Sigmund Freud - Ken Wilber - Carl Gustav Jung
L'inconscient, psychanalyse et autres psychothérapies,
Ou l’aventure de la conscience
I. La naissance de la psychanalyse
Pour Freud les névroses sont dues à l’énergie psychique, qui ne parvient pas à trouver une expression consciente à cause d’un surmoi constitué par la représentation parentale et sociale inconsciente de ce que nous devrions idéalement être.
Pour Freud, l’énergie psychique a une origine sexuelle. L’énergie psychique provient de la rencontre des gamètes mâles et femelles. Il convient de distinguer l’ordre génital et l’ordre sexuel. Exemple : selon des biologistes la morphologie de la main est liée à l’imprégnation d’hormones sexuelles lors de notre vie fœtale. Plus la différence de longueur entre l’index et l’annulaire est prononcée plus nous aurions été imprégné de testostérones lors de notre vie fœtale. Mais dans ce fait sexuel il n’y a rien de génital. Pour Freud, l’énergie sexuelle n’a pas seulement pour expression la génitalité. Pour lui, les névroses sont dues à une expression pathologique de l’énergie sexuelle.
Une névrose indique que la structuration de l’énergie sexuelle qui anime nos cellules depuis notre conception a été rendue défectueuse à cause d’un ou de plusieurs événements traumatiques.
II. Le développement de l’enfant et de l’énergie sexuelle selon la psychanalyse.
Etape 0 : C’est la rencontre des gamètes paternel et maternel.
L’énergie sexuelle est selon Freud de base de nos existences : elle est
d’abord l’énergie en jeu dans la rencontre des gamètes parentaux qui
formera notre corps et donc notre vitalité. Elle n’est pas en premier
lieu l’énergie sexuelle génitale : notre orientation sexuelle génitale
ne surgit que plus tard dans notre développement. Cette énergie sexuelle
cellulaire est donc bisexuelle. L’orientation sexuelle intervient
seulement plus tard tant au niveau de l’épigénèse fœtale qu’au niveau du
développement psychologique. C’est là aussi que s’origine la confusion
des pulsions sexuelles qui sont de façon ambivalentes des pulsion de vie
et des pulsions de mort. Car la procréation sexuelle de cellules
vivantes, c’est-à-dire la vie implique aussi la mort programmée
génétiquement et cellulairement.
Etape 1 : Le fœtus se développe comme un être pluricellulaire.
Comme
le fœtus est relié au ventre maternel, il partage la vie physiologique
de sa mère. Du point de vue psychologique, il y a un privilège de
l’influence maternelle sur l’évolution de notre énergie psychique. D’où
l’importance de protéger les femmes enceintes des émotions, des
sensations les plus néfastes pour protéger le développement du fœtus.
Etape 2 : Le développement sensorimoteur du fœtus est donc lié à l’environnement maternel. La voix du père, son odeur appartiennent éventuellement au champ de conscience en développement du fœtus.
Etape 3 : C’est la naissance.
Les psychanalystes estiment que la
naissance est un moment capital puisqu’il marque la fin de la symbiose
entre la mère et l’enfant. Cette rupture entre la mère et l’enfant peut
marquer un premier traumatisme dans l’expression de l’énergie psychique.
Il y a une mémoire sensorielle de la naissance qui va avoir beaucoup
d’influence sur notre manière de considérer la vie.
Les trois étapes précédentes sont des idées développées par les disciples de Freud.
Etape 4 : la succion.
L’énergie psychique se dirige instinctivement
vers la succion. Le seul instinct à l’œuvre chez un bébé humain est la
succion. Et il se transforme rapidement en plaisir maîtrisé.
Ce rôle de la succion a été mis en évidence tout d’abord par Freud.
Le petit garçon assumera d’une manière différente la succion dans la mesure où son rapport avec sa mère n’est pas le même que celui de la fille avec sa mère. Une fille sait un peu plus tard qu’elle aura une proximité corporelle semblable à celle qu’elle a eu avec sa mère. Tandis qu’un garçon n’aura jamais accès à une relation équivalente à celle qu’il a eu avec sa mère. Dans ses relations, il peut y avoir une nostalgie de la relation qu’il a eue avec sa mère. (Ceci n’est pas une idée de Freud mais de son disciple Ferenszi qu’il a repris lorsqu’il parlait de sentiment océanique rappelant le milieu aqueux intra-utérin)
Ce rôle de la succion a été mis en évidence tout d’abord par Freud.
Le petit garçon assumera d’une manière différente la succion dans la mesure où son rapport avec sa mère n’est pas le même que celui de la fille avec sa mère. Une fille sait un peu plus tard qu’elle aura une proximité corporelle semblable à celle qu’elle a eu avec sa mère. Tandis qu’un garçon n’aura jamais accès à une relation équivalente à celle qu’il a eu avec sa mère. Dans ses relations, il peut y avoir une nostalgie de la relation qu’il a eue avec sa mère. (Ceci n’est pas une idée de Freud mais de son disciple Ferenszi qu’il a repris lorsqu’il parlait de sentiment océanique rappelant le milieu aqueux intra-utérin)
Etape 5 : Stade uro-anal (sadique-anal dira Freud).
Le contrôle des
activités uro-anales apporte un plaisir. Celui-ci est tempéré par les
interdits familiaux. La frustration apparaît et parfois il y a des
traumatismes uro-anaux. Le psychisme somatise (le psychisme s’exprime
inconsciemment à l’aide de symptômes corporels). Donc l’interdit est
nécessaire. Mais s’il est traumatisant, il y aura constitutions d’un
surmoi excessif dans ses refoulements inconscients. Des dérèglements
biologiques touchant par exemple la digestion peuvent être l’expression
d’un trouble psychique où pour jouer sur les mots, "on a du mal à
digérer un événement".
Etape 6 : La différence sexuelle.
Les enfants ne sont pas conscients
de la différence sexuelle mais en découvrant leur corps, ils découvrent
des zones plus sensibles que d’autres.
Les jeux génitaux des enfants (le jeu du docteur, etc.…où on s’examine entre enfants de sexes différents, la manipulation par l’enfant de ses propres organes génitaux, etc.) ne sont pas des jeux sexuels adultes. Au niveau sensitif, la zone génitale est très sensible mais il n’y a pas d’enjeux de reproduction, les afflux hormonaux n’ont pas du tout les mêmes propriétés. Quand un adulte projette sa vision de la génitalité sur un enfant, l’adulte va transmettre à l’enfant, de manière implicite, son regard sur le sexe (mâle ou féminin) : l’adulte ayant honte d’être vu nu transmet inconsciemment un sentiment de honte, l’adulte gêné face au jeu sexuel de(s) (l’)enfant ou ulcéré lui transmet une forme de culpabilité ou de dépréciation vis-à-vis de la sexualité. L’identité sexuelle est transmise implicitement y compris dans ses conditionnements les négatifs. Freud n’a pas assez remarqué combien la culture de son temps transmettait inconsciemment une dévalorisation du sexe féminin et une valorisation exagérée du sexe masculin quand il a évoqué le complexe de castration des garçons et le sentiment d’infériorité des filles. Le désir de l’enfant lorsqu’il se découvre n’est jamais en rapport avec celui qui caractérise une génitalité adulte non pathologique. Mais comme on peut le voir le surmoi de l’enfant va se former à l’image des préjugés sexuels familiaux vis-à-vis de ses désirs sexuels génitaux.
