dimanche 28 juillet 2024

CORRIGES DES EXERCICES DE METHODOLOGIE DE LA DISSERTATION

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III. CORRIGES DES EXERCICES


CORRIGE DE L’EXERCICE 1


1-La solution est dans l’ordre de l’argument le plus faible au plus fort :

[1]- Ce qui est rare se paie cher, or l’amour est rare, donc l’amour se paie cher. [4]- D’après le philosophe Kant, nous sommes libres. [5]- « La Beauté sauvera le monde », car l’émerveillement ouvre l’esprit. [2]- Si chacun cherche son intérêt, il enrichira les autres pour s’enrichir encore plus. [3]- Socrate est un homme or les hommes sont mortels donc Socrate l’est.

2- Explications

• A propos de [1]- Ce qui est rare se paie cher, or l’amour est rare, donc l’amour se paie cher. L’argument le plus faible est le [1] qui dit « Ce qui est rare se paie cher, or l’amour est rare, donc l’amour se paie cher. ». Du même genre et plus célèbre il y a : « Ce qui est rare est cher, or un cheval bon marché est rare donc un cheval bon marché est cher. ». En fait cela ressemble à un raisonnement logique mais cela part d’un préjugé très discutable que « Ce qui est rare est cher ou se paie cher ». Il y a des choses rares qui n’ont pas de prix tel que savoir apprécier la beauté lorsqu’elle se présente. Ce type de raisonnement est un SOPHISME. Un sophisme est un procédé rhétorique pour persuader quelqu’un de n’importe quoi. Notre sophisme est plus efficace que celui du cheval bon marché cher car il joue sur le sens du mot payer qui désigne le fait de donner de l’argent et aussi le fait de faire des efforts pour atteindre un but. Le terme sophisme vient des sophistes grecs contemporains de Socrate qui contre paiement voulait apprendre à persuader n’importe qui de n’importe quoi. Leurs techniques ont été reprises par les politiciens, les avocats mais surtout par les publicitaires. AUCUN SOPHISME N’EST PERMIS DANS UNE DISSERTATION.

• A propos de [4]- D’après le philosophe Kant, nous sommes libres. Ceci est typiquement un ARGUMENT D’AUTORITE. C’est-à-dire que nous avons là la conclusion de cet auteur mais aussi l’idée qu’il suffit de citer le nom d’un philosophe, d’un écrit sacré pour que ce soit vrai. Il faut être en mesure de restituer le raisonnement de l’auteur si on veut éviter toute soumission irréfléchie à une autorité. Certes l’argument d’autorité n’a pas l’ambition de tromper l’autre comme l’argument qu’est le sophisme mais historiquement l’argument d’autorité a toujours été au service de l’ignorance et du refus d’évoluer. AUCUN ARGUMENT D’AUTORITE N’EST PERMIS DANS UNE DISSERTATION.

• A propos de [5]- « La Beauté sauvera le monde », car l’émerveillement ouvre l’esprit. « La Beauté sauvera le monde » est une citation de l’écrivain russe Dostoïevski. L’affirmation de Dostoïevski est suivi d’une interprétation mais le tout demeure suggestif. C’est un raisonnement par allusion et non une démonstration. Ce type d’argument est permis dans une dissertation mais il convient de bien l’analyser. Cet argument peut en effet être contesté en disant que certains nazis qui ont participé au génocide des juifs étaient de parfait amateur d’art. Pour que notre argument soit solide il faudrait prendre soin de répondre à ce contre-exemple en montrant avec un philosophe comme Levinas (Français, XXe s.) que la Beauté est aussi celle qui se dégage de la nudité et de la fragilité de n’importe quel visage humain et qui nous convoque à notre responsabilité vis-à-vis de lui.

