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Une problématisation du sujet :
« Nous
avons par nature deux impulsions, l’une à être aimés, l’autre à être
respectés. Ces impulsions sont en rapport avec l’intention d’autrui.
Mais laquelle des deux est la plus forte ? », se demande Kant dans Leçons d’éthique, trad. L. Langlois, Le Livre de Poche, p. 320. On peut donc se demander : « Le respect et l’amour s’excluent-ils ? »
Kant répond que la demande de respect est plus forte. L’amour comme
inclination ou préférence reste trop relatif. Toutefois Kant n’envisage
pas un amour inconditionnel et non préférentiel. Ne serait-il pas
souhaitable d’être aimé ainsi plutôt que d’être simplement respecté ?
Être respecté implique souvent une mise à distance et avant que le
respect soit moral et soit une reconnaissance de notre égalité du point
de vue de la liberté morale n’est-il pas une reconnaissance de la force
de la position sociale, humaine, etc. de l’autre ? Celui qui me respecte
me laisse et me veut libre mais il ne me libère pas forcément de ce qui
entrave ma liberté au plus intime, il ne considère pas l’épanouissement
de ma liberté dans le bonheur, etc. Le respect n’induit pas forcément
la fraternité.
Toutefois Kant a raison de souligner que l’amour est souvent de l’ordre
de l’inclination. Même celui qui veut aimer n’aime pas. En fait il aime
aimer et être aimé en retour. L’amour par ailleurs n’est pas raisonnable
c’est une passion qui se retourne en ses contraires : haine,
ressentiment, mépris, etc. Le respect est un sentiment qui est un effet
d’une attitude rationnelle tandis que l’amour demeure un sentiment.
Vaut-il mieux un sentiment moral issu de la raison ou faut-il admettre
que le sentiment moral seul éclaire pleinement l’intelligence morale ?
A partir de là, nous nous demanderons dans quelle mesure le respect moral
est plus fiable que l’amour. Puis nous nous demanderons si au fond
l’amour authentique ne consiste pas dans le développement d’une
intelligence du cœur. Enfin nous envisagerons une dialectique entre la
déontologie du respect et la téléologie de la bonté, forme la plus
approfondie de l’amour.
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