Les jeux génitaux des enfants (le jeu du docteur, etc.…où on s’examine entre enfants de sexes différents, la manipulation par l’enfant de ses propres organes génitaux, etc.) ne sont pas des jeux sexuels adultes. Au niveau sensitif, la zone génitale est très sensible mais il n’y a pas d’enjeux de reproduction, les afflux hormonaux n’ont pas du tout les mêmes propriétés. Quand un adulte projette sa vision de la génitalité sur un enfant, l’adulte va transmettre à l’enfant, de manière implicite, son regard sur le sexe (mâle ou féminin) : l’adulte ayant honte d’être vu nu transmet inconsciemment un sentiment de honte, l’adulte gêné face au jeu sexuel de(s) (l’)enfant ou ulcéré lui transmet une forme de culpabilité ou de dépréciation vis-à-vis de la sexualité. L’identité sexuelle est transmise implicitement y compris dans ses conditionnements les négatifs. Freud n’a pas assez remarqué combien la culture de son temps transmettait inconsciemment une dévalorisation du sexe féminin et une valorisation exagérée du sexe masculin quand il a évoqué le complexe de castration des garçons et le sentiment d’infériorité des filles. Le désir de l’enfant lorsqu’il se découvre n’est jamais en rapport avec celui qui caractérise une génitalité adulte non pathologique. Mais comme on peut le voir le surmoi de l’enfant va se former à l’image des préjugés sexuels familiaux vis-à-vis de ses désirs sexuels génitaux.
Etape 7 : Le complexe d’Œdipe.
Dans la formation de l’identité
sexuelle, il y a une dimension relationnelle. L’enfant sent qu’il n’a
pas accès à une dimension de la relation entre ses parents. Dans
l’identification sexuelle, il sent qu’il y a un en jeu une relation
spécifique entre ses parents. Il passe de l’identification à la
concurrence pour découvrir le mystère qu’il y a dans la relation entre
son père et sa mère. Le fils veut écarter son père et la fille sa mère.
L’inceste symbolique a lieu quand un des parents se sert de l’enfant dans sa relation de couple. Certains psychologues anthropologues, comme Malinovski, affirment que le schéma œdipien de Freud n’est pas universel contrairement à ce qu’il affirme. Ce schéma n’est valable qu’en occident car la tragédie d’Œdipe est lié à une mère et un père biologique qui coïncident avec les parents. Dans certaines cultures polyandres, il y a un oncle(le frère de la mère) et une mère : l’interdit de l’inceste est alors autrement structuré.
L’inceste réel est catastrophique car l’enfant se sent coupable d’avoir séduit aussi le parent incestueux. Les enfants victimes d’inceste se sentent coupable de leur identification sexuelle.
L’interdit de l’inceste est posé par les parents de façon plus ou moins explicite. Il y a plusieurs résolutions négatives du stade œdipien. L’enfant garde parfois la nostalgie d’avoir une relation privilégiée avec l’un de ses parents et il tombera amoureux d’une personne sur laquelle il peut projeter inconsciemment cette nostalgie.
Il certainement de nombreux cas d’inceste symbolique surtout entre mère et fils : même s’il n’y a pas eu inceste réel, il peut y avoir un glissement équivoque, de la tendresse. Où cesse la tendresse, où commence l’érotisme ?
Dans le cas d’un inceste réel : Un des parents où des membres de la famille utilise la séduction de l’enfant pour connaître un inceste. L’enfant découvre que cet interdit existe en-dehors de sa famille, il se sent trahi, souillé, et coupable d’avoir voulu séduire.
L’interdit n’est donc pas que frustration il est ce dit entre (inter), il est inter - dit qui ouvre la relation parent-enfant à d’autres relations. Ainsi de nombreux enfants auront une forme d’amour enfantin avec un enfant de l’autre sexe. L’interdit fonde une culture ouverte en ouvrant l’enfant à une vie en dehors de la famille.
A ce propos, on pourrait soupçonner toute forme de racisme biologique d’avoir une fascination incestueuse dans la mesure où la fermeture des frontières implique de nous marier entre nous.
L’inceste symbolique a lieu quand un des parents se sert de l’enfant dans sa relation de couple. Certains psychologues anthropologues, comme Malinovski, affirment que le schéma œdipien de Freud n’est pas universel contrairement à ce qu’il affirme. Ce schéma n’est valable qu’en occident car la tragédie d’Œdipe est lié à une mère et un père biologique qui coïncident avec les parents. Dans certaines cultures polyandres, il y a un oncle(le frère de la mère) et une mère : l’interdit de l’inceste est alors autrement structuré.
L’inceste réel est catastrophique car l’enfant se sent coupable d’avoir séduit aussi le parent incestueux. Les enfants victimes d’inceste se sentent coupable de leur identification sexuelle.
L’interdit de l’inceste est posé par les parents de façon plus ou moins explicite. Il y a plusieurs résolutions négatives du stade œdipien. L’enfant garde parfois la nostalgie d’avoir une relation privilégiée avec l’un de ses parents et il tombera amoureux d’une personne sur laquelle il peut projeter inconsciemment cette nostalgie.
Il certainement de nombreux cas d’inceste symbolique surtout entre mère et fils : même s’il n’y a pas eu inceste réel, il peut y avoir un glissement équivoque, de la tendresse. Où cesse la tendresse, où commence l’érotisme ?
Dans le cas d’un inceste réel : Un des parents où des membres de la famille utilise la séduction de l’enfant pour connaître un inceste. L’enfant découvre que cet interdit existe en-dehors de sa famille, il se sent trahi, souillé, et coupable d’avoir voulu séduire.
L’interdit n’est donc pas que frustration il est ce dit entre (inter), il est inter - dit qui ouvre la relation parent-enfant à d’autres relations. Ainsi de nombreux enfants auront une forme d’amour enfantin avec un enfant de l’autre sexe. L’interdit fonde une culture ouverte en ouvrant l’enfant à une vie en dehors de la famille.
A ce propos, on pourrait soupçonner toute forme de racisme biologique d’avoir une fascination incestueuse dans la mesure où la fermeture des frontières implique de nous marier entre nous.
Etape 8 : Période de latence.