• A propos du [2]- Si chacun cherche son intérêt, il enrichira les autres pour s’enrichir encore plus. Cet argument est la base même du libéralisme politique et économique. Imaginons que quelqu’un s’empare de toutes les richesses de la terre, à quoi lui serviront ces richesses si elles ne signifient plus rien pour le restant de l’humanité. Ceux-ci auront alors d’autres modes d’échange ou se sentant esclave renverseront le tyran. La richesse ne garde son intérêt que s’il y a quelque chose à échanger. S’enrichir durablement dans l’échange consiste donc à ne pas appauvrir l’autre lorsqu’on échange quelque chose avec lui. Les adversaires du libéralisme essaieront de dire que la solidarité, la gratuité des échanges sont plus nobles. Le libéral répondra en demandant : l’amour du prochain ne serait-il pas un intérêt élargi au-delà de soi-même à tous les êtres humains plutôt qu’une absence d’intérêt ? Dans l’idéal, une société libérale peut donc évoluer vers une société de solidarité et de gratuité créatrice. Cependant ce raisonnement contient un défaut, il présuppose que les hommes évoluent dans l’intelligence de leurs réels intérêts. Cet argument est logique du point de vue de l’intelligence et de la logique mais il présuppose que nous soyons ou devenions logiques et intelligents jusque dans nos comportements. Ce n’est donc pas l’argument le plus fort de notre liste.

• A propos du [4]- Socrate est un homme or les hommes sont mortels donc Socrate l’est. Ce raisonnement imparable est un SYLLOGISME. Les prémisses « Socrate est un homme » et « les hommes sont mortels » ne sont pas des préjugés contrairement aux prémisses d’un faux syllogisme comme le sophisme de l’énoncé [1]. C’est le philosophe Aristote (grec, IIIe s. av. JC) qui lui a donné son nom. Ce raisonnement aurait pu rester le même si on avait écrit plus simplement : « Les hommes sont mortels donc Socrate l’est ». Mais pour plus de justesse il conviendrait de remarquer que le corps est mortel car Socrate lui-même n’excluait pas, selon ce que nous rapporte son disciple Platon une, forme d’immortalité de l’aspect individuel de la conscience et il était certain que la conscience a une dimension universelle immortelle.

• Conclusion :  

Ceci suggère qu’il n’existe pas d’argument absolu et définitif mais des arguments plus ou moins forts.


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CORRIGE DE L’EXERCICE 2

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1- correction de la question a)

Voici des ensembles non exhaustifs d’arguments à propos de « Doit-on respecter la nature ? »

• Dans l’ensemble des arguments en faveur du « OUI » 
a) Si nous ne respectons pas la nature dans notre développement technologique, il y aura des déséquilibres climatiques, bactériels, viraux, chimiques, etc. qui feront de nombreux morts et menaceront l’avenir de l’espèce humaine. 
b) Il faut respecter notre mémoire en respectant les espèces qui témoignent du parcours évolutif dont nous sommes issus. Il y a un sens du sacré et surtout de la beauté qui s’éveille face à la nature. Kant (Allemand, XVIIIe s.) parlait d’une analogie entre le sentiment de la beauté du ciel étoilé et le sentiment de l’obligation morale. Il faut respecter le mystère de la nature qui est notre mystère. 
c) Il est dommageable de gaspiller la biodiversité qui pourrait être utile à nos recherches médicales, à la connaissance du vivant. Il faut respecter la nature car ses processus même lorsqu’ils se retournent contre le vivant ne menacent jamais sa survie en général. Un accident technologique comme la diffusion involontaire d’un virus fatal ou une guerre thermonucléaire aujourd’hui pourrait menacer d’extinction la race humaine même si la vie en réchapperait. Nous devons apprendre de la nature à évoluer sans risquer l’extinction de notre espèce. d) Il faut retourner vivre au sein de la nature. Nous sommes par notre culture des animaux malades et dénaturés alors que le bonheur consiste à vivre simplement comme un animal qui ne se soucie pas de la mort mais de l’instant présent, de ses simples désirs naturels et nécessaires qui sont mange, boire, dormir, etc. et bien sûr du désir naturel mais non nécessaire de se reproduire. Ceci est le point de vue des Cyniques de l’antiquité grecque, des philosophes qui adoptaient un mode de vie animal comme celui du chien. Le premier fût Diogène le Cynique au IVe s. av. JC.

