vendredi 24 octobre 2014

Faut-il préférer la révolte à la résignation ?


I- Introduction problématique.


[accroche] « La liberté ou la mort » est peut-être le nerf vital de toute conscience révolutionnaire. A l’évidence un tel principe exclut viscéralement toute forme de résignation.
Faut-il alors préférer la révolte à la résignation ?

[analyse problématique] Parfois se révolter de manière irréfléchie est inopportun, il peut être sage de se résigner en attendant qu’une situation favorable se présente. D’ailleurs la sagesse invite à agir à partir d’une acceptation intégrale de ce qui est, agir en refusant une situation risque de nous faire passer à côté des ressorts universels de ce qui se passe. Le temps de la connaissance induit un temps de la résignation. Descartes rappelle l’idée stoïcienne que vaut mieux changer soi plutôt que l’ordre du monde mais non pas pour simplement se résigner mais pour mieux fonder les principes sur lesquels un progrès serait possible. Si la résignation est comprise comme le premier pas vers l’acceptation de ce qui est et sa connaissance afin de le maîtriser, ne faut-il pas la préférer à une révolte aveugle la plupart du temps impuissante ? Mais la résignation extérieure à une situation ne garantit guère intérieurement un vrai travail contre l’injustice. Souvent elle est un compromis en faveur de l’injustice. On explique aujourd’hui très souvent qu’il faut bien accepter la société telle qu’elle est car au fond on ne change pas une société sans changer les hommes. La résignation n’induit-elle pas une forme de cynisme où puisque tout est perdu autant profiter autant que possible avant la catastrophe ?


[annonce du plan]

II - Le travail subversif sous des apparences de résignation.


1 - La dialectique du maître et de l’esclave. (Hegel)


Avec la dialectique du maître et de l’esclave, Hegel renverse sans aucun doute notre façon habituelle d’opposer la résignation à la révolte. Hegel estime que le conflit primordial entre consciences individuelles humaines tient à la volonté de chacune d’être reconnue par l’autre. Chacune espère que l’autre désirera ce qu’elle désire qu’il désir. Chacune envisage donc la reconnaissance comme une soumission du désir de l’autre à son propre désir. C’est une situation de guerre qui s’engage alors. Cet autre est aussi en moi-même une autre partie de moi-même : cette lutte peut donc être comprise comme une lutte en divers aspect de notre personnalité. Des personnages en nous entrent dans une lutte à mort avec d’autres pour dominer notre personnalité. Dans une lutte à mort réelle, l’enjeu est la victoire mais aussi la mort. A vrai dire dans une lutte intérieure la partie de nous qui l’emportera et soumettra l’autre sera celle qui n’a pas peur d’une lutte à mort. Celui qui a peur et préfère la vie se soumettra à celui qui ne craignant pas la mort est prêt à la mort de l’un et de l’autre plutôt que de s’avouer vaincu.
Ainsi l’un devient le maître de l’autre qui sera son esclave. La résignation apparente de l’un part d’une préférence pour la vie face à la folie de l’autre qui est prêt à mourir en entrainant éventuellement celle de l’autre plutôt que de céder sur son désir. La révolte est une lutte pour la reconnaissance elle-aussi mais dans un contexte où elle est perdue au dépend d’un autre. C’est une reprise de la lutte à mort initiale où personne encore ne dominait. En cas de victoire du dominé celui deviendra le maître et l’autre l’esclave : on a vu bien des révoltes n’aboutir qu’à un changement de visage de la tyrannie. Mais faut-il attendre quelque chose de la résignation ? Hegel affirme que l’esclave va travailler au service du désir de son maître. Sous le couvert de sa résignation, il va se rendre indispensable matériellement à son maître. Et dès lors, la révolte de l’esclave devient la hantise du maître qui prend conscience de sa dépendance au travail de l’esclave. Par ailleurs par son œuvre l’esclave obtient une reconnaissance qui ne se limite plus au cadre d’une lutte à mort pour la reconnaissance. Sa reconnaissance s’est matérialisée dans une œuvre qui persistera malgré sa mort. L’apparente résignation de l’esclave au travail lui a permis de gagner une reconnaissance par une œuvre. La révolution s’opère alors dans l’esprit même du maître : il adhère aux valeurs de celui qui fût son esclave c’est-à-dire qu’il se met lui-même au travail pour faire œuvre. Ainsi il paraît sage parfois de se résigner en apparence afin que par un travail souterrain une nouvelle mentalité se répande dont la révolution n’est au final que la cristallisation sociale superstructurelle. Au sein même d’un individu, la personnalité dominante peut ainsi se trouver renverser par une cristallisation qui l’intègre à une autre personnalité jusque là secondaire. Un conflit quel qu’il soit sera obligatoirement dépassé dès lors que la vision du monde des belligérants aura été intégré et englobé dans une vision plus large par l’un des deux au moins. Au final la révolte a des chances de succès dès lors que la vision qui la porte renouvelle et intègre ce contre quoi elle porte. La résignation peut être une stratégie en vue de lui donner un contenu positif. Etre simplement contre revient toujours à se définir par rapport et cela aboutira en cas de succès à changer de domination mais pas à susciter une nouvelle forme de communauté d’égaux.