Normalement, quand le complexe d’Œdipe
est résolu, l’enfant entre dans la période de latence. Du point de vue
psychologique, l’homme est le seul animal qui ne voit pas augmenter de
manière constante ses hormones sexuelles. Cette période de latence
propre aux êtres humains n’a pas la même durée suivant les contextes
culturels. Cette période prolonge l’apprentissage de la culture. Les
êtres humains n’ont pas une sexualité qui relève du besoin et de
l’instinct. Le désir sexuel est naturel mais pas nécessaire. L’énergie
sexuelle, au lieu de se diriger vers l’appareil génital, peut se diriger
vers un effort culturel. On peut remarquer que les femmes humaines
contrairement aux femelles animales n’éprouvent pas du désir en fonction
de leur ovulation. Le désir féminin met en jeu une relation (dialogue)
dans le plaisir génital au lieu que ce plaisir mène seulement à la
reproduction.
Voici une relecture de ces étapes du développement de l'enfant selon la psychanalyse freudienne :
Conclusion : Le travail du psychanalyste est donc de permettre à l’énergie sexuelle de devenir une énergie culturelle autant que possible. Si le surmoi n’est pas assez structuré faute d’inter-dits ou au contraire le surmoi refoule excessivement le désir à cause d’interdits restrictifs, il y aura troubles psychologiques. L’ambition de la psychanalyse est que le patient ne refoule plus son énergie sexuelle en phobies, en perversions, en addictions, etc. Elle a pour but de restructurer le surmoi. De fait si nous pouvions totalement peaufiner le surmoi il deviendrait comme transparent et nous-mêmes traiterions nos désirs de façon autonome. Freud croit cette tâche impossible ou du moins il semble la croire interminable.
III. La thérapie psychanalytique
Le psychanalyste a un rôle important dans la thérapie. Il permet aux patients de découvrir ses fonctionnements émotionnels mécaniques. Le psychanalyste écoute le patient et l’aide à faire des connexions. Il ne s’implique jamais dans la relation humaine habituelle avec le patient. Il doit rester objectif. Le transfert et justement l’expérience du patient qui découvre qu’il a des attentes déplacée vis-à-vis de son psychanalyste qui est sensé avoir une relation objective avec lui de soignant à patient. Le patient s’apercoit que ses fonctions émotionnelles sont comme la répétition de vieux scénarios nés dans le passé dont son moi et son surmoi empêchaient la restauration. Le patient n’est pas là pour se libérer de ses tensions émotionnelles en les livrant pêle-mêle à son psychanalyste, il est là pour surprendre ses émotions injustifiées par la situation. La difficulté du psychanalyste, c’est la traversée du transfert émotionnel du patient. C’est à lui d’amener le patient à s’observer émotionnellement puis à l’accompagner pour qu’il fasse le travail de deuil d’une relation émotionnelle impossible au sein d’un récit de soi-même renouvelé.
2. La libre association et l’interprétation des rêves
La libre association est le fait de laisser circuler les idées et les émotions sans les contrôler. Ceci fera émerger des souvenirs enfouis, des sentiments refoulés, et des idées censurées. Il s’agit souvent de se libérer de son jugement moral : ce qui se passe à l’intérieur de notre esprit n’a pas de réalité et ne peut pas être l’objet d’interdits. Il s’agit ensuite de se libérer des impasses de notre surmoi grâce à ce qui échappe parfois à sa vigilance lorsqu’on ne cherche pas à maîtriser sa parole en fonction de l’autre qui nous écoute. La libre association fait un pont entre la parole du moi et cet inconscient au-delà des limites du surmoi : tel lapsus (usage d’un mot pour un autre), tel jeu de mot involontaire, etc. pourront permettre de faire ce pont.
Le rêve est par excellence un fonctionnement où prédomine la libre association. Pour Freud, par sa fonction même le rêve réalise les désirs inconscients de façon maquillée, cachée. La difficulté est alors de se rappeler nos rêves et de les interpréter. Il n’y a pas d’interprétation universelle selon Freud. C’est le patient qui dispose des clés qui sont à chercher dans son histoire personnelle. Bien sûr mon histoire personnelle croise des symboles culturels avec lesquels l’inconscient s’exprimera. Ainsi même si en dernier ressort seul l’auteur du rêve en a les clés, un certain nombre de clés peuvent être à la disposition du psychanalyste.
Exemple de rêve :
Rêveur de 14-15 ans. Il est dans la maison de ses parents absents, avec des amis. Il y une explosion thermonucléaire, il ne reste qu’un îlot de verdure autour de la maison. La fin pousse à manger du maïs radioactif. Mutation en maïs géant et contagion de la mutation. Poursuite : une porte, une bouteille de gaz, aidé par le père d’un de ses amis. Echec. Fuite par la porte de derrière. Chute dans un trou : un mutant vert balance un cordon qui fait un cercle grisâtre dans lequel le rêveur se réveille condamné à la mutation par son cauchemar.
Interprétation possible du rêve :
Le père est agriculteur et cultive du maïs. Ce rêve traduit un différent avec les amis. La mutation, dont il est question, est liée à l’adolescence.
Pourquoi ce cauchemar ? Un cauchemar traduit souvent une dimension qu’on ne voudrait pas intégrer. La peur a en effet deux dimensions : l’attraction et la répulsion. Par exemple la peur du vide, le vertige signifie en fait la répulsion envers une attirance par le vide. Le cauchemar nous met souvent devant la peur de ce qui attire une partie de nous et qui ne peut se réaliser que sous la forme d’un rêve effrayant pour ce qui le repousse. Le cauchemar pour Freud comme le vertige mêle des pulsions de vie et des pulsions de mort.
Retour à l’interprétation du rêve :
Le rêveur a certainement peur de l’énergie sexuelle qu’il a profondément ressenti comme énergie pouvant apporter la mort. Dans son enfance, il avait été mis au fait de la grossesse de sa mère, du comment et du pourquoi de la sexualité mais le bébé était mort à la naissance... D’où le cordon et une mutation apparentée à la mort. Il avait déjà eu des rêves mettant en jeu des explosions thermonucléaires au moment où ses parents se mettaient en colère l’un contre l’autre. La tonalité explosives de ces querelles n’avaient-elles pas pris naissance à la mort de cet enfant ? La sexualité mettait là encore en jeu la vie et la mort, la colère, l’amertume, etc. Le rêveur ne voulait pas entrer dans ce drame.
3-Transition :
Il y a un problème de l’interprétation des rêves :
Pour Freud l’interprétation des rêves est, en général, centré sur les métamorphoses de l’énergie sexuelle. Mais chez Jung, le rêve est aussi une pression d’une partie inconsciente au Moi pour qu’il s’ouvre à l’intégration des possibilités plus large et riche de sens de l’esprit.