• Dans l’ensemble des arguments en faveur du « NON » 
e) Les maladies, la mort et de nombreuses catastrophes sont naturelles pourtant qui peut affirmer qu’elles sont respectables ? On ne doit pas respecter unilatéralement la nature. 
f) La vocation de l’homme est devenir comme Descartes (français, XVIIe s.) le disait « comme maîtres et possesseur de la nature ». Nous devons donc apprendre à substituer à la biosphère naturelle ce que le philosophe Bruno Latour (français, contemporain) a appelé une technosphère. Autrement dit tous les processus naturels doivent être soumis à des processus techniques inventés par l’homme. Ceci est notre garanti de survie à travers l’univers : nous pourrions si la technosphère se substitue à la biosphère envisager de coloniser d’autres planètes. g) Le Respect moral implique la notion de conscience personnelle or la nature ne semble pas doter d’une conscience personnelle. Si elle était dotée d’une telle conscience elle ne serait guère morale vue les catastrophes naturelles que nous devons subir. Il est vrai qu’un chien nous inspire plus le respect qu’une limace mais n’est-ce pas parce que nous voyons comme plus de conscience dans un chien qu’une limace ?

• Dans l’ensemble d’arguments inclassables en faveur du « OUI » et du « NON » 
h) Il se peut que nous soyons l’émergence de la conscience dans la nature. Autrement dit la nature prend conscience d’elle à travers nous. Respecter la nature consiste donc à nous respecter nous même en tant que conscience évolutive de la nature dont nous sommes les agents individuels. Finalement n’est-ce pas là le sens du sentiment de sacré et de beauté dans la nature ? 
i) Respecter la nature revient donc réaliser à chaque instant la fausseté des interprétations de nous-même qui nous définissent comme individu étroitement lié à ses désirs personnels et ses peurs, comme membre de tel clan, tel pays, telle religion plutôt que telle autre. Respecter la nature extérieure ne pourra s’accomplir qu’à travers le respect de notre véritable nature intérieure. 
j) La technique est à reconsidérer comme une émergence évolutive au sein de la nature. Que serait une évolution consciente de la technologie comme évolution consciente de la nature à travers l’homme ? Ce ne serait certainement pas une main mise mécanique.

2- correction de la question b)

Les lettres renvoient aux arguments. 
Dans l’ensemble des arguments en faveur du « OUI », (d) s’oppose à (c) et (b) et peut s’allier à (a). Une écologie du retour à la nature (d) s’oppose à une écologie mettant au centre le développement de l’homme. 
Dans l’ensemble des arguments en faveur du « NON », (e) peut s’allier à (f) mais n’est pas du même ordre que (g) à cause de sa confiance technologique un peu aveugle. On distingue un projet technologique faisant de la nature qu’un objet à exploiter (f) d’une relation vivante à la nature (g). 
Dans l’ensemble des arguments inclassables, il y a unité de la vision formée par (h), (i), (j).

c) Correction de la question c)

On constate bien dans chacun des ensembles en faveur du « OUI » et du « NON » des positions inconciliables ou différentes. A partir de là on peut construire un plan qui échappe au « OUI », « NON », « peut-être » ou « ça dépend ». Voici un plan possible parmi d’autres :
  • Première partie : Vue les menaces écologiques, respecter la nature ne serait-ce pas retourner à la vie animale ? C’est une possibilité avec (a) et (d) mais pour la majorité d’entre nous nous préférons (e), (g).
  • Deuxième partie : Respecter la nature n’est-ce pas respecter ses seules lois physiques en vue du seul respect de la conscience humaine par le progrès technologique ? oui avec (f) mais c’est à nuancer avec (c) et même à interroger avec (b).
  • Troisième partie : Respecter la nature n’est-ce pas réaliser que l’homme est la conscience de la nature ? (h), (i), (j) dessine un nouveau contexte pour le problème.

