dimanche 26 octobre 2014

La science a-t-elle des limites ?


I. Introduction problématique


Toute démarche scientifique consiste à vaincre les obstacles qui empêchent de connaître davantage. Toute science se fait en se heurtant à ses propres limites. La question « la connaissance scientifique a-t-elle des limites ? » paraît donc recevoir une première réponse simple : la science se définit dans sa démarche par le franchissement de ses propres limites qui font obstacle au savoir.
Cependant en franchissant certaines limites la science ne risque-t-elle pas de briser l’intégrité de l’humanité qui sous-tend ses protagonistes ? En un autre sens lorsque la recherche s’approche de l’humain et le prend pour objet, sa tâche n’est-elle pas impossible ? En effet chercher à rendre objectif l’être humain sans déstructurer son humanité qui s’incarne comme sujet paraît une tâche infinie et sans limite. La science face à l’humain et à ce qui l’approche comme le vivant par exemple court le risque de disséquer et donc de manquer sa recherche, elle ne pourra que s’approcher du fait vivant, en donner les lois mais pas rendre compte définitivement de son dynamisme interne. La science en ces domaines demeure un apprenti sorcier à moins qu’elle ne rencontre au-delà de son modèle d’objectivité une figure d’elle-même toute renouvelée. Pourquoi ne trouverait-elle pas dans l’appel moral et éthique une pertinence de son point de vue même ? Ainsi elle transcenderait ses limites internes en prenant au sérieux les limites éthiques imposées de l’extérieure.

II. Limites internes à la démarche scientifique


Le fait de poser un objet, de construire un objet suscite en soi une limite. L’objet mathématique se définit dans une certaine logique, selon une axiomatique, etc. Selon ces règles, l’objet mathématique, la propriété ou le théorème sont ou non solubles voire indécidables. Par ailleurs l’arithmétique nous met devant une limite liée au calcul. Des nombres peuvent être conçus précisément sans pouvoir être calculables. Empiriquement, racine de 7 ou pi sont concevables sans qu’on puisse les dire précisément et absolument calculables puisqu’ils ont un nombre infini de décimal qui sont imprédictibles semble-t-il. Le mathématicien Chaïtin a même conçu un nombre en démontrant son incalculabilité au sein de notre univers. Puisque les mathématiques offrent un modèle aux autres sciences, on voit bien que le réel ne pourra être qu’en dernière analyse qu’approché, qu’approximé. A ce sujet les mathématiques suggèrent en certaines de leur partie une non computabilité de certains phénomènes, c’est-à-dire qu’elles permettent d’envisager que certains univers logiques par définition échappent même au calcul bien qu’ils soient cohérents dans leur développement. Ces univers pourraient être des modèles du nôtre, ils pourraient servir à envisager l’évolution du nôtre sans qu’on puisse les soumettre au calcul ou les approximer. Roger Penrose fait d’ailleurs l’hypothèse qu’un tel modèle est envisageable pour concilier mécanique quantique et relativité généralisée dans son livre Les deux infinis et l’esprit humain.
Autrement dit les mathématiques et la logique suggèrent dans leur développement des formes de conception de l’insaisissable. La connaissance mathématique et logique devient étude de conceptions qui intègrent des limites à la connaissance rationnelle. Mais crée-t-on quoi que ce soit sans limite et sans règles ? Ainsi on se spécialise en probabilités, en sciences mathématiques de l’approximation, etc. Le mathématicien s’impose des règles logiques et des axiomes et explore les conséquences de ce qu’il s’est imposé, il découvre ainsi les limites de la rationalité humaine.
L’objet des sciences de la nature a une matérialité. Questionner cet objet par l’entremise d’un dispositif expérimental introduit une médiation matérielle qui rend à jamais impossible une saisie directe. Le dispositif introduit une médiation matérielle qui rend à jamais impossible une saisie directe. Le dispositif introduit un contexte qui change à partir de certaines dimensions et dans certains champs les réponses. La question incarnée par le dispositif expérimental suscite une réponse dépendante de ce mode de questionnement même. L’interaction entre le sujet, ses médiations pour poser telle ou telle question à tel objet et l’objet lui-même fait qu’il devient dans certaines circonstances impossible de déterminer si la nature en soi est saisie ou si c’est une transformation de la nature et de ses lois par la médiation expérimentale qui est saisie.
En science physique nous avons déjà défini ces limites internes à la science aux alentours de 10-33 m. Mais il y a problème aussi à l’autre extrême en ce qui concerne l’infiniment grand. Le physicien sait que certains objets célestes échapperont à sa maîtrise et donc en partie à son étude que ce soit par leur masse, leur taille ou encore par le gigantisme des forces mises en jeu. Les médiations expérimentales seront trop faibles pour résister face à de telles puissances. Cette interdépendance est liée ici à la médiation. 
Il va de soi que le rapport sujet/objet s’amplifie quand l’objet est aussi un sujet humain. L’objectivité est alors de plus en plus difficile à dégager. En histoire ou en sociologie certains scientifiques affirment même qu’éliminer toute dimension subjective reviendrait à nier la vérité indépassable du rapport sujet/objet/médiation. Il y a un travail à mener sur l’interaction sujet/objet y compris si l’objet d’étude est un sujet humain. L’ethnologue quand il étudie la culture d’un peuple introduit qu’il le veuille ou non un contact entre sa culture et celle de ce peuple. Et qu’il le veuille ou non ce peuple assimilera certains aspects de la culture dont fait partie l’ethnologue. Dans le même sens qui sait si un historien au contact de cultures oubliées ne pourra s’empêcher d’y trouver des potentialités intéressantes pour aujourd’hui ? Ainsi le statut des homosexuels dans certaines tribus d’Amériques du nord faisait qu’ils s’occupaient des enfants orphelins. Dans le débat qui concerne le droit d’adoption par des homosexuels ne faut-il pas prendre en compte cette expérience oubliée ? La vérité propre au cercle sujet/objet où l’objet peut être un sujet humain est d’ordre morale et éthique. Dans Vérité et histoire, Ricoeur parle d’une qualité de subjectivité de l’historien en vue d’une meilleure objectivité et il évoque aussi une extraction du passé d’une forme de sagesse, d’une forme de questionnement éthique et philosophique pour aujourd’hui. La limite ici liée au cercle herméneutique, c’est-à-dire à une interprétation toujours insérée dans le contexte de l’objet étudié, peut devenir fructueuse. Le cercle herméneutique au lieu de considérer qu’il ne fait que vicier la recherche devient son point de départ authentique.