2 - Tout changement de paradigme économique n’induit-il pas automatiquement un changement social ? Ne faut-il pas cependant précipiter ce changement social vers le progrès à l’aide d’une élite révolutionnaire ? (autour de Marx)

Marx hérite de cette idée que le conflit est un moteur de l’histoire. Cependant Hegel insiste sur des visions du monde qui se dépassent les unes les autres par le biais de leurs conflits. Il en conclut que l’Esprit, une conscience absolue se cherche à travers ces conflits et se révèle ainsi peu à peu par ce procédé. Pour, Marx aucune conscience n’existe en dehors de la matière. Un travail, une œuvre reste d’abord une nouvelle façon pour la matière de se considérer elle-même. Ce ne sont pas des visions du monde éthérées qui sont en jeu mais de façon de vivre la matérialité du monde. L’esclave est souvent condamné à la pénibilité du travail et le maître se réserve les tâches nobles des arts, des lettres, de la discussion politique. De même le capitaliste s’il travaille comme son employé n’a pas les tâches ingrates de ce dernier souvent répétitives et sans déshumanisantes. De plus, il dispose du droit de licencier cet employé ou de l’en menacer afin d’appauvrir encore plus le gain qu’il pouvait en tirer. Le contrat de travail qui lie le capitaliste à ses employés n’est pas un contrat social entre égaux. La lutte que la dialectique du maître et de l’esclave décrit ne peut pas décrire cette situation sociale d’exploitation et d’aliénation du travail des employés par les entrepreneurs capitalistes. Pour Marx, la logique capitaliste de concentration des capitaux conduira à une situation explosive due à l’exploitation et à l’appauvrissement des masses qu’elle entraîne et aboutira à une révolte des prolétaires qui s’empareront des moyens de production. Mais à quoi bon se résigner jusqu’à attendre ce moment inéluctable ? Pour Marx, il est possible d’accélérer le cours de l’histoire en s’emparant de l’Etat afin de mener le capitalisme plus vite à son terme et d’aboutir à une société véritablement sans classes sociales en lutte entre elle pour dominer et mettre à son service l’économie.
Un parti communiste rassemblera les prolétaires qui ont pris conscience de ce mouvement de l’histoire où l’évolution de la matière peut devenir consciente d’elle-même sans plus passer inconsciemment par la lutte des uns contre les autres. Ce parti mettra en œuvre tout ce qui est possible y compris la révolution pour faire avancer l’histoire plus vite.

3 - Transition critique : un changement de mentalité peut-il être le fruit d’une dictature révolutionnaire ?