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CORRIGE DE L’EXERCICE 3

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1- corrigé de a)

• Le préjugé du sujet [1]- La vie donne t-elle au plus fort le droit d’exploiter les plus faibles ? Ce sujet peut choquer nos bons sentiments et il peut être difficile de mettre en cause son préjugé. Car malgré nos bons sentiments nous acceptons bizarrement le préjugé qu’il y ait des forts et des faibles. Il est évident que personne n’est fort sur tous les plans, chacun s’avère faible sur certains plans. Celui qui nous considérions comme un faible parce qu’il semble handicapé, souvent pointe en nous des dimensions de la vie qui nous échappent. Bien sûr, notre relative force physique ou intellectuelle nous fait sentir supérieur mais si nous prêtons attention, qu’en est-il de notre transparence émotionnelle ? Qu’en est-il de nos qualités sensitives dans des domaines tel que le toucher, l’odorat, etc. Peut-on être le champion du monde du 100m et en même temps celui du marathon ? Non, car le corps du marathonien est construit pour l’endurance, il n’est pas bâti avec une lourde musculature dans le seul but de l’accélération. Un être humain ne peut pas donc être fort en tout. De même intellectuellement, nous ne pouvons pas accumuler toutes les connaissances humaines. Aucun être humain ne saurait par exemple construire la fusée Ariane tout seul ! Méfions-nous donc en usant de notre force à ne pas nier le visage de notre faiblesse !

• Le préjugé du sujet [2]- Le progrès doit-il nous faire perdre le souvenir du passé ? Le préjugé ici est l’idée qu’il y a un progrès. Le progrès moral et spirituel de l’humanité est loin d’être une évidence. Et on peut même se demander si la technique est un progrès [voir cours sur ce point]. Pour ne pas s’égarer dans un hors sujet en se demandant seulement s’il y a du progrès ou non, on peut remarquer que c’est bien le souvenir du passé qui permet de juger de la qualité de nos progrès. Mais aussi on peut voir que ce qui est insignifiant de ce point de vue peut s’oublier. Enfin tout progrès réel nous arrache à notre identification à notre histoire. [sur ce dernier point voir notre traitement du sujet « La liberté a-t-elle une histoire ? » ]

• Le préjugé du sujet [3]- L’économie en produisant la richesse génère-elle le bonheur ? Le préjugé ici est l’idée que l’économie produise réellement de la richesse et non davantage de pauvreté matérielle et spirituelle. Le cas de l’Afrique est symptomatique : notre économie occidentale l’a, semble-t-il, davantage précipité dans le chaos qu’elle ne l’a vraiment aidée. Ou encore l’exploitation aveugle des ressources terrestres risquent de produire des bouleversements écologiques qui mettront en péril la richesse acquise jusque là. Ce préjugé permet de nous demander s’il y a une sorte de richesse produite par nos échanges économiques qui crée un bonheur authentique. [sur cette idée d’un vrai bonheur voir le cours]

• Le préjugé du sujet [4]- Faut-il accepter son destin ? Le préjugé ici est l’idée de destin. L’idée de destin entendu comme idée que nous serions prédéterminé à l’avance pour faire telle et telle chose est très discutable. Le sujet peut donc être traité sous l’angle du refus de l’idée même de destin. [pour approfondir ce point voir notre cours sur la liberté]


2- corrigé de b)

• Le préjugé du sujet « Peut-on connaître les lois de la nature ? » Le préjugé difficile à trouver tant on nous y a habitué est ici l’idée qu’il y ait des lois de la nature. Certes la nature répète des comportements similaires dans des circonstances données. Mais tout comme un fumeur a l’habitude de fumer en telles circonstances plutôt que telle autre jusqu’à ce qu’il arrête, ce qu’on appelle les lois de la nature ne serait-elle pas des habitudes qu’a prise la nature. La loi est associé à l’idée de nécessité. Mais la nécessité ne serait-elle pas elle-même comme une formation du hasard ou de la contingence (ce qui peut être autrement) ? Sheldrake (anglais, contemporain, biologiste et philosophe) prend l’image d’un fleuve et de son lit, le trou qu’il a creusé dans la terre et le roc. En un sens ce sont les hasards des flux du fleuve qui ont creusé son lit mais ce lit dicte maintenant une nécessité au fleuve. Ainsi on a un modèle parfait d’une loi nécessaire qui n’est qu’une habitude prise par hasard ou de façon contingente. Certains physiciens envisagent sérieusement comme John Gribbin (USA, contemporain) par exemple qu’à chaque instant des univers parallèles se mettent à exister avec d’autres tournures et au final d’autres lois. Ces idées pour l’instant hypothétiques sont connues de la plupart d’entre nous car elles ont inspiré de nombreuses séries TV ou film de science fiction.