III. Les limites externes de la science


Ce que nous venons de dire sur les limites internes à la connaissance scientifique nous renvoie aux limites externes. Bien que la recherche scientifique exige une rigueur logique étrangère au mensonge, une sincère faculté critique, certains domaines scientifiques exigent moins que d’autre dans leur pratique même une éthique raffinée. Plus l’objet est définissable hors des problèmes sujet/objet/médiation expérimentaux moins la recherche est impliquée de façon inhérente dans une démarche éthique. Les sciences biologiques aujourd’hui dans leur évolution offrent une telle particularité. Bien sûr cette recherche met en cause le statut de la vie humaine mais comme application technique ou comme objet expérimental non pas actuellement en tant que sujet. Toutefois avant de nous confronter aux problèmes éthiques contemporains, remontons le temps. Il y a eu déjà des entreprises prométhéennes de maîtriser la vie telles celles des nazis ou des staliniens. Le docteur Mengélé ou Lyssenko montrent bien au fond que tourner le dos à toute éthique revient à tourner le dos à la science. Un apprenti sorcier n’est pas un scientifique. Il reste celui qui entreprend des manipulations en ignorant leurs conséquences ou même en ignorant volontairement de s’intéresser aux effets globaux d’une telle manipulation : il ne cherche pas à connaître l’ensemble des règles du jeu de la réalité où s’inscrit ce tour de force. Il confond le questionnement scientifique expérimental et la manipulation aveugle du réel. Il a déjà un objectif technique avant d’avoir une ambition théorique solide. Il est vrai que la biochimie incite à ce genre de confusion. La génétique commence à peine à émerger de son illusion technoscientifique, les scientifiques redeviennent de modestes scientifiques qui constatent que le vivant n’est pas un vulgaire jeu de mécano manipulable à volonté. Henri Atlan ou Gilles Séralini font état du fait que le gène est caractérisé par des effets chaotiques, il exprime diverses molécules suivant les circonstances extérieures et n’est pas un programme qui se réduit à une seule fonction. On s’est aperçu aussi que les gènes s’altèrent et que le vivant inclut ces altérations dans son développement : l’immunité est le résultat d’altération biochimiques qui permettent de constituer la molécule qui permettra de lutter contre l’intrus qui menace le bon fonctionnement de l’ensemble. Plus complexe encore il semble que le vivant ne soit pas simplement en pure concurrence mais qu’il coopère en s’échangeant des informations biochimiques assimilables par symbiose. Ces quelques connaissances récentes ne peuvent que nous amener à dénoncer les chercheurs et les institutions qui produisent des artéfacts biochimiques dans la ligne des anciens paradigmes. Ce sont clairement des apprentis sorciers.
Certes la science n’est pas en mesure de faire l’erreur fatale qui éliminera la vie sur terre. Car on ne peut pas en l’état détruire la biosphère et donc la vie terrestre avec de la vie manipulée, mais on peut menacer l’identité et l’intégrité de la vie humaine que ce soit localement ou globalement. 
La médiation scientifique pose clairement le rapport entre la partie et le tout. La partie est toujours le résultat de processus du tout. Modifier la partie implique toujours une modification du processus du tout. L’écologie est en ce sens la science naissante des rapports entre le tout et la partie. Mais comme on peut le déduire des propos de Ken Wilber dans Une brève histoire de tout, on peut faire de l’écologie une science n’incluant pas l’intériorité de l’observateur : le système en écologie n’intègre pas cette intériorité, cette subjectivité, elle se contente de liaison objective entre le tout et la partie. Même si cette vision systémique permet de soupçonner les limites des modifications génétiques, elle ne permet pas de montrer du point de vue scientifique tous les enjeux d’un clonage qui n’implique qu’une reproduction des gènes existants sans les modifier. Hormis le fait systémique que la nature semble privilégier la biodiversité, il faut une science de la partie et du tout incluant l’intériorité pour éclairer tous les enjeux du clonage.