Cependant n’y a-t-il pas dans cette prétention de maîtriser la transformation des mentalités en vue de les « prolétariser » un risque totalitaire ? Peut-on obliger quelqu’un à faire le bien malgré lui ? Les marxistes affirment que le changement de situation sociale induira par l’évidence de son progrès une mentalité meilleure. On peut en douter. Certes on voit que, dans une situation économique favorable, il y a moins de crimes et que lorsqu’elle se dégrade, il y en a davantage. Mais à vrai dire qui sera assez exempt de tout appétit d’appropriation, de volonté de reconnaissance pour mener à bien cette transformation ? Il y a dans notre mécanique matérielle des tendances pulsionnelles enracinées que notre intellect focalisé sur l’organisation sociale ne verra pas à l’œuvre. Une révolte contre notre bestialité humaine ne pourra pas être obtenue par une dictature du prolétariat.

III - Peut-on apprendre à se contenter de peu au lieu de se résigner si bien qu’on ne craindra plus de donner sa vie pour la révolte contre l’injustice ?

1 - « Changer soi plutôt que l’ordre du monde » induit-il forcément une résignation ? (Entre les stoïciens et Descartes)

Il convient d’entendre les traditions spirituelles qui ont estimé que la transformation du monde à laquelle aspire Marx n’est pas envisageable et que ce qu’il convient légitimement de transformer est plutôt notre rapport au monde. Ainsi les stoïciens puis Descartes diront qu’il vaut mieux changer soi plutôt que l’ordre du monde.

2 - L’ataraxie ou la liberté d’indifférence si ce sont des états de conscience possible ne pourraient-elles pas vaincre toutes peurs de s’opposer à l’injustice ?

3 - N’est-ce pas la force et l’authenticité de la dissidence que de donner sa vie pour réveiller les consciences ?

IV - Des dangers d’une révolte fondée sur la frustration du mimétisme du désir à une ré-évolution authentique.


1 - Révolution et respect des libertés formelles.


a - Réussite des révolutions en faveur des libertés formelles et du respect de la dignité humaine.


On doit constater que les dissidents n’ont pas directement triomphé du système soviétique dans les pays de l’est mais ils ont clairement mis en valeur ses contradictions. Gorbatchev le dirigeant de l’union soviétique dans les années 1980 a perçu grâce à eux entre autres la vanité du système communiste. Dès que les instances suprêmes du pouvoir furent détenues par des hommes estimant que les libertés d’expression, d’opinion que Marx appelaient libertés formelles sont le seul fondement possible d’une aventure politique collective, l’effondrement du système communiste eût une rapidité qui surprît tout le monde à commencer par ses plus farouches ennemis occidentaux. Gorbatchev quand il a dû faire face à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl a constaté que la crainte d’exprimer ce qui dysfonctionnait exacerbait le dysfonctionnement lui-même de l’organisation étatique face à une telle catastrophe. L’idéalisme communiste interdisait non seulement la liberté d’expression contraire à sa perspective mais il générait les conditions d’une catastrophe humanitaire sans précédent. La dictature du prolétariat censée créer l’homme de mentalité socialiste avait échoué : le peuple et les élites désiraient désormais les libertés individuelles des pays occidentaux.

b - La nécessité d’une révolution fondée sur la conquête des libertés réelles peut-elle éviter le mépris des libertés formelles ?

Cependant comme nous le constatons dans nos pays libéraux ou depuis dans les ex-pays soviétiques, mêmes si les libertés formelles sont garanties, les réalités économiques induisent pour beaucoup l’absence de libertés réelles. Celui qui a un pouvoir économique peut facilement grâce à des médias à son service diluer le message de celui qui n’a pas ce pouvoir. Au lieu de censurer une information, on l’efface grâce à de la contre-information ou de la désinformation, etc. Sur le plan écologique, cette faiblesse du système libérale prépare sans aucun doute une catastrophe écologique à côté de laquelle celle de Tchernobyl passera pour un incident. Par ailleurs l’égalité de droits dont se prévalent les démocraties libérales quand il y a des affaires de justice est-elle réelle dès lors que le riche peut s’offrir une pléiade d’avocats tandis que le pauvre se voit pourvu d’un seul avocat commis d’office ou que les victimes d’une catastrophe environnementale due à la rapacité ne peuvent pas encore en France avoir une démarche juridique collective ? 
Evidemment certains finissent par gagner leur cause. Le droit au logement qui représente la conquête d’une liberté réelle semble de plus en plus s’imposer en France comme la nécessité d’un revenu minimum en cas de handicap ou d’exclusion du monde du travail. On a ainsi développé une couverture maladie universelle pour les plus démunis. Ce sont bien le fruit de combats politiques qui ont conduit à la conquête de ces libertés réelles dans le cadre d’un respect des libertés formelles y compris de ceux qui s’opposaient à ces nouveaux droits.