• Proposition de transition d’une première partie où le préjugé est montré vers un traitement plus subtil du sujet L’idée de nécessité impérieuse de la nature sous la formes de lois qui seraient toujours vraies au cours du temps peut être remises en questions. Cependant s’il n’y a que des habitudes de la nature, nous devons reconnaître que nous avons parfois des difficultés à les repérer. Et d’autre part, si ce ne sont que des habitudes, pourrions nous connaître la dynamique première qui les a formées ? Pourrions-nous maîtriser cette dynamique ou impulsion première afin de devenir nous-même les créateurs de la nature ? Ici le lien entre connaissance et nature devient plus étroit, notre connaissance n’est-elle pas elle-même une habitude de la nature, une forme dynamique prise par la dynamique ou impulsion première ? La focalisation de notre connaissance sur les lois de la nature qui ne seraient en fait que des habitudes ne devrait-elle pas être mise en question pour s’intéresser directement à la dynamique créatrice des lois de la nature ? Y a-t-il dans notre faculté de connaître quelque chose qui soit créateur ? [ceci croise les idées de la troisième partie de « Doit-on respecter la nature ? »]


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CORRIGE DE L’EXERCICE 4

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1)- corrigé du a)

• Contradiction problématique du sujet [1]- Une guerre peut-elle être juste ? La contradiction problématique saute au yeux : l’idée de justice implique un ordre moral social paisible or la guerre utilise la violence, le meurtre et crée un désordre conflictuel.

• Contradiction problématique du sujet [2]- Y a-t-il des vérités inconscientes ? Il y a une contradiction problématique entre l’idée de vérité et l’idée d’inconscient car la vérité d’un énoncé suppose qu’on puisse apprécier sa vérité consciemment. La vérité semble n’exister que pour une conscience et peut-être même qu’en tant que conscience. Toutefois la psychanalyse et la psychologie nous parlent d’une vérité inconsciente dans la mesure où nos phobies, nos angoisses, nos névroses, nos rêves ou plus quotidiennement nos lapsus expriment une vérité émotionnelle et affective de nous-même qui est inconsciente. L’enjeu sera de savoir si ces vérités inconscientes sont au final un effet de la conscience ou s’il y a un inconscient qui entre en contact avec notre conscience et y crée des vérités ?

• Contradiction problématique du sujet [3]- Un objet peut-il être à la fois beau et utile ? Il y a une contradiction problématique entre l’idée de beauté qui évoque la gratuité, le désintéressement et l’idée d’utilité qui par excellence évoque l’intérêt.


2)- corrigé du b)

Nous proposons deux solutions paradoxales au sujet : « Peut-on rejeter la philosophie ? » La première façon d’envisager le rejet de la philosophie consiste à refuser d’en parler. Répondre positivement au sujet par un discours reviendrait à philosopher. Une réponse positive implique de ne pas répondre de façon réfléchie. Après avoir entendu la question ceci suppose donc un bon usage de la mauvaise foi, c’est-à-dire un bon usage d’une liberté d’oublier d’avoir pris librement telle décision. La mauvaise foi est par excellence une attitude paradoxale répandue et auquel aucun d’entre nous n’est étranger : un refus de philosopher n’est qu’un refus de libérer sa pensée qui n’est pas plus grave qu’un refus de faire face à nos tyrannies envers les autres, en invoquant notre propre état de victime. Une autre attitude est possible pour sortir de ce cercle vicieux. « La vraie philosophie se moque de la philosophie » dit Pascal (français, XVIIe s.) dans Les Pensées. De fait une vraie pratique philosophique à la suite de Socrate ne serait jamais définie par un système clos d’idées. Une authentique pratique philosophique serait plutôt une dynamique paradoxale s’approfondissant constamment par la construction de nouvelles définitions rejetant la confusion et la fausseté de ses précédentes tentatives de définition. Plus qu’une construction intellectuelle se perfectionnant sans cesse, la philosophie serait peut-être un état d’esprit, une évolution consciente de la conscience s’approfondissant dans sa conscience d’elle-même et du monde.