Le clonage met en jeu l’intégrité de la vie humaine. La biologie nous oblige au moins de manière fictive à reconsidérer ce qui concerne notre identité et permet d’ébranler certains attachements psychologiques illusoires. Le clone, par exemple, ne met pas en cause la vie des hommes mais il pose des questions autour de l’identité. Le clone en tant qu’être humain potentiel sacrifié comme réservoir d’organes renvoie aux lois morales d’intégrité. Mais le clone humain respecté comme être humain même s’il est un substitut à la filiation, l’occasion d’une expérience juste pour voir se réaliser le possible, etc. touche à l’identité. Si on considère que du point de vue éthique toute attitude mentale de l’ego centré sur lui-même est un stade inférieur qui doit être dépassé grâce à la connaissance de soi, les motifs de clonage paraissent bien avoir tous des motifs égocentriques ainsi que beaucoup de préjugés contre lui. Chercher la prolongation de soi-même, être fasciné par une forme de pouvoir, etc. ou au contraire défendre inconsciemment son unicité et son identité égocentrique contre toute forme de relativisation qu’implique ce genre de manipulation possible. 
On pourrait bien sûr arguer que d’un point de vue éthique revisité par la phénoménologie, « l’identité n’est pas ce qui importe » puisque l’attachement identitaire est par excellence égocentrique. Cependant l’approche de l’identité où l’ego renonce à toute définition de soi n’a pour but que de se redéfinir et s’ouvrir à chaque instant dans l’espace d’attention à une évolution de la relation avec autrui. Nous sommes quelque part à la croisée de Sartre et Bergson. Au-delà de l’identité égocentrique, l’ego est reconsidéré du point de vue d’un centre focal de relations autour d’une vacuité de conscience dont le potentiel de liberté est nourri d’énergie créatrice. 
Ce qui permet de devenir une personne authentique est la découverte de soi comme absence de contenu mental, comme absence de propriété, favorisant l’émergence créatrice d’une qualité relationnelle où l’autre est comme soi-même. Ce rien central de la personne serait en quelque sorte impersonnel et en ce sens commun à toutes les personnes. 
Heidegger évoque dans sa terminologie l’Être de l’étant humain. Si dans une perspective éthique on considère la personnalisation du transcendant impersonnel qu’est l’Être, le terme « impersonnel » devient impropre, le terme « transpersonnel » pointerait mieux l’idée d’une ouverture ontologique au multiple relationnel. 
Le clonage derrière le rideau de l’ego s’inscrit forcément comme acte de l’unique impulsion transpersonnelle mais non pas comme son principe d’individualisation par les relations personnelles. Le clone est comme une recherche inversée de l’un transpersonnel : comme si l’un transpersonnel se cherchait de manière cauchemardesque parce que de façon égocentrique. Dans le troisième volet du film Matrix l’agent Smith traduit bien fictivement ce danger puisqu’il contamine tous les êtres de la matrice en s’y clonant pour imposer son seul ego. L’agent Smith est légion ce qui est une figure du diable, le diabolos qui est l’ego se séparant en son cœur de l’unicité transpersonnelle qui le transcende pour s’affirmer comme lui seul l’unique en se projetant partout : il divise et se divise à l’infini pour régner. Il est une négation d’une diversité de l’intériorité des parties au sein de l’unique intériorité du tout. Au fond alors qu’il est affirmation de l’unité innombrable de la même intériorité, il ne perçoit pas que l’unicité de l’intériorité de l’univers implique la multiplicité de l’intériorité de ses parties.
Nous voyons clairement que la phénoménologie de la conscience et de l’Être permet de produire une éthique à partir d’une reconsidération de la partie et du tout incluant l’intériorité.

