que l’ego a été traumatisé
réellement. Quand cette absorption du moi cesse, le moi se retrouve dans son
corps avec une mémoire traumatique active. La liberté du Soi est liée à sa
vacuité, à son néant disions-nous. Le danger alors est que l’ego traumatisé ait
la nostalgie de ce néant du Soi. La philosophie de Schopenhauer n’est-elle pas
un nihilisme en ce sens ? Ne nous invite-t-elle pas à abandonner la vie
traumatisante qui ôte toute liberté à l’ego que seule libérera son absorption
dans le Soi et le retour au néant originaire qui précède toute vie ?
II – « Le moi n’est pas maître dans sa propre
maison », Freud
A – La thérapie psychanalytique : « Wo Es war,
soll Ich werden », Là où le ça était, le moi doit advenir, nous dit Freud.
La liberté n’est pas en jeu que du
côté de la vacuité et du néant, sinon c’est bien le nihilisme spirituel d’un
Schopenhauer qui devrait prévaloir. Si l’ego et la personnalité sont seulement
des illusions causes de nos malheurs, nous devrions effectivement nous fondre
exclusivement dans la vacuité de notre présence consciente en attendant la
résorption de notre personne dans le néant en lequel s’ouvre cette présence.
Pour ne pas déconsidérer la vie
personnelle et matérielle, nous devons considérer l’émergence de nos pulsions à
l’origine de nos désirs puis de nos volontés personnelles.
Si le Soi a une dimension
« surconsciente » de vacuité et de néant, on ne peut pas penser la
vie sans envisager la dimension subconsciente d’un pôle pulsionnel que les
psychanalystes ont baptisé le ça.
Ce n’est pas parce que je suis
conscient de ce que je désire et que je peux même me détacher de mon objet de
désir que je suis libre de mon désir et de ma vie pulsionnelle. Ainsi pensait
déjà Spinoza. Ce n’est pas parce que mon désir peut même avoir pour objet son
néant que je suis un Soi libre ! Car au fond, même conscient de l’objet de
mon désir, je reste ignorant de la cause du désir qui demeure occulte. La
volonté même de se réabsorber dans le néant reste une volonté de néant et n’est
pas un néant de la volonté et donc du désir, comme Nietzsche le montre.
C’est bien du côté du ça qu’il nous
faut nous aventurer pour conquérir une liberté incarnée au lieu de nous
désincarner dans une tentation spirituelle nihiliste obscure.
Freud a montré que le ça était
aussi bien pulsion de vie que pulsion de mort. Il a suggéré que la dimension
sexuelle de la vie animale et humaine comporte cette double nature de vie et de
mort. Naître sexuellement, c’est forcément mourir, c’est être appelé à la mort
pour que d’autres vies nées sexuellement prennent notre place d’individu. Mais
notre humanité qui a vu le retrait des instincts qui régulent chez les animaux
leur pulsion au seul profit de l’espèce est dès lors confrontée à des
perversions de la pulsion de vie et de la pulsion de mort.
Le nihilisme dénoncé par Nietzsche
dans la tentation spirituelle de Schopenhauer de fuir la vie et le désir est
peut-être une perversion maladive de la pulsion de mort ? La dépression,
ce qu’autrefois on nommait la mélancolie ou la neurasthénie, est certainement à
la base du nihilisme spirituel de Schopenhauer. A vrai dire, l’effort thérapeutique
de la psychologie face à la démultiplication des dépressions et des
auto-agressions des personnes envers elles-mêmes est significatif.
B – Les problématiques de libération liées au
surmoi
Sur le chemin de la reconquête d’un ça perverti par notre socialisation
et nos choix rendus moteurs de mécanismes inconscients, il nous faut mettre
devant nous le regard intériorisé d’autrui. Avec la psychanalyse, il semble
bien que ce regard intériorisé de l’idéal et des interdits sociaux et éducatifs
forme un surmoi. Le surmoi est une instance inconsciente et préconsciente qui
s’est constituée en soubassement à l’ego. Le surmoi génère ainsi diverses
émotions qui affectent notre ego sans qu’il puisse en décider autrement :
ainsi le dégoût est-il le fruit de l’intériorisation du sale et du propre,
ainsi la honte est-elle l’intériorisation de notre indignité relative à
l’absence de maîtrise sociale du corps (habillement, propreté corporelle,
etc.), ainsi la culpabilité et le remords sont des émotions issues de
l’intériorisation du jugement moral de nos éducateurs.
C – Les techniques de connaissance de Soi
psychanalytique et psychologique.
Voici pêle-mêle, quelques
techniques psychanalytiques :
L’interprétation des rêves ;
l’observation du sens des lapsus et autres actes manqués ; l’hypnose et
l’association d’idées.