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CORRIGE DE L’EXERCICE 5

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1- corrigé du sujet [1]- Peut-on fonder le droit sur la nature ?

• Analyse problématique du sujet [1]- Peut-on fonder le droit sur la nature ?

Le « peut-on » nous demande si c’est une possibilité de fonder le droit sur la nature, il ne semble pas forcément y avoir d’obligation à ce sujet. Il conviendra de remarquer qu’on peut fonder le droit tout à fait en dehors de considération sur la nature : le droit est alors un contrat entre des libertés individuelles pour ne pas empiéter les unes sur les autres (comme l’envisage au XVIIe s. le philosophe anglais Locke). Ne faut-il pas alors considérer le droit à partir de notre nature humaine qui serait celle paradoxalement d’être libre en s’arrachant à la nature ? Mais ce mot nature suggère aussi au moins deux façons de l’entendre dans son sens large. La première est de voir la nature comme un monde soumis à des lois matérielles. Nos lois politiques pour ne pas conduire au désordre ne devraient-elles pas découvrir quelles sont les lois matérielles qui dirigent les comportements humains ? Une autre approche insistera plutôt sur les dynamiques matérielles, sa capacité de faire émerger de nouvelles lois donnant aux êtres plus de possibilité. Notre droit est alors de participer à cette dynamique de lois émergentes. Et donc même si on ne fonde pas le droit sur la nature telle qu’elle est, comment tenir compte de sa dynamique d’émergence et lui donner son droit qui sous-tend le nôtre ?

• Proposition de plan pour le sujet [1]- Peut-on fonder le droit sur la nature ? 

Première Partie : Si les lois des conduites humaines sont des lois matérielles, ne doit-on pas fonder le droit en vue d’un ordre social harmonieux à partir de ces lois ? (Une version de cette approche se trouve chez Auguste Comte, philosophe français du XIXe inventeur de la sociologie) 

Deuxième Partie : L’homme n’est-il par excellence l’être s’arrachant à sa nature et donc socialement libre des lois naturelles condamnés à en instaurer par lui-même ? (On pourra défendre l’approche d’un contrat social entre libertés individuelles). 


Troisième Partie : Mais aujourd’hui où se découvre un devoir urgent envers la nature ne faut-il pas un nouveau droit naturel ? (Il y a urgence de fonder une écologie politique)



2)- corrigé du sujet [2]- La liberté a-t-elle une histoire ?