2 - Fantasmes du pouvoir souverain et perversions politique de la concurrence mimétique.

D’où vient alors l’aspiration de tant de gens à abattre le libéralisme économique et à lutter violemment contre tous ses symboles ? A vrai dire la conquête de ces droits à de nouvelles libertés réelles reste pour beaucoup insatisfaisante.

a) Premièrement, ces libertés réelles n’empêchent pas des situations de misère qui se caractérisent par la faim, l’absence de logements décents, l’absence de soins médicaux psychologiques et physiques et surtout une situation écologique désastreuse due à la rapacité économique. Autrement dit, l’Etat ne semble pas vraiment à la hauteur de sa tâche dans ces domaines alors que quand il s’agit de soutenir les gros industriels, ses plus hauts dirigeants déploient une énergie considérable pour arranger les lois à leur convenance ou obtenir de l’étranger des contrats mettant en jeu des sommes économiques considérables.

b) Deuxièmement, aujourd’hui une partie de la population n’est pas assez pauvre pour disposer de ces droits tels que la Couverture Maladie Universelle, le RMI, etc. mais elle semble corvéable et exploitable à merci, elle ne peut espérer aucune progression au niveau de ses richesses économiques alors qu’elle fournit le travail le plus ingrat, elle se fait outrageusement exploiter par un système économique qui est prêt à l’exclure et à l’appauvrir encore davantage dès que la situation et le profit l’exigent.
Les dirigeants révolutionnaires « communistes » qui espèrent convaincre cette population de se révolter afin d’abolir le capitalisme sont-ils exempts face au danger d’un pouvoir souverain étouffant toute créativité dans une bureaucratie étatique délirante ? Ces leader de l’extrême gauche sont-ils indemnes des perversions de la concurrence mimétique ? Les militants de ces partis sont loin d’incarner ici et maintenant entre aux l’idéal communiste : partagent-ils leur bien d’ors et déjà entre eux ? Sont-ils capables au sein de leurs partis d’une démocratie radicale excluant toute dérive tyrannique ? Le libéralisme doit être distingué du capitalisme : aucun pouvoir souverain capable de tout maîtriser n’est possible, affirme le libéralisme à moins de persécuter les individus au niveau de leur liberté élémentaire. La vraie quadrature du politique si on renonce à une souveraineté fantasmatique d’une direction avisée consiste alors à se demander : comment respecter à la fois les individus et nourrir une solidarité collective en prenant le risque de s’en remettre à tous les individus même s’ils ont en eux des visées égocentriques contraires à la solidarité collective ? L’utopie anarchiste conciliant individualisme et solidarité collective peut-elle être obtenue sans un pouvoir souverain qui l’impose en modifiant d’abord les réalités économiques ? De nombreux héritiers de l’anarchisme comme Raoul Vaneigem estiment qu’on doit aussi et d’abord créer le monde utopique en marge du système présent afin qu’il s’abolisse face à l’émergence de ce qui se substituera à lui. Aujourd’hui dans nos démocraties, rien n’est absolument contre une tentative collective utopique dès lors qu’elle se met en place à côté du système capitaliste libéral et c’est là l’erreur des communistes contemporains. Ils sont victimes de la frustration économique. Au fond eux qui s’opposent à la libre concurrence économique sont malgré eux en concurrence mimétique avec les plus ignobles des capitalistes. En effet ce sont des pulsions de pouvoir, d’appropriation qui dans les deux cas dominent. Les analyses de René Girard sur l’origine de la violence humaine liée à l’imitation du désir d’autrui et à la concurrence qu’induit cette imitation sont ici valides. Entre le truand capitalistes de grande envergure et le pseudo révolutionnaires qui brûle des écoles, des bibliothèques ou brise et pille des vitrines, il n’y a pas de différence : ce sont les mêmes pulsions bestiales qui sont à l’œuvre. Ce ne sont pas des solutions techniques qui nous éviteront la crise écologique ou du moins pourront l’atténuer et résoudre au mieux les effets sociaux désastreux qu’elle produira : il faudra trouver des solutions psycho-spirituelles à notre bestialité.