Aimé Agnel dans Jung, La passion de l’autre, les essentiels Milan, écrit p.26 :
"très tôt, avant même la rupture avec Freud, Jung a cherché à compléter l’interprétation dite analytique ou réductrice (freudienne) [à la seule réalisation de l’énergie sexuelle] par une interprétation synthétique ou constructive. Cette interprétation implique une autre approche du symbole. Celui-ci "n’est plus considéré sémiotiquement, comme signe dans une certaine mesure de pulsions élémentaires, mais bien symboliquement, au sens propre, "symbole" exprimant le mieux possible un état de fait complexe et qui n’est pas encore clairement saisi par la conscience" (extrait de l’article [de Jung] "la fonction transcendante".
Un symbole au sens de Jung a plusieurs sens possible qui peuvent agir simultanément. Là où Freud verra dans le feu un masque de l’énergie sexuelle brûlante, Jung pourra y voir à la fois un symbole infernal, un symbole de purification, un symbole de passion, un symbole du foyer familial, etc. Là où Freud réduit le rêve à n’être qu’une scène de la réalisation de pulsions d’énergie sexuelle face au moi et au surmoi, Jung insiste sur le sens multiple du rêve qui invite le moi à intégrer de nouvelles dimensions afin de se mettre comme en harmonie avec la profondeur de soi qui englobe la réalité consciente et inconsciente.
Si au-delà de Jung, nous prenons au sérieux le fait que la conscience est liberté qui puise dans l’inconscient sa créativité, nous découvrons que la conscience peut s’identifier à ce que nous ne sommes pas dans l’oubli total de ce que nous sommes nous-mêmes ou se désidentifier de ce que nous sommes seulement pour intégrer ce que nous ne sommes pas encore ou refusons d’être personnellement. Le rêve n’est plus seulement la réalisation du désir pris dans l’ambiguïté des pulsions de vie et de mort qui doit passer les censures du surmoi pour redonner au moi sa responsabilité et son autonomie. Le rêve est un lieu psychologique où se joue notre évolution.
Exemple de rêve :
La conscience gazouille. La conscience sautille sur un toit de tôle ondulé. Il y a des arbres dans la conscience devant ce qui gazouille et sautille.
Soudain la conscience se retire du gazouillis et du sautillement. Elle es t comme aspiré en arrière, elle sort du corps comme décrochée et la voici absorbée dans un corps humain. Dans un demi sommeil le rêveur entend un oiseau chanter à tue-tête sur le toit du hangar en tôle ondulé.
Interprétation possible du rêve :
Est-ce seulement un rêve gardien du sommeil comme Freud le pensait dès lors qu’il permet au rêveur qui désire dormir de prolonger son sommeil ? Il y a des éléments que cette interprétation ne prendrait pas en compte. Ce rêve évoque sans aucun doute le rêve de Tchouang Tseu ce penseur chinois majeur qui rêve si bien qu’il est un papillon qu’il ne sait plus à la fin s’il est un homme qui rêve qu’il est un papillon ou un papillon qui rêve qu’il est un homme. Quoi qu’il en soit ce rêve met en valeur le fait que la conscience est plus vaste que le simple moi, qu’elle peut ne pas y être identifiée et que dans l’identification à l’oiseau elle a été capable de ne pas être une conscience réfléchie, elle incarnait l’oiseau de l’intérieur sans être consciente autrement que par la sensation du sautillement et l’impression du gazouillis. Elle n’avait alors aucune représentation mentale.
Nous avons vu avec Freud l’inconscient comme subconscient formé de pulsions dont l’énergie est sexuelle. L’analyse des rêves nous montre qu’on peut avoir d’autres interprétations : pourquoi réduire les pulsions à la seule dimension sexuelle ? pourquoi réduire l’inconscient à un subconscient ?
Jung nous incite à penser que le rêve nous invite à découvrir plus de conscience au sein même de ce qui nous est inconscient. Chez Jung, il y a comme un inconscient supraconscient transversal à notre identité personnelle, il y a comme un inconscient collectif spirituel de l’âme qui s’inscrit dans une conscience plus vaste qui au fond est toute chose. Cette hypothèse expliquerait le sens profond et troublant de certaines coïncidences qui répondent à notre état psychologique (les expériences de synchronicité qui parfois d’ailleurs peuvent faire l’objet de prémonition en rêve). L’évolution de notre conscience personnelle s’inscrit au sein d’une évolution de la conscience/inconscience universelle...
IV. Les thérapies alternatives en psychologie.
Dans ce long extrait d’un entretien avec Ken Wilber titré Psychothérapie et Spiritualité, on a une autre approche du développement psychologique humain mais aussi une démultiplication des approches thérapeutiques suivant le niveau de développement affecté :
" Ken Wilber : Les structures élémentaires sont les composantes
fondamentales de la conscience, des choses comme des sensations, des
images, des impulsions, des concepts, etc. J’ai listé neuf structures
principales de base, qui ne sont qu’une version étendue de ce qui est
connu dans la philosophie éternelle comme la Grande Chaîne de l’Être :
matière, corps, pensée, âme et esprit. Par ordre croissant, les neuf
niveaux sont :
Un, les structures sensoriphysiques - celles-ci incluent les composants matériels du corps plus la sensation et la perception. C’est ce que Piaget appelé l’ intelligence sensorimotrice ; ce qu’Aurobindo a appelé le physique-sensoriel ; ce qu’on appelle dans le Vedanta l’annamaya-kosha, etc.
Deux, le "phantasmique-émotionnel" est le niveau émotionnel-sexuel, le niveau d’impulsion, de libido, l’élan vital, la bioénergie, le prana. Plus le niveau des images, les premières formes mentales. Les images - ce qu’Arieti appelle "le niveau phantasmique" - commencent à apparaître chez l’enfant en bas âge autour d’environ sept mois.
Trois, la pensée représentative, ou la pensée rep - ce que Piaget a appelé la pensée préopérationnelle. Elle consiste en symboles, qui apparaissent entre les âges de deux et quatre ans et ensuite en concepts, qui apparaissent entre les âges de quatre et sept ans.
Elisabeth Zundel : Quelle est la différence entre des images, des symboles et des concepts ?
KW : Une image représente une chose en ressemblant à cette chose. C’est assez simple. L’image d’un arbre, par exemple, ressemble plus ou moins à un arbre réel. Un symbole représente une chose mais il ne ressemble pas à la chose, ce qui est une tâche beaucoup plus difficile et plus élevée. Par exemple, le mot "Fido" représente votre chien, mais il ne ressemble pas du tout au chien réel, et donc il est plus difficile de le garder en mémoire. C’est pourquoi les mots apparaissent seulement après les images. Finalement, un concept représente une classe de choses. Le concept de "chien" signifie tous les chiens possibles, pas seulement Fido. Une tâche plus difficile encore. Un symbole dénote, un concept connote. Mais nous nous référons ensemble aux symboles et aux concepts comme à la pensée préopérationnelle ou représentative.
