vendredi 24 octobre 2014

Autrui est-il un obstacle à la connaissance de soi ?

I - Introduction


[Accroche :] « Vos pensées sont des citations, vos émotions sont des imitations, vos actions sont des caricatures. », disait Prajnanpad à ses disciples recherchant la connaissance de soi. On comprend que ce que nous sommes est alors un reflet d’autrui ou une réaction à autrui. Nous sommes alors déterminés par notre relation aux autres. Nous ne nous connaissons pas nous-mêmes.
[Citation du sujet :] Alors Autrui est-il un obstacle à la connaissance de soi ?
[Analyse problématique :]
La connaissance de soi n’est pas la conscience de soi. Mais sans conscience de soi aucune connaissance de soi ne serait possible. 
Autrui s’il participe à l’émergence de la conscience soi, loin d’être un obstacle à la connaissance serait la condition de possibilité de la connaissance de soi. Mais si dans le rapport de soi à soi, autrui est une médiation indépassable, ne faut-il pas abandonner tout espoir d’une transparence dans la connaissance de soi ?
Mais quand Prajnanpad dénonce l’ego comme un ego déterminé psychologiquement par ses relations sociales et surtout celles familiales ne fait-il pas figure d’un autre qui nous rend à la possibilité de prendre conscience de ce que nous sommes nous-mêmes sans le parasitage des médiations d’autrui ? Autrement dit l’autre a été un moteur ambigu du développement de soi dans la mesure où il empêche la transparence à soi mais l’autre peut être aussi celui qui nous permet de dépasser la figure ambiguë de l’autre dans le rapport de soi à soi. La psychanalyse propose de surmonter l’idéal du moi autant qu’il est possible pour entendre de nouveau nos propres désirs. Mais les désirs ne nous ramènent-ils pas de nouveau dans le giron social ? Ce soi véritable n’est-il pas connaissable ?
[annonce du plan à faire]

I - Autrui comme médiation ambiguë de la constitution de notre personnalité

A ) L’intersubjectivité comme médiation de soi à soi. Le langage comme figure de l’intersubjectivité.


B) Le stade du miroir et la médiation de l’autre au cœur d’un « je » 3e personne/1re personne.

On ne se reconnaît pas dans un miroir car on se voit en 1re personne : on ne voit pas sa tête au-dessus des épaules. Notre tête et notre visage ne sont vus que de l’extérieur.
Ce sont les autres qui nous aident à réaliser que là-bas dans le miroir, il y a notre visage. On peut ainsi se désigner comme ce visage du point de vue des autres. Mais cette identification est ambigüe : il s’agit d’une troisième personne (un "il") pour les autres qui est moi (un "je" en 1re personne).


C) Dès lors, chosification possible par la honte, la culpabilisation, etc. à laquelle répondent nos défenses de mauvaise foi chosifiantes comme la victimisation.


II - l’Altérité comme dénouement de soi.


A) Le surmoi et l’idéal du moi comme prolongation théorique du stade du miroir explique en nous une source de refoulements inconscients.


B) Le désir du désir de l’autre et les compensations du moi passé.


Le transfert psychanalytique est central comme nœud psychique en jeu dans une libération psychologique.

C) De l’abandon d’une lutte pour la reconnaissance compensatrice (puisque nos parents furent nos maîtres) à l’œuvre créatrice.


L’œuvre créatrice est une objectivisation de soi, elle permet la connaissance de soi par une médiation non parasitée. Créer impose en effet de ne pas céder à des limites intérieures à notre imagination. L’association d’idées, le rêve, etc. contournent les refoulements inconscients personnels et collectifs. La fiction est aussi une mise à distance de notre troisième personne. Ce qui était en "je" peut être revécu en "il", un peu comme un acteur qui s’identifie totalement à un personnage mais sans l’être réellement. C’est parfois rétrospectivement que l’œuvre nous dit qui nous sommes et qui nous pouvons devenir.
Transition : Faut-il aller plus loin en affirmant que l’éthique doit enterrer la connaissance de soi ? N’y a-t-il pas un égoïsme du créateur ? L’éthique nous oblige à voir l’autre non comme un obstacle mais comme une épreuve.

III - La liberté créatrice en première personne est accueil inconditionnel de l’autre.

A ) Le retour à notre 1re personne fondamentale dans laquelle se manifeste notre personnalité (toute notre durée passée se prolongeant toute au présent). 


Ici se distingue clairement notre conscience absolue en 1re personne et notre 3e personne (notre personnalité et sa conscience relative).

B) On pourrait aussi parler d’une connaissance de l’intériorité englobant notre subjectivité ainsi que celle de l’autre.


La 1re personne n’est pas sans désir personnel mais elle en est libre (par la liberté d’indifférence). L’autre est accueilli inconditionnellement d’autant que nous sommes libres de nos désirs personnels par rapport auxquels autrui semble un obstacle.
La 1re personne s’est déployée et incarnée comme subjectivité : il y a une historicité de l’esprit impliquée dans sa phénoménologie.

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