IV. La science en 3e personne et la science en 1re personne


La biologie lorsqu’elle ne s’arrête pas à ces tentations égocentriques qui au fond repose toujours sur la négation de la dimension intérieure de notre vécu conscient, découvre de plus en plus nettement un Tout de la vie et de la matière énergie espace temps. Les débats autour de l’inné et de l’acquis aujourd’hui dans le cas de l’homme semblent ainsi se résoudre comme 100% d’inné, 100% d’acquis. On découvre l’interaction entre les gènes, les lois physicochimiques et leur milieu. L’un modifiant l’autre et réciproquement. A partir de cette idée d’une évolution des lois en interaction avec le milieu, l’hypothèse Gaïa, c’est-à-dire d’un champ commun à toutes les formes de vie qui empêcherait la prolifération de toute espèce menaçant sa biodiversité et son arrière plan bactériel, devient de plus en plus crédible. Si nous acceptons ce nouvel aspect du cercle sujet/objet/médiation, nos manipulations génétiques, nos tentations de clonage, nos désirs d’exogenèse c’est-à-dire de grossesse en dehors du contact avec une chair humaine s’inscrivent dans une dynamique d’ensemble dont nous ne pouvons pas avoir ultimement le contrôle. L’objectivité biologique reste bien souvent ignorante du point de vue de ce Tout vivant et matériel. Prisonniers de cette ignorance nous sommes trop souvent encore de véritables apprentis sorciers qui risquent de recevoir une leçon de ce Tout lui-même. Une biologie plus consciente du Tout vivant et matériel doit commencer à prendre beaucoup plus au sérieux comme l’a fait avant elle la physique le tout sujet/objet/médiation expérimentale.
La science avait besoin de passer par un moment objectif excluant l’approche subjective au risque d’ignorer le Tout vivant. Mais prolongeant cet oubli, la science se nie elle-même comme raison instrumentale au service d’une subjectivité égocentrique.
Devant ces éventuels méfaits de la science, on a défendu politiquement et juridiquement un ensemble de valeur objective, un Devoir-être qui s’est concrétisé çà et là par des lois bioéthiques. Mais cette forme d’approche semble devoir aussi être dépassée. Le privilège accordé à une approche seulement objective étant source inconsciente d’ignorance, la recherche scientifique la plus authentique est dans l’éclaircissement du cercle sujet/objet/médiation expérimentale. La science développée par nos facultés mentales s’inscrira toujours dans les limites de ce cercle indépassable. Mais en explorant les limites de ce cercle, la science elle-même découvre de plus en plus nettement un lien étroit entre Être et Devoir-être.
La limite en somme s’avère une limite propre à l’évolution de la conscience humaine elle-même. La science la plus authentique nous apporte alors une science pratique de l’Être. Elle nous appelle à une forme de subjectivité purifiée où servir plus d’objectivité revient à se sonder de plus en plus sincèrement, à se laisser gagner par une qualité de subjectivité de plus en plus nette…
La science objective de l’objet est la science du « il », la science de la troisième personne ou encore science-3. Elle indique dans ses extrémités la nécessaire intégration d’une science de l’intériorité du Tout et du sujet, une science de la qualité de subjectivité transpersonnelle, c’est-à-dire une authentique science-1. Cette science d’une authentique intériorité est une science de l’authentique première personne qui ne s’illusionne pas comme ego séparé du Tout vivant et matériel. Le sujet personnel pratiquant la science-1 change en gagnant en objectivité : il est de moins en moins oublieux de sa source transcendante qui lui est immanente et qui le fait évoluer.