EZ : Et ensuite, la pensée règle/rôle ?
KW : Niveau quatre, la pensée règle/rôle, se développe entre les âges de sept et environ onze ans, ce que Piaget a appelé la pensée opérationnelle concrète. [...] Je l’appelle règle/rôle, parce que c’est la première structure qui peut effectuer la pensée régie par des règles, comme la multiplication ou la division et c’est la première structure qui peut prendre le rôle d’un autre, ou assumer en réalité une perspective différente de la sienne propre. C’est une structure très importante. Piaget l’appelle concrète opérationnelle parce que, bien qu’elle puisse exécuter des opérations complexes, elle le fait d’une façon très concrète et littérale. C’est par exemple la structure,, qui pense que les mythes sont concrètement vrais, littéralement vrais. Je voudrais mettre l’accent là-dessus.
Le niveau cinq, que j’appelle formel-réflexif, est la première structure qui peut non seulement penser, mais aussi penser au fait de penser. Il est ainsi fortement introspectif et il est capable de raisonnement hypothétique, ou de tester des propositions envers des faits. Ce que Piaget a appelé la pensée opérationnelle formelle. Elle apparaît typiquement à l’adolescence, et est responsable de la conscience de soi émergente et de l’idéalisme sauvage de cette période [...].
Le niveau six est existentiel, ou vision-logique, une logique qui n’est pas séparative, mais inclusive, intégrative, en réseau, connective [...].C’est une structure très intégratrice. Elle est en particulier capable d’intégrer la pesée et le corps en une union d’ordre plus élevée, que j’appelle "centaure", symbolisant l’union pensée-corps (pas l’identité).
Le niveau sept est appelé psychique, ce qui ne signifie pas à proprement parler de capacités psychiques en soi, bien que celles-ci puissent commencer à se développer ici. Mais principalement cela signifie juste les étapes initiales du transpersonnel, du développement spirituel, ou contemplatif [.... ].
Le niveau huit est appelé l’étape subtile, ou intermédiaire du développement spirituel, la demeure des formes lumineuses diverses, des formes divines ou de la Déité [...] ( à ne pas confondre avec les formes mythiques collectives de niveaux trois et quatre). La demeure d’un Dieu personnel, la demeure des archétypes transpersonnels "réels" et des formes supra-individuelles [...].
Le niveau neuf est le niveau causal, ou la source pure non-manifeste de tous les autres niveaux inférieurs [...].
Finalement, le papier sur lequel est dessiné l’ensemble du diagramme représente la réalité suprême, ou l’Esprit absolu, qui n’est pas un niveau parmi d’autres niveaux, mais le support et la Réalité de tous les niveaux [...] ; dans Bouddhisme, le pur alaya ; dans le Vedanta, le turiya.
EZ : Le niveau un est donc la matière, le niveau deux est le corps, les niveaux trois, quatre et cinq sont la pensée.
KW : C’est ça. Et le niveau six est une intégration de la pensée et du corps, que j’appelle centaure ; les niveaux sept et huit sont l’âme ; et le niveau neuf plus le papier est l’Esprit. Comme j’ai dit, ce n’est qu’une élaboration de matière, corps, pensée, âme et l’esprit, mais fait d’une manière qui peut être reliée avec la recherche psychologique occidentale.
EZ : Ainsi à chacune des neuf vagues de croissance de conscience, le Moi fait face à différentes tâches.
KW : Oui. L’enfant en bas âge commence à l’étape un, qui est essentiellement le niveau matériel ou physique. Ses émotions — niveau deux — sont très primitives et peu
développées, et il n’a aucune capacité en matière de symboles, de concepts, de règles, et ainsi de suite. C’est essentiellement un Moi physiologique. De plus, il est non différencié du maternel et du monde matériel autour de lui, ce qui est appelé la conscience adualiste ou océanique ou protoplasmique.
EZ : De nombreux théoriciens maintiennent que cet état océanique ou non indifférencié est une sorte d’état proto-mystique, puisque le sujet et l’objet ne font qu’un. Que cet état est l’état d’unité qui est retrouvé dans le mysticisme. Êtes-vous d’accord avec cela ?
[...]
[KW :] Beaucoup de théoriciens, après Jung, ont maintenu que puisque le mysticisme est une union sujet/objet, alors cet état précoce de fusion non différenciée doit être ce qui est d’une façon ou d’une autre retrouvé dans l’unité mystique. Ayant été un disciple de Jung, j’avais été d’accord avec cette position et avais d’ailleurs écrit plusieurs essais l’expliquant. Mais comme avec bien des choses de Jung, c’était maintenant une position que je considérais comme indéfendable. Et plus que cela, ennuyeuse, parce que cela signifiait incontestablement que le mysticisme constituait d’une manière ou d’une autre un état régressif. C’était chez moi, comme on dit, un sujet sensible.
Simplement parce que l’enfant en bas âge ne peut pas établir de différence entre sujet et objet, les théoriciens pensent que cet état constitue une sorte d’union mystique. Il n’en est rien. L’enfant en bas âge ne transcende pas le sujet et l’objet, l’enfant en bas âge ne peut déjà pas les différencier. Les mystiques sont parfaitement conscients de la différence conventionnelle entre le sujet et l’objet, ils sont simplement aussi conscients de la plus grande identité de fond qui les unit.
De plus, l’union mystique est une union avec tous les niveaux d’existence, physique, biologique, mentale et spirituelle. L’état de fusion infantile est une identité avec seulement le niveau physique ou sensorimoteur. Comme Piaget l’a dit, "le Moi est ici matériel, pour ainsi dire." Ce n’est pas une union avec le Tout, il n’y a rien de mystique en cela.
EZ : Mais dans l’état de fusion infantile il y a une union du sujet et de l’objet.
KW : Ce n’est pas une union, c’est une indissociation. Une union est deux choses distinctes réconciliées en une intégration plus élevée. Dans la fusion infantile, il n’y a pas au départ deux choses, il n’y a qu’une indifférentiation globale. Vous ne pouvez pas intégrer ce qui n’est pas d’abord différencié. De plus, même si nous disons que cet état infantile est une union de sujet et d’objet, permettez-moi de répéter que le sujet n’est ici qu’un sujet sensorimoteur indifférencié d’un monde sensorimoteur, ce n’est pas un sujet total intégré à tous les niveaux avec tous les mondes plus élevés. Autrement dit, ce n’est pas même un prototype d’union mystique, c’est plutôt l’exact opposé de l’état mystique. Cet état de fusion infantile est le plus grand point d’aliénation ou de séparation de tous les niveaux plus élevés et des mondes plus élevés dont l’intégration totale ou l’union constituent le mysticisme.
[...]
EZ : Cela est relié à ce que vous appelez l’erreur "pré/trans."