3 - Ré - évolution par delà résignation à l’ignorance et révolte impulsive.

a - Le dépassement révolutionnaire de la nécessité de devoir gagner sa vie.

La seule révolution en faveur d’une conquête de droit réel qui vaille une prise de risque est l’abolition du devoir de gagner sa vie. Il faudrait que les êtres humains soient libérés du travail car le travail tel qu’ils le comprennent pour la plupart est un moyen d’obtenir de l’argent pour obtenir du pouvoir et de l’appropriation. Le travail tel qu’il est conçu aujourd’hui tant par les gauchistes que par les capitalistes reste prisonnier de pulsions animales où derrière l’appropriation et la lutte pour la reconnaissance se terre la pulsion de gagner définitivement sa vie afin d’en imposer la réalité à tous. Notre civilisation ferait un pas décisif du point de vue économique si désormais aucun d’entre nous ne devait plus se résigner à devoir gagner sa vie. Si chacun avait un revenu de base décent, plus personne n’aurait plus à se résigner à des injustices économiques ou à des compromis avec sa dignité morale. On ne vivrait plus sous la menace d’une condition de vie encore plus précaire. On ne pourrait plus se résigner à ce leitmotiv de l’exploitation capitaliste contemporaine : « si vous n’êtes pas content, il y en a d’autres qui seront contents de prendre votre place ! » Désormais les contrats de travail seraient vraiment un contrat où l’employeur et l’employé sont égaux en droits. D’ailleurs de nombreuses personnes libérées de la pénible tâche de devoir gagner leur vie se mettraient à créer davantage pour leur propre compte. Les mots créer, œuvrer, coopérer, etc. ôteraient définitivement au mot travail ses racines négatives étymologiques d’instrument de torture (tripalium en latin) ou mythologiques de châtiment divin. 
On aura alors davantage d’espace politique pour vaincre le cynisme de la croissance économique à tout prix au mépris des équilibres écologiques. On ne subventionnera plus une économie de productions écologiquement condamnables pour soutenir l’emploi. D’ailleurs au final nombres de ces entreprises subventionnées s’expatrient toujours dans un pays moins regardant socialement et écologiquement au mépris des travailleurs qui lui ont permis de se développer et des citoyens qui politiquement lui ont donné la puissance financière face à la concurrence. Par contre on pourra dès lors surtaxer de telles productions pour soutenir des productions véritablement inscrites dans l’écosystème. Libéré de la nécessité de soutenir l’emploi, une politique économique n’aura plus de scrupule pour accélérer le bouleversement qu’exige la crise écologique en cours.

b - La démocratie radicale fondée sur une démocratisation de la psychologie et de spiritualités de l’individualisation de la conscience au-delà de l’égocentrisme.