V. CONCLUSION : Au-delà de la science 1 et de la science 3 ?


Pour conclure qu’il nous soit permis de proposer une expérience qui montre la limite la science-3 tout en proposant un basculement du côté de la science-1. Il s’agit d’un neurobiologiste qui aurait accès à chaque instant aux données neurologiques de son cerveau, même les plus inconscientes. Son travail de jugement objectif s’inscrirait devant lui comme un état donné du cerveau et lui le jugeant pour enfin tout connaître de soi objectivement connaîtrait cette étrange sensation d’un retard de la pensée sur la conscience de cette pensée. Le jugement objectif porterait sur le passé alors que subjectivement il se sentirait présent contemplant ce qui est, ce qu’il est en train d’être. Contempler ce qu’il est dedans et dehors sur l’écran lui livrant ses données neurologiques coïnciderait seulement dans cet état d’un pur fait subjectif qui n’est rien d’autre qu’un contenant conscient, qu’un déploiement de la conscience comme contenant. N’entrevoirait-il pas que ce contenant est la condition de possibilité et la source de contenus et de réactions à ces contenus ? Reconnaître la limite de la démarche objective c’est-à-dire explorer sérieusement l’interaction sujet/objet/médiation expérimentale nous tournerait vers un autre type de science que la science-3 usuelle. Ceci nous tournerait vers ce qu’avait en vue la philosophie à l’origine, une science spirituelle, ce que nous avons déjà nommé science-1. La déontologie scientifique face à ce type d’expérience se révèle alors une éducation, un apprivoisement de l’Être par lui-même à travers son individualisation humaine. La connaissance scientifique a des limites comme un enfant reçoit des limites éducatives. La connaissance scientifique la plus authentique est comme l’éducation en vue d’une individualisation, de la personnalisation multiple de l’Être lui-même. La science objective relève de la science-3 (de l’objet, la troisième personne, le neutre, le « il », la chose). Son exploration la plus authentique découvre dans tous ses divers domaines le cadre indépassable sujet/objet/médiation expérimentale. Par là l’homme de science peut basculer du côté de la science-1. La science spirituelle du sujet, l’exploration d’un fait subjectif quand le subjectivisme de l’ego a été transformé par l’exigence de qualité de subjectivité due au cadre intermédiaire sujet/objet/médiation expérimentale. La science-1 nous invite alors à assimiler intérieurement tout ce qui avait été appris jusque là extérieurement. A ce sujet on voit un parallèle entre celui qui n’ignore pas la loi morale qui cependant lui reste extérieure et le saint qui l’a intériorisée à ce point qu’il la dépasse et en fait vivre l’esprit créateur et transformateur. Qu’est-ce que serait la science-3 assimilée en science-1 ? L’évolution du vivant et de la matière découverte par la science-3 renvoie à une évolution de la conscience humaine elle-même au-delà de tout égocentrisme, comme essence de la science-1. La science-3 assimilée et intégrée à la science-1 est donc une science de l’évolution de la conscience elle-même.

La science 3 sépare l'objet observé et l'observateur depuis un point de vue en 3ème personne (dessin d'en haut). La science 1 part du constat que rien n'est vu, expérimenté hormis en première personne (dessin d'en bas).



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