KW : Oui. Les étapes précoces de développement sont en grande partie prépersonnelles, dans la mesure ou un ego individué personnel séparé n’est pas encore apparu. Les étapes intermédiaires de croissance sont personnelles ou égotiques. Et les étapes les plus élevées sont transpersonnelles ou transégotiques.
Ce que je dis est que les gens ont tendance à confondre les états "pré" avec les états "trans" parce qu’ils sont superficiellement semblables. Une fois que vous avez identifié l’état de fusion infantile — qui est prépersonnel — avec l’union mystique — qui est transpersonnel — alors l’une des deux choses suivantes se produit. Soit vous élevez cet état infantile à une union mystique qu’il ne possède pas, soit vous niez tout véritable mysticisme en revendiquant que ce n’est rien d’autre qu’une régression au narcissisme infantile et à l’adualisme océanique. Jung et le mouvement Romantique font souvent le premier — ils ont tendance à élever les états pré-égotiques et prérationnels à une gloire transégotique et transrationnelle. Ils sont "élévationnistes". Et Freud et ses disciples font juste l’opposé : ils réduisent tout le transrationnel, transégotique, des états authentiquement mystiques au prérationnel, préégotique, des états infantiles. Ils sont "des réductionnistes". Les deux camps ont à moitié raison, à moitié tort. Le mysticisme véritable existe vraiment, et il n’a strictement rien d’infantile. Dire le contraire revient à confondre l’école primaire et secondaire ; c’est un peu fou et rend la situation totalement confuse [...].
EZ : Bien, donc nous pouvons maintenant retourner au sujet original. L’enfant en bas âge est essentiellement à l’étape un, au niveau sensoriperceptuel, que nous pouvons considérer comme n’étant pas mystique. Et si quelque chose se passe mal à cette étape du développement ?
KW : Comme ce niveau est si primitif, des perturbations ici sont très graves. Si l’enfant en bas âge ne parvient pas à se différencier de l’environnement, alors les frontières de son ego restent complètement fragiles et diffuses. L’individu ne peut pas dire où s’arrête son corps et ou commence la chaise. Il y a une confusion hallucinatoire de frontières entre l’intérieur et extérieur, entre le rêve et la réalité. C’est, bien sûr, l’adualisme, une des caractéristiques définissantes des psychoses. C’est une pathologie sévère affectant le niveau le plus primitif et basique de l’existence, le Moi matériel. Dans la petite enfance, cette perturbation contribue à l’autisme et à des psychoses symbiotiques ; s’il persiste à un degré important à l’âge adulte, il contribue aux psychoses dépressives et à beaucoup de schizophrénies adultes.
J’ai inscrit la modalité de traitement comme "physiologique/de pacification", puisque malheureusement les seuls traitements qui semblent vraiment fonctionner sont pharmacologiques ou de soins rapprochés.
EZ : Et lorsqu’émerge le niveau suivant, le niveau deux ?
KW : Alors qu’apparaît le niveau émotionnel-phantasmatique, particulièrement pendant les années un à trois, le Moi doit se différencier du monde matériel, et s’identifier au lieu de cela avec le monde biologique de son corps séparé et sentant, puis intégrer ensuite le monde physique dans sa perception. Autrement dit, le Moi doit briser son identité exclusive avec leMoi matériel et le monde matériel, et établir une identité d’un ordre plus élevé avec le corps, le corps comme une entité séparée et distincte dans le monde. C’est le levier deux, que les chercheurs comme Marguerite Mahler appellent la phase de développement "d’individualisation-séparation". Le moi-corps doit se séparer et s’individuer de la mère et du monde physique en général.
EZ : Et si des difficultés se produisent à cette étape ?
KW : Alors les frontières du Moi restent vagues, fluides, confuses. Le monde semble "déborder émotionnellement" dans le moi, le Moi est très volatile et instable. C’est ce que l’on appelle les syndromes limites. Des syndromes de ligne de démarcation prétendus, "la ligne de démarcation" parce que c’est la ligne de démarcation entre le psychoses du niveau précédent et les névroses du niveau suivant. Proches de cela, mais légèrement plus primitifs, sont les désordres narcissiques, où le Moi, précisément parce qu’il ne s’est pas entièrement différencié du monde, traite le monde comme son huître et les gens comme les simples extensions de lui. Complètement égocentrique, autrement dit, puisque le monde et Moi sont la même chose.
EZ : Et le traitement pour ces affections ?
KW : Il était considéré que ces désordres n’étaient pas traitables parce qu’ils étaient si primitifs. Mais récemment, stimulés par les travaux de Mahle Kohut, Kernberg et d’autres, une série de traitements connus comme "des techniques structurantes" ont été développés qui connaissent un certain succès. Puisque le problème principal avec les syndromes limites est que les frontières du Moi ne sont pas encore fermes, les techniques structurantes font précisément cela — elles construisent des structures, elles construisent des frontières, des frontières de l’ego. Elles aident la personne à différencier Moi et les autres, en expliquant essentiellement à la personne et montrant à la personne, que ce qui arrive à l’autre n’arrive pas nécessairement au moi. Vous pouvez par exemple ne pas être d’accord avec votre mère, et elle ne vous tuera pas. Ceci n’est pas évident pour quelqu’un qui n’a pas achevé l’individualisation-séparation.
Il est important de relever qu’avec ces syndromes limites, la psychothérapie n’essaye pas de mettre à jour quelque chose provenant de l’inconscient. Cela n’arrive qu’au niveau suivant, le niveau trois. Dans les conditions limites, le problème n’est pas qu’une barrière d’ego forte réprime une émotion ou une impulsion ; le problème est qu’il n’y a tout simplement pas de barrière d’ego forte ou une frontière. Il n’y a pas de barrière de répression et ainsi il n’y pas d’inconscient dynamique et il n’y a donc rien à mettre à jour. En fait, le but des techniques de structuration est de favoriser la progression de la personne jusqu’au niveau où ils peuvent réprimer ! À ce niveau, le Moi n’est tout simplement pas assez fort pour pouvoir réprimer quoi que ce soit.
EZ : Et cela, je suppose, se produit au niveau suivant, le niveau trois.
KW : Oui, c’est ça. Le niveau trois, ou la pensée représentative, commence à apparaître aux alentours d’environ deux ans et domine la conscience jusqu’aux environs de sept ans. Les symboles et des concepts, le langage lui-même, apparaissent et cela permet à l’enfant de transposer son identité d’un Moi simplement basé sur le corps à unMoi mental ou égotique. L’enfant n’est plus seulement un corps dominé par des sentiments présents et des impulsions, il ou elle est aussi unMoi mental, avec un nom, avec une identité, avec des espoirs et des souhaits étendus dans le temps. Le langage est le véhicule du temps ; c’est dans la langue que l’enfant peut penser à hier et dans le rêve à demain, et donc regretter le passé et éprouver la culpabilité, se soucier du futur et éprouver de l’anxiété.
