I - Introduction
[Accroche :] « Vos pensées sont des citations, vos émotions sont des
imitations, vos actions sont des caricatures. », disait Prajnanpad à ses
disciples recherchant la connaissance de soi. On comprend que ce que
nous sommes est alors un reflet d’autrui ou une réaction à autrui. Nous
sommes alors déterminés par notre relation aux autres. Nous ne nous
connaissons pas nous-mêmes.
[Citation du sujet :] Alors Autrui est-il un obstacle à la connaissance de soi ?
[Analyse problématique :]
La connaissance de soi n’est pas la conscience de soi. Mais sans
conscience de soi aucune connaissance de soi ne serait possible.
Autrui s’il participe à l’émergence de la conscience soi, loin d’être un
obstacle à la connaissance serait la condition de possibilité de la
connaissance de soi. Mais si dans le rapport de soi à soi, autrui est
une médiation indépassable, ne faut-il pas abandonner tout espoir d’une
transparence dans la connaissance de soi ?
Mais quand Prajnanpad dénonce l’ego comme un ego déterminé
psychologiquement par ses relations sociales et surtout celles
familiales ne fait-il pas figure d’un autre qui nous rend à la
possibilité de prendre conscience de ce que nous sommes nous-mêmes sans
le parasitage des médiations d’autrui ? Autrement dit l’autre a été un
moteur ambigu du développement de soi dans la mesure où il empêche la
transparence à soi mais l’autre peut être aussi celui qui nous permet de
dépasser la figure ambiguë de l’autre dans le rapport de soi à soi. La
psychanalyse propose de surmonter l’idéal du moi autant qu’il est
possible pour entendre de nouveau nos propres désirs. Mais les désirs ne
nous ramènent-ils pas de nouveau dans le giron social ? Ce soi
véritable n’est-il pas connaissable ?
[annonce du plan à faire]
I - Autrui comme médiation ambiguë de la constitution de notre personnalité
A ) L’intersubjectivité comme médiation de soi à soi. Le langage comme figure de l’intersubjectivité.
B) Le stade du miroir et la médiation de l’autre au cœur d’un « je » 3e personne/1re personne.
On ne se reconnaît pas dans un miroir car on se voit en 1re personne : on ne voit pas sa tête au-dessus des épaules. Notre tête et notre visage ne sont vus que de l’extérieur.
Ce sont les autres qui nous aident à réaliser que là-bas dans le miroir,
il y a notre visage. On peut ainsi se désigner comme ce visage du point
de vue des autres. Mais cette identification est ambigüe : il s’agit
d’une troisième personne (un "il") pour les autres qui est moi (un "je"
en 1re personne).
C) Dès lors, chosification possible par la honte, la culpabilisation, etc. à laquelle répondent nos défenses de mauvaise foi chosifiantes comme la victimisation.
II - l’Altérité comme dénouement de soi.
A) Le surmoi et l’idéal du moi comme prolongation théorique du stade du miroir explique en nous une source de refoulements inconscients.
B) Le désir du désir de l’autre et les compensations du moi passé.
Le transfert psychanalytique est central comme nœud psychique en jeu dans une libération psychologique.
C) De l’abandon d’une lutte pour la reconnaissance compensatrice (puisque nos parents furent nos maîtres) à l’œuvre créatrice.
L’œuvre créatrice est une objectivisation de soi, elle permet la
connaissance de soi par une médiation non parasitée. Créer impose en
effet de ne pas céder à des limites intérieures à notre imagination.
L’association d’idées, le rêve, etc. contournent les refoulements
inconscients personnels et collectifs. La fiction est aussi une mise à
distance de notre troisième personne. Ce qui était en "je" peut être
revécu en "il", un peu comme un acteur qui s’identifie totalement à un
personnage mais sans l’être réellement. C’est parfois rétrospectivement
que l’œuvre nous dit qui nous sommes et qui nous pouvons devenir.
Transition : Faut-il aller plus loin en affirmant que l’éthique doit
enterrer la connaissance de soi ? N’y a-t-il pas un égoïsme du
créateur ? L’éthique nous oblige à voir l’autre non comme un obstacle
mais comme une épreuve.
III - La liberté créatrice en première personne est accueil inconditionnel de l’autre.
A ) Le retour à notre 1re personne fondamentale dans laquelle se manifeste notre personnalité (toute notre durée passée se prolongeant toute au présent).
Ici se distingue clairement notre conscience absolue en 1re personne et notre 3e personne (notre personnalité et sa conscience relative).
B) On pourrait aussi parler d’une connaissance de l’intériorité englobant notre subjectivité ainsi que celle de l’autre.
La 1re personne n’est pas sans
désir personnel mais elle en est libre (par la liberté d’indifférence).
L’autre est accueilli inconditionnellement d’autant que nous sommes
libres de nos désirs personnels par rapport auxquels autrui semble un
obstacle.
La 1re personne s’est déployée et incarnée comme subjectivité : il y a une historicité de l’esprit impliquée dans sa phénoménologie.
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