• Analyse problématique du sujet [2]- La liberté a-t-elle une histoire ? L’énoncé de ce sujet peut susciter un étonnement : l’histoire des historiens ou notre propre histoire ne sont-ils pas avant tout le récit de notre marche jamais acquise vers une liberté affective, individuelle, politique, économique, etc. On ne voit pas comment envisager un instant que la liberté n’ait pas d’histoire. L’analyse des divers sens des termes est ici nécessaire pour élargir notre réflexion. La liberté n’est pas seulement la liberté qui se matérialise. Il faut distinguer la liberté intérieure (métaphysique, c’est-à-dire en dehors du contexte matériel) des libertés extérieures morales et politiques. Si on veut penser une liberté qui n’a pas d’histoire on réfléchira du côté de la liberté intérieure. Le mot histoire a plusieurs sens : il désigne les récits qu’ils soient de fiction ou historiques, et il désigne ce qui a eu effectivement lieu et que le récit historique, scientifique tente de reconstituer objectivement. On peut alors poser une série de questions :
  • La liberté intérieure propre à l’homme n’est-elle pas liée à sa capacité de faire des fictions ? La liberté n’est-elle pas avant tout alors notre capacité d’imaginer des histoires que nous pouvons ensuite essayer de matérialiser ?
  • Mais alors comment penser l’incarnation matérielle de cette capacité ? Dans un premier sens, comment comprendre que la fiction puisse devenir réalité ? Mais aussi dans un second sens comment une telle capacité a-t-elle pu émerger dans l’univers physique ?
  • Pour devenir réalité la fiction doit avoir un socle objectif, une fiction réaliste et pragmatique semble avoir plus de chance de s’incarner. Mais paradoxalement c’est un esprit détaché du réalisme et du pragmatisme réduits au seul impératif de l’efficacité qui produit les possibilités les plus libératrices. Sans une dimension utopique (hors du temps et de l’espace) notre liberté serait tout entière soumise aux processus matériels, elle ne serait qu’invention et non pas création. En ce sens l’impulsion créatrice propre à la liberté intérieure est détaché de toute forme d’identification à l’histoire qu’elles soient les récits auxquels on s’identifie ou même celle des faits objectifs. Mais si cette idée d’un puissance créatrice hors du temps et de l’espace n’est pas fausse comment libérer notre liberté intérieure de son esclavage et de sa soumission aux situations ?
  • Ceci recoupe et amplifie la question de savoir comment la liberté qui n’a pas d’histoire parce qu’elle en est libre peut surgir dans l’histoire ?
  • Finalement les progrès de la liberté dans l’histoire du point de vue moral et politique ne sont-ils pas liés à la croissance de plus en plus harmonieuse et intense dans le monde matériel de notre liberté créatrice ?
  • Dernier point, il faut s’interroger sur le préjugé de notre approche qui réduit la liberté créatrice au pouvoir et à l’inspiration de la fiction ? Quel pourrait être une puissance créatrice matérielle au-delà de la fiction ? Ne faudrait-il pas aller au-delà de l’intuition, de l’inspiration poétique ? Là où la chimie de nos esprits croise la conscience…
• Proposition de plan pour le sujet [2]- La liberté a-t-elle une histoire ? Première Partie : La liberté de la conscience humaine n’est-elle lié à sa capacité de raconter des histoires ? ( Le philosophe français Ricoeur approche ainsi notre identité humaine) Deuxième Partie : Se raconter des histoires n’est-ce pas par excellence l’illusion d’être libre puisqu’il y a la nécessité matérielle autrement dit les lois incontournables de la matière ? (On traitera à l’occasion le préjugé du sujet qui suppose qu’on est libre) Troisième Partie : Une liberté créatrice peut-elle se découvrir en nous au-delà de notre capacité fictive ? La conscience est-elle le fruit hasardeux de l’histoire matérielle ou bien la conscience est-elle l’impulsion créatrice impersonnelle en nous qui anime le monde matériel y compris en notre cerveau ? (Ces questions sont abordées au début du XXe s. par Bergson)

A ce sujet, nous renvoyons à notre corrigé détaillé "La liberté a-t-elle une histoire ?"


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CORRIGE DE L’EXERCICE 6

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USAGE SIMULTANE DES TECHNIQUES DE PROBLEMATISATION

a) - Les différentes techniques de problématisation utilisées séparément.

• Contradiction problématique du sujet :

Vouloir échapper au malheur, c’est rester dans le territoire du malheur, là où nos plaisirs subsistent dans la peur de les perdre, c’est perpétuer l’attente vaine d’un bonheur non soumis au temps. Pourtant si un tel bonheur non soumis au temps existe, on doit pouvoir échapper au malheur. Il y a ici une énigme paradoxale à résoudre qui s’éclaire si on passe à l’analyse problématique.

• Analyse problématique du sujet :

On peut exploiter les deux sens du mot « échapper » pour se demander si on peut « fuir » (sens 1) le malheur ou si on peut « s’en délivrer » (sens 2). Par exemple le divertissement nous permet de fuir l’ennui ou le souvenir de la souffrance mais n’est-il pas possible de nous en délivrer ?

• Oppositions problématiques au sein des réponses « oui/non » :

Il y a deux raisons différentes voire opposées de ne pas échapper au malheur. La première est qu’être moral revient souvent à sacrifier son bonheur. La seconde consiste à penser que l’univers entier est une erreur malheureuse. Cette seconde raison rend la première obsolète, toute espérance morale est pour elle une illusion. De même il y a au moins deux façons opposées d’échapper au malheur. La première consiste à découvrir dans l’acceptation non résignée du malheur un espace de bonheur indépendant des circonstances extérieures. La deuxième consiste à mettre en valeur notre joie de créer et d’améliorer le réel.