Ainsi la culpabilité et l’inquiétude apparaissent à cette étape, et si l’inquiétude est trop grande, alors le Moi peut réprimer n’importe quelle pensée ou émotion qui cause de l’inquiétude. Ces pensées et émotions réprimées, particulièrement le sexe, l’agression et le pouvoir, constituent l’inconscient dynamiquement réprimé, ce que j’appelle (d’après Jung) l’ombre. Si l’ombre devient trop, trop surchargée, trop pleine, alors elle éclate en une série de symptômes douloureux connus comme les psychonévroses, ou les névroses pour court.
Ainsi, au niveau trois le Moi mental-égotique apparaît, aidé par le langage et apprend à se différencier du corps. Mais si cette différentiation va trop loin, le résultat est la dissociation, la répression. L’ego ne dépasse pas le corps, il l’aliène, l’exclut. Mais cela signifie seulement que des aspects du corps et ses désirs subsistent comme l’ombre sabotant douloureusement l’ego sous la forme de conflits névrotiques.
EZ : Et alors le traitement pour les névroses signifie entrer en contact avec l’ombre et la réintégrer.
KW : oui, c’est ça. Ces traitements sont appelés "techniques de découverte," parce qu’elles s’efforcent d’éclairer l’ombre, de la découvrir puis de la réintégrer, comme vous dites. Pour accomplir celà, la barrière de répression, créée par le langage et supportée par l’anxiété et la culpabilité, doit être soulevée ou relâchée. La personne, par exemple, pourrait être encouragée à dire ce qui lui vient à l’esprit sans le censurer. Mais quelle que soit la technique, le but est essentiellement le même : se réconcilier avec et reconquérir l’ombre.
EZ : l’étape suivante ?
KW : Niveau-quatre, la pensée règle/rôle — qui règne typiquement entre les âges de sept et onze ans – marque des changements très profonds de la conscience. Si vous prenez un enfant au niveau trois, celui de la pensée préopérationnelle et lui montrez une balle qui est rouge d’un côté et verte de l’autre, et placez le côté rouge vers l’enfant et le côté vert vers vous et lui demandez ensuite quelle couleur vous regardez, l’enfant dira "rouge". Autrement dit, lui ou elle ne peut pas prendre votre perspective, ne peut pas prendre le rôle d’autre. Avec l’apparition de pensée opérationnelle concrète, l’enfant dira correctement "vert". Lui ou elle peut prendre le rôle d’autre. Aussi, l’enfant à cette étape peut commencer à exécuter des opérations régies par les règles, comme l’inclusion de classe, la multiplication, la hiérarchisation, et cetera.
L’enfant, autrement dit, habite de plus en plus un monde de rôles et de règles. Son comportement est guidé par des scénarios, par des règles linguistiques qui dirigent le comportement et des rôles. Nous le voyons particulièrement avec le sens moral des enfants, comme décrit par Piaget, Kohlberg et Carol Gilligan. Dans les étapes précédentes, les étapes un à trois, la conscience morale de l’enfant est appelée préconventionnelle, parce qu’elle n’est pas basée sur des règles mentales et sociales, mais sur la simple récompense et la punition physiques, le plaisir et la douleur — c’est auto-centrique ou narcissique, comme nous pouvons nous y attendre. Mais avec l’apparition de la pensée règle/rôle, la conscience morale de l’enfant peut commencer à passer de préconventionnelle aux modes conventionnels - elle va d’auto-centrique à sociocentrique.
Et c’est très important : parce que la pensée règle/rôle ou conventionnelle ne peut pas encore introvertir de manière significative, les règles et les rôles qu’apprend le jeune enfant sont taillés dans la pierre. L’enfant accepte ces règles et ces rôles d’une façon inconditionnelle – ce que les chercheurs appellent l’étape conformiste. Manquant d’introspection, l’enfant ne peut pas indépendamment les juger et les suit donc de façon non-réflexive.
La plupart de ces règles et de ces rôles sont nécessaires et avantageux, tout du moins pour cette étape, mais certains d’entre eux peuvent être faux ou contradictoires ou induire en erreur. Beaucoup de nos scénarios, les scénarios par lesquels nous vivons, les scénarios que nous tenons de nos parents, de notre société, d’où que ce soit, sont simplement des mythes, ils ne sont pas vrais, ils induisent en erreur. Mais l’enfant à cette étape ne peut pas juger de cela ! L’enfant à cette étape prend tant de choses littéralement et concrètement, et si ces croyances erronées persistent dans l’âge adulte, vous avez une pathologie de scénario. Vous pouvez en venir à vous dire que vous n’êtes bon à rien, que vous êtes pourris jusqu’au fond, que Dieu vous punira pour avoir de mauvaises pensées, que personne ne peut vous aimer, que vous êtes un misérable pécheur, etc.
Le traitement ici — particulièrement le traitement connu la thérapie cognitive – consiste à déraciner ces mythes et à les exposer à la lumière de la raison et de l’évidence. On nomme cette action la réécriture de scénario, et c’est une thérapie très puissante, très efficace, particulièrement dans les cas de dépression et de faible estime de soi.
EZ : Je pense que c’est clair. Qu’en est-il du niveau cinq ?
KW : Avec l’apparition de la pensée opérationnelle formelle, d’habitude entre les âges de onze et quinze ans, une autre transformation tout à fait extraordinaire se produit. Avec la pensée opérationnelle formelle, l’individu peut réfléchir sur les normes et les règles de la société, et juger ainsi par lui-même s’ils valent quelque-chose ou non. Cela introduit ce que Kohlberg et Gilligan appellent la moralité post-conventionnelle. Ce n’est plus soumis à des normes sociales conformistes, ce n’est plus lié à la tribu ou au groupe ou à une société particulière, mais juge plutôt les actions selon des standards plus universels — ce qui est bon, ou juste, non pas juste pour mon groupe, mais pour les personnes en général. Cela a bien sûr un sens, parce que le développement plus élevé signifie toujours la possibilité d’intégration plus haute ou plus universelle - dans ce cas, d’auto-centrique à sociocentrique à monde-centrique, et j’ajouterais en route vers théocentrique.
À cette étape, la personne développe aussi la capacité pour l’introspection forte et soutenue. "Qui suis-je ?" devient pour la première fois une question brûlante. Non plus protégé par — et incorporé dans — les règles conformistes et les rôles de l’étape précédente, les individus doivent ici modeler leur identité propre, pour ainsi dire. S’il se produit ici des problèmes, la personne développe ce qu’Erikson a appelé une crise d’identité. Et le seul traitement pour cela est plus d’introspection. Le thérapeute devient ici une sorte de philosophe, et engage le client dans un dialogue Socratique qui les aide...
