Version abrégée de la leçon sur le bonheur : l'essentiel à retenir
On trouvera en cliquant ici une leçon plus détaillée portant sur cette notion.
I. LE DÉSIR, LA SOUFFRANCE ET LA PEUR.
Tout le monde cherche à être heureux. La plupart d’entre nous estimons que le bonheur se réduit au moment où un de nos désirs est satisfait. Mais comme le Bouddha l’a remarqué désirer quelque chose revient à avoir peur de ne pas être satisfait. Préférer quelque chose implique de refuser l’existence de ce qui s’y oppose. Le désir reste toujours le complice de la peur. Lorsque nous sommes sur le point de satisfaire un désir, nous pensons déjà au moment où il aura été satisfait, nous laissons déjà surgir un autre désir qui nous empêche d’apprécier la satisfaction du désir en cours. Rares sont ceux qui pour trouver le bonheur se demanderont si certains de nos désirs ne sont pas vains. Rares sont ceux qui seront de plus en plus insatisfaits de voir renaître en eux toujours et encore tels et tels cycles de désirs et de peurs, de préférences et de refus. Mais certains philosophes ont esquissé des points essentiels pour qui veut s’approcher du bonheur.
II. L’ATARAXIE.
L’ataraxie est une absence de trouble quelles que soient les circonstances.
Chez Épicure, l’ataraxie renvoie au simple plaisir d’exister qui se découvre quand on a renoncé aux désirs vains (amours sentimentalo-sexuels, gloire et richesse principalement), que nos désirs naturels nécessaires (boire, manger, dormir et réflexion philosophique) sont satisfaits et que nos désirs naturels non nécessaires (plaisirs gourmets, amitié) ne nous agitent plus.
Chez Antisthène un disciple de Socrate qui inspirera les cyniques et les stoïciens, l’ataraxie consiste à se contenter de soi-même. Contrairement à Épicure, il ne s’agit même pas de satisfaire nos désirs naturels mais d’accepter et de vouloir ce que les destin nous donne. Peu à peu, on apprendra à se suffire à soi-même.
III. L’HARMONIE.
L’ataraxie est une tranquillité intérieure, mais elle n’être qu’un bonheur inhérent au fait d’être en vie mais non réellement d’agir sur le devenir de la vie. La conception stoïcienne de l’ataraxie fonctionne avec la notion d’harmonie. Pour eux l’univers est le corps de l’intelligence divine. C’est un corps dont la totalité même est l’intelligence divine. Pour les stoïciens, l’acceptation de ce qui ne dépend de nous et non pas la simple résignation ainsi que le souci de bien remplir notre rôle dans l’univers peut nous donner accès à l’harmonie de l’intelligence divine à l’œuvre en toute chose. L’ataraxie ne se limite plus à une absence de trouble qui nous permettrait d’apprécier le fait d’être en vie. L’ataraxie devient une intelligence de l’harmonie de la vie à l’échelle du cosmos. Elle universalise alors notre individualité : nous découvrons notre âme authentique qui est une individualisation de l’âme de l’univers.
IV. LA JOIE CRÉATRICE.
Ce dépassement de la séparation entre soi et l’intelligence de l’univers qu’est l’harmonie n’empêche pas les stoïciens d’affirmer qu’il vaut mieux changer soi que de vouloir changer le reste de l’univers. Certes il vaut mieux changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde mais en un sens de nombreux désirs qui perpétuent l’ordre du monde ne perpétuent-ils pas un ordre du monde imparfait ? On ne peut se contenter de rejeter les désirs qui menacent l’ordre du monde, on peut d’une perspective valorisant l’évolution insister sur l’abandon des désirs qui empêchent l’univers d’évoluer en empêchant notre conscience d’évoluer. Bergson distingue les plaisirs d’être et la joie de créer. Il ne s’agit pas seulement de changer soi plutôt que l’ordre du monde qui d’un certain point de vue sera toujours harmonieux y compris dans la reproduction de soi-même tel qu’il est. Il s’agit de créer en nous une conscience renouvelée de nous-même qui induira une nouvelle perspective sur l’univers, de nouvelles conceptions de l’harmonie sociale, un besoin croissant d’être autre que ce qu’on est, etc.
Pour Sri Aurobindo la joie créatrice est paradoxalement en nous une flamme extatique du besoin d’évoluer, une aspiration confiante et joyeuse qui serait l’essence de notre âme. Et ce feu de besoin de l’âme recevrait sa réponse d’une force créatrice. Au feu de besoin joyeux répondrait la joie créatrice elle-même.
V. CONCLUSION - OUVERTURE.
Le bonheur est selon nous possible. On peut le trouver. C’est une joie d’Être et d’évoluer s’individualisant et se matérialisant en nous.
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