• Préjugé problématique du sujet :

Le malheur existe-t-il vraiment ? Où est la malheur si je n’ai plus aucune interprétation de ce qui m’arrive centrée sur moi-même, si je vois tout comme un problème impersonnel auquel il faut apporter une réponse… Le malheur ne serait-il pas l’illusion qu’il y a du malheur. Et si nous vivions dans un jeu inventé par nos esprits ? Le malheur ne viendrait-il pas de mal prendre le jeu ?


b) – Proposition de plan à partir de ces esquisses de problématisation.

• Première partie : Peut-on se divertir du malheur ?
  • Si l’univers et notre vie sont une erreur malheureuse, il y a le désir de « profiter de la vie », de se divertir le plus possible de l’absurdité de la vie.
  • Être moral nous appelle à sacrifier nos divertissements. La morale nous fait renoncer au prétexte de l’absurdité de la vie pour justifier l’injustifiable. La morale rend secondaire nos émotions personnelles de bonheur et de malheur.
• Deuxième partie : La morale nous délivre-t-elle du malheur ?
  • Si gagnant en perfection morale j’interprète de moins en moins ce qui se passe selon mes intérêts égocentriques, mon sentiment d’apitoiement sur un malheur personnel s’efface.
  • Mais au premier plan, un sentiment de malheur demeure sous la forme d’une blessure du cœur devant les résistances au progrès moral.
  • Cette blessure du cœur n’est pas égocentrique, si loin de décourager l’action morale, elle l’encourage alors une forte espérance morale lui fait donc toujours écho.
  • Cette espérance morale nous apprend en spectateur patient du monde à accepter avec bonheur toute imperfection que ce soit la nôtre, celle des autres ou de l’univers comme le terreau même de la perfection.
• Troisième partie : La joie créatrice délivre du malheur.
  • Ces déchirements entre l’intention morale insatisfaite et la confiance propre à l’espérance morale ne sont-ils pas le reflet d’un élan créateur ? La blessure du cœur ne serait-elle pas une aspiration inconsciente à l’œuvre de cet élan créateur qu’a en vue l’espérance morale ? Abolissant tout sentiment de malheur, il pourrait y avoir que la joie de cet élan créateur.
  • Du point de vue d’une pure joie créatrice, le malheur ne serait-il pas une illusion liée au jeu créateur ? Si l’ignorance de ses règles et de sa dynamique créatrice l’emportait, le jeu de la vie ne semblerait-il pas absurde ? Ne serait-il pas mal pris lorsqu’on juge la vie absurde et par définition malheureuse ?

c) - Rédaction de l’introduction problématique.

[Motivation ou exemple introduisant le sujet] Dans La Nausée de Sartre, face à un arbre, Roquentin a la révélation de l’absurdité de l’existence. Il éprouve un profond dégoût devant tant d’impersonnalité des formes. 

[citation littérale du sujet] Si la vie est absurde, "Peut-on échapper au malheur ?"

[exposé de la problématique] En effet dans ce cas le malheur ne serait-il pas lié au fait même d’exister ? Le malheur serait notre condition temporelle même. Et toute tentative de s’en échapper ne serait qu’un divertissement toujours hanté par la peur de réaliser son absurdité. Mais au-delà de cette "Nausée" existentielle ne sommes-nous pas des êtres agissants et donc capable de relativiser par nos choix la question du malheur et du bonheur ? En effet un acte juste se moque des conséquences malheureuses ou heureuses pour son auteur, il est tout en entier dédié à son action morale. Toutefois si l’existence n’est pas seulement absurde mais mauvaise, nos actes justes relativisant la considération de notre bonheur ou malheur personnel ne sont-ils pas vains ? Un acte moral ne présuppose-t-il pas un principe d’espérance morale et donc l’idée d’un bonheur propre à la perfection morale de l’humanité ? 
[annonce du plan] Dans une première partie, nous nous demanderons ce que vaut l’idée de se divertir d’un malheur d’exister. Dans une deuxième partie, nous essaierons de savoir dans quelle mesure l’approche morale peut nous délivrer de la question d’un malheur existentiel. Enfin dans une troisième partie nous nous demanderons si le malheur d’exister n’est pas simplement une illusion.


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