La confrontation au transfert
thérapeutique.
Ce sont divers moyens d’appui pour développer une connaissance de Soi du
côté subconscient.
On aura aussi des techniques du
côté des thérapies cognitives comportementales.
Par exemple :
-
Tal Ben-Shahar reprend le calcul épicurien des
plaisirs et désirs, il en démontre expérimentalement l’intérêt pour ne
être victime de désirs vains irréalistes ;
-
Albert Ellis, qui a développé les thérapies
comportementales-cognitives, montre l’intérêt et l’efficacité de la pratique du
changement de nos représentations tels que les stoïciens l’ont proposée, car à
la base de nos errances, il y a de faux jugements suscitant des mécanismes
inconscients vicieux, l’émotion négative nourrissant d’autres émotions qui la
renforcent ;
III – Au sein des ténèbres du Soi, il y a des
lumières surconscientes qui seules peuvent nous aider à conquérir le monde
nocturne subconscient.
A – TC - Pouvons-nous aller à la conquête des
obscurités notre ça subconscient
héritées du vital animal à la seule lumière de nos lampes de poche
limitées à des représentations mentales ? La connaissance intuitive par
identité issue du SOI est nécessaire.
La connaissance de notre trauma et
notre familiarisation avec lui ne suffisent pas à nous en libérer. Souvent
l’enkystement de la force active négative du trauma s’enracine plus facilement
grâce à un surmoi qui nous empêche aussi de qualifier des traumas éducatifs
mineurs.
Spinoza distinguait 3 genres de
connaissance.
La connaissance du premier genre
est une connaissance par opinion et imagination. Le danger des thérapies est
souvent de créer des faux-souvenirs. Il y a le danger de préserver son
égocentrisme dans son imagination et ses opinions, dans son amour propre en
désignant des faux-coupables extérieurs à soi. Les mécanismes déterministes
sont alors renforcés et ignorés.
La connaissance du second genre par
généralités est plus sensible aux faits, elle est la recherche de la vérité,
d’une juste estime de soi, c’est un progrès. De fait certains névrotiques et
beaucoup de psychotiques ne parviennent pas à s’établir dans ce deuxième genre
de connaissance. Mais la raison ne suffit pas pour l’homme rationnel ne soit
plus emporter par des affections passives, par des émotions passionnelles. Un
langage discursif est inadéquat face aux nœuds émotionnels. D’ailleurs savoir
rationnellement que fumer tue suffit-il pour arrêter de fumer ? Il faut
commencer à ressentir concrètement la passivité du phénomène d’addiction pour
s’en détacher.
C’est la connaissance par un
troisième genre de connaissance qui pourra peut-être faire l’opération
alchimique de guérison espérée. C’est l’alliage du ressenti le plus fin avec la
raison qui permet de connaitre dans l’instant l’émotion. Il s’agit de voir dans
l’instant la causalité proposée par l’émotion dans une connaissance par
identité mais non identifiée pour ne plus en être victime.
On passe ici d’une connaissance
médiate par représentation discursive à une connaissance par identité
transformant la détermination externe en autodétermination interne.
La connaissance discursive de nos
émotions ne permet pas de les connaître pour elles-mêmes et les transformer.
Quand nous voulons les maîtriser par la pensée, nous n’avons affaire qu’à des
pensées, nous oscillons le plus souvent alternativement entre des
justifications de l’émotion et des refus de leur violence, des craintes d’être
emporté comportementalement par leur force.
Par le ressenti intuitif, nous
pouvons avoir une vision de l’énergie de l’affection. Derrière une peur, il y a
une énergie qui vue et intuitionnée clairement et distinctement devient une
énergie active et non subie. Le pic d’adrénaline de la peur est alors réinvesti
dans une action plus lucide, plus efficace, etc. Lorsqu’on monte dans un manège
comme le grand huit, la peur peut nous envahir, mais nos cris de peur dans le
contexte sécurisé du manège bientôt peuvent se transformer en énergie active,
la seule trace de passion est alors la joie.
La connaissance intuitive de
l’émotion, l’affection passive est une réabsorption de son énergie vitale subie
en énergie pour l’action. La passion positive de la connaissance est une action
qui transforme la passion négative et subie en une extension de la puissance
d’action.
Aujourd’hui les thérapies
comportementales cognitives de troisième génération sont utiles :
-
Jon Kabat-Zinn a ainsi repris des techniques
méditatives bouddhistes qu’il extrait de tout contexte religieux et de toute
relation disciple-gourou ; l’expérimentation scientifique a montré
l’efficacité thérapeutique de cette « Mindfullness-Based Stress
Reduction » fondée sur la réalisation intuitive de la vacuité de notre
intériorité distincte de notre subjectivité que Schopenhauer avait aussi
expérimentée avec laquelle l’intuition des affections passives (des émotions)
est facilitée.