Une telle conquête économique révolutionnaire servirait de cadre à une ré-évolution. Une révolution est en astronomie un tour complet autour de l’astre solaire. Une révolution n’est souvent qu’un retour à un point de départ. A vrai dire celui qui dispose du pouvoir économique des classes moyennes intermédiaires sait que cela suffit pour s’aventurer en dehors du monde de l’argent et du travail. Quelles sont ces aventures ré-évolutionnaires possibles en dehors des loisirs comme les voyages, les sports, etc. ? La vie citoyenne et l’exploration de la conscience par la psychologie, la créativité et la spiritualité. Car notre monde asphyxie non pas tant d’une surexploitation des ressources naturelles mais d’un déchaînement sans précédents de notre bestialité pulsionnelle derrière un masque d’ego sans véritable âme individuelle. Un engagement citoyen en faveur de la redistribution des richesses nécessaires à la justice sociale et même la conquête concomitante d’une liberté de ne plus devoir gagner sa vie est un leurre si on ne voit pas que notre avidité égocentrique suscite l’horreur dont nous souffrons.
Il ne s’agit non pas de dénoncer l’ego d’autrui mais de dépasser notre égocentrisme en découvrant une conscience individuelle plus universelle unie à un élan évolutif transcendant toujours ce qui se contente de se reproduire et qui a mené l’univers jusqu’à nous. Les spiritualités religieuses dégagées de leur gangue dogmatique, 
les sagesses antiques (occidentales et orientales) et les psychologies modernes prendraient alors une place de choix dans la nature du vivre ensemble fondement de l’espace public citoyen. Les médias contemporains font bien leur travail en déplaçant les valeurs prémodernes communautaristes et hiérachiques bien souvent vers les valeurs modernes des Lumières et les valeurs postmodernes multiculturelles. Cependant ces médias butent sur les limites d’une conscience égocentrique narcissique visant à réaliser ses désirs quoiqu’il en coûte. La plupart de nos médias nourrissent nos désirs et nos peurs égocentriques. Par ailleurs nos médias s’adresse à nous individuellement, ils ne nous permettent pas une expérience collective de trouver un consensus à plusieurs par exemple. Nos médias nous présente toujours des débats où les intervenants campent sur leur position nous laissant le soin de conclure par nous même, ils rendent inconcevables l’expérience d’une conscience collective unie malgré les différences. 
L’affirmation centrale des spiritualités et des sagesses d’une unicité de la conscience par delà les différences individuelles et au-delà des peurs et des désirs ne pourrait-elle pas allié aux psychologies conduire à expérimenter une conscience collective solidaire où chacun serait de plus en plus individualisé sans être inféodé à des peurs et des désirs qui le sépare des autres ? D’ailleurs n’est-ce pas ce point central qui avait fasciné nombre de révolutionnaires à Paris ou en Californie en 1968 ? Soudain toutes les séparations sociales tombent, tout le monde parle avec tout le monde, il y a la joie consensuelle de la rencontre qui relativise les inévitables dissensus dus aux différences. Quelle expérience collective serait possible si soudain à plusieurs notre jugement se verrait suspendu incapable de justifier une idéologie (des intérêts d’un ego collectif plus ou moins masqué) ou des demandes égoïstes ?

c - De la conscience consommatrice et reproductrice à la conscience créatrice : les prémisses d’une évolution consciente de la conscience comme horizon du vivre ensemble.

Celui qui se résigne ignore ce qui passe et ne peut pas percevoir quelle est l’évolution en cours, il y participe malgré lui en créant les circonstances positives et négatives qui accélérerons sa cristallisation. Celui qui se révolte perçoit l’horreur de la situation plus qu’un autre mais il lui manque souvent aujourd’hui de percevoir que l’horreur elle-même accélère l’évolution de la conscience comme hier l’horreur d’une mare qui s’assèche a sans aucun doute accéléré l’évolution organique du poisson vers les prémisses d’une respiration aérobie. La crise écologique qui vient se superposer à la crise économique et à la crise morale prend alors un autre sens. Face à l’horreur contemporaine, il ne s’agit plus d’une simple mutation sociale ou mentale mais d’un saut évolutif de la conscience au-delà et en deçà de la mécanique pulsionnelle animale. Peut-être n’avons-nous jamais encore été pleinement humain accroché que nous sommes encore à notre animalité physique et mécanique, une ré-évolution est peut-être en cours. Pouvons-nous contrairement au poisson envisager une participation consciente à l’évolution ? Notre intelligence au lieu d’être au service de notre bestialité ne pourrait-elle pas se révoltant contre ses propres limites servir une évolution consciente de la conscience ?
Comme le grand scientifique, l’artiste génial ou le sportif d’exception connaissent après une cessation du jugement usuel une intuition créatrice, notre suspension collective du jugement ne pourrait-elle pas être le prélude à une forme d’intuition créatrice collective ouvrant un chemin inédit et imprévisible au-delà de l’impasse évolutive qui se présente ?

V - Conclusion.

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