B – L’intuition n’est pas seulement connaissance
par identité libératrice, elle est aussi créatrice d’un élargissement de la
conscience.
Devant un spectacle ce n’est pas
tant une purgation des émotions, des affections passives, dont il s’agit que
d’une subtile alchimie des passions en énergie active. La catharsis est d’abord
une sublimation des énergies vitales. L’art en produisant des affects et en
maîtrisant leur déroulement, comme un manège sécurisé, produit une alchimie de
nos énergies vitales.
L’intuition lorsqu’elle est
créatrice transforme la souffrance émotionnelle en aspiration à la création, le
feu de l’aspiration créatrice croit en consumant les souffrances qui lui sont
offertes. Il y faut une foi et une confiance. L’obstacle s’avère toujours le
matériau de la future marche qu’on pourra gravir. Le sage stoïcien nous invite
à voir dans toute difficulté existentielle une opportunité de progrès spirituel
en sagesse. La foi et la confiance dont il s’agit est alors une confiance en
une dimension providentielle favorable à notre recherche de sagesse.
Le créateur artistique sait par la
connaissance de ses prédécesseurs que les imperfections et les faiblesses de sa
technique et de son style peuvent être transformées en forces originales,
qu’elles doivent être le ferment d’un style qui se déploiera dans son œuvre
comme la marque de sa création.
L’intuition créatrice est
précisément ce moment où une dimension surconsciente se révèle au niveau du
Soi. Parfois l’intuition créatrice paraît sans que le moi ego soit présent.
D’où la fausseté ressentie de se voir attribué personnellement le mérite d’un
génie qui ne se manifeste qu’impersonnellement ou plus finement
transpersonnellement.
C’est cette lumière de l’intuition
créatrice qui peut éclairer davantage les ténèbres lumineuses de ce que nous
sommes. Changer de vision de Soi n’est pas simplement mieux se connaître ici, ce
n’est pas un simple changement comme quand on déplace des meubles et qu’on y
retrouve des objets cachés. Une autre vision de Soi est aussi une autre façon
d’être Soi, elle est aussi une évolution consciente de la conscience, dont
l’éclairage éclaire davantage simultanément surconscient et subconscient. Ce
sont des lumières plus hautes, plus subtiles qui nous donnent accès à des
espaces plus obscures, plus sombres.
C – Par exemple, dans le rêve lucide, ces
opérations intuitives pointent une individuation du Soi qui se joue dans la vie
de l’ego : je ne suis pas l’esclave de mon inconscient, je suis un lieu
d’aventure de la Conscience.
Le rêve lucide n’est pas qu’un lieu
où les désirs de l’ego peuvent être enfin satisfaits sans conséquences morales,
sociales, etc.
Le rêve lucide permet l’exploration
des pulsions et des pulsions sans que cela prenne le risque d’affecter nos
actes défavorablement. Par exemple, le rêve lucide est un laboratoire pour
apprendre à tirer de sa peur l’énergie pour agir.
Le rêve lucide est aussi bien
entendu un lieu où ce qui fait obstacle à notre création reçoit souvent des
réponses pertinentes.
Descartes pratiquait ce que nous
appelons des rêves lucides d’après son biographe Adrien Baillet. Il y a eu de
nombreuses solutions à des problèmes mathématiques, il y a la manifestation de
son intuition du cogito et de la conscience infinie comme solution à sa démarche
sceptique. La liberté du moi s’enracine dans le Soi du rêve lucide. Les divers masques
de notre personnalité sont alors les masques sociaux et psychologiques d’un
principe d’individuation qui peut réenvisager l’usage de ces masques et même
leur facture. Une dimension de l’inconscient semble se dévoiler qui concerne
l’essence de la personne avec une participation individuelle consciente à
l’autocréation de ce qui est.
CONCLUSION
L’aventure de la conscience ne semble possible que parce que dans
l’ouverture de notre présence consciente, il y a de l’inéclairé. Platon déjà
pointait que la découverte de la source du Beau était aveuglante et qu’il
fallait s’y acclimater comme notre vue le doit lorsqu’on sort d’un espace
ombragé pour se tenir dans un espace très ensoleillé. Mais cette lumière
surconsciente elle-même dont le sage a l’intuition pose problème inversement
quand on revient dans la caverne ombragée. Platon reste assez pessimiste quant à
une conquête du domaine subconscient matériel. En cela notre psychologie a
progressé et donne à l’aventure de la conscience plus de dimensions. Nous
sommes esclaves de l’inconscient que, pour autant, nous temporisons quant à
l’aventure de la conscience. Nous sommes esclaves de notre inconscient quand
nous sommes satisfaits de l’ouverture de conscience dont on dispose.
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