EZ : Les aide à découvrir par eux-mêmes précisément qui ils sont, qui ils veulent être, le type de personne qu’ils peuvent être.
KW : oui, c’est ça. Ce n’est pas à ce stade une grande quête mystique, cela ne recherche pas le Moi transcendantal, le Moi majuscule, qui est un chez tous les gens. Cela consiste à chercher un moi approprié, un moi, pas le moi absolu, le Moi avec un grand M. C’est l’Attrape-cœurs.
EZ : Le niveau existentiel ?
KW : John Broughton, Jane Loevinger et plusieurs autres chercheurs ont souligné que si la croissance psychologique continue, les gens peuvent développer une personnalité hautement intégrée, où — selon les mots de Loevinger — l’esprit et le corps sont tous deux des expériences d’un intégré." J’appelle centaure cette intégration corps-esprit. Les problèmes au niveau centaure sont des problèmes existentiels, des problèmes inhérents à l’existence manifeste elle-même, comme la mortalité, la finitude, l’intégrité, l’authenticité, les sens de la vie. Non pas que ceux-ci n’émergent pas à d’autres étapes, simplement ils viennent ici sur le devant de la scène, ils dominent. Et les thérapies qui s’adressent à ces soucis sont les thérapies humanistes et existentielles, ce que l’on a appelé la Troisième (après la Première Force de la psychanalyse et la Deuxième Force du béhaviorisme).
EZ : Bien, si maintenant nous en venions aux niveaux plus élevés de développement, commençant avec le psychique.
KW : Oui. Alors que vous continuez à vous développer et à évoluer dans les vagues transpersonnelles, les vagues sept à neuf, votre identité continue à s’étendre, dépassant d’abord le corps-esprit pour parvenir à des dimensions d’existence spirituelles et transcendantales plus larges, culminant finalement dans l’identité la plus large possible - l’identité suprême, l’identité de votre conscience et de l’ensemble de l’univers – pas seulement l’univers physique, mais multi-dimensionnel, l’univers divin, théocentrique."
Un, les structures sensoriphysiques - celles-ci incluent les composants matériels du corps plus la sensation et la perception. C’est ce que Piaget appelé l’ intelligence sensorimotrice ; ce qu’Aurobindo a appelé le physique-sensoriel ; ce qu’on appelle dans le Vedanta l’annamaya-kosha, etc.
Deux, le "phantasmique-émotionnel" est le niveau émotionnel-sexuel, le niveau d’impulsion, de libido, l’élan vital, la bioénergie, le prana. Plus le niveau des images, les premières formes mentales. Les images - ce qu’Arieti appelle "le niveau phantasmique" - commencent à apparaître chez l’enfant en bas âge autour d’environ sept mois.
Trois, la pensée représentative, ou la pensée rep - ce que Piaget a appelé la pensée préopérationnelle. Elle consiste en symboles, qui apparaissent entre les âges de deux et quatre ans et ensuite en concepts, qui apparaissent entre les âges de quatre et sept ans.
Elisabeth Zundel : Quelle est la différence entre des images, des symboles et des concepts ?
KW : Une image représente une chose en ressemblant à cette chose. C’est assez simple. L’image d’un arbre, par exemple, ressemble plus ou moins à un arbre réel. Un symbole représente une chose mais il ne ressemble pas à la chose, ce qui est une tâche beaucoup plus difficile et plus élevée. Par exemple, le mot "Fido" représente votre chien, mais il ne ressemble pas du tout au chien réel, et donc il est plus difficile de le garder en mémoire. C’est pourquoi les mots apparaissent seulement après les images. Finalement, un concept représente une classe de choses. Le concept de "chien" signifie tous les chiens possibles, pas seulement Fido. Une tâche plus difficile encore. Un symbole dénote, un concept connote. Mais nous nous référons ensemble aux symboles et aux concepts comme à la pensée préopérationnelle ou représentative.
EZ : Et ensuite, la pensée règle/rôle ?
KW : Niveau quatre, la pensée règle/rôle, se développe entre les âges de sept et environ onze ans, ce que Piaget a appelé la pensée opérationnelle concrète. [...] Je l’appelle règle/rôle, parce que c’est la première structure qui peut effectuer la pensée régie par des règles, comme la multiplication ou la division et c’est la première structure qui peut prendre le rôle d’un autre, ou assumer en réalité une perspective différente de la sienne propre. C’est une structure très importante. Piaget l’appelle concrète opérationnelle parce que, bien qu’elle puisse exécuter des opérations complexes, elle le fait d’une façon très concrète et littérale. C’est par exemple la structure,, qui pense que les mythes sont concrètement vrais, littéralement vrais. Je voudrais mettre l’accent là-dessus.
Le niveau cinq, que j’appelle formel-réflexif, est la première structure qui peut non seulement penser, mais aussi penser au fait de penser. Il est ainsi fortement introspectif et il est capable de raisonnement hypothétique, ou de tester des propositions envers des faits. Ce que Piaget a appelé la pensée opérationnelle formelle. Elle apparaît typiquement à l’adolescence, et est responsable de la conscience de soi émergente et de l’idéalisme sauvage de cette période [...].
Le niveau six est existentiel, ou vision-logique, une logique qui n’est pas séparative, mais inclusive, intégrative, en réseau, connective [...].C’est une structure très intégratrice. Elle est en particulier capable d’intégrer la pesée et le corps en une union d’ordre plus élevée, que j’appelle "centaure", symbolisant l’union pensée-corps (pas l’identité).
Le niveau sept est appelé psychique, ce qui ne signifie pas à proprement parler de capacités psychiques en soi, bien que celles-ci puissent commencer à se développer ici. Mais principalement cela signifie juste les étapes initiales du transpersonnel, du développement spirituel, ou contemplatif [.... ].
Le niveau huit est appelé l’étape subtile, ou intermédiaire du développement spirituel, la demeure des formes lumineuses diverses, des formes divines ou de la Déité [...] ( à ne pas confondre avec les formes mythiques collectives de niveaux trois et quatre). La demeure d’un Dieu personnel, la demeure des archétypes transpersonnels "réels" et des formes supra-individuelles [...].
Le niveau neuf est le niveau causal, ou la source pure non-manifeste de tous les autres niveaux inférieurs [...].
Finalement, le papier sur lequel est dessiné l’ensemble du diagramme représente la réalité suprême, ou l’Esprit absolu, qui n’est pas un niveau parmi d’autres niveaux, mais le support et la Réalité de tous les niveaux [...] ; dans Bouddhisme, le pur alaya ; dans le Vedanta, le turiya.
EZ : Le niveau un est donc la matière, le niveau deux est le corps, les niveaux trois, quatre et cinq sont la pensée.
KW : C’est ça. Et le niveau six est une intégration de la pensée et du corps, que j’appelle centaure ; les niveaux sept et huit sont l’âme ; et le niveau neuf plus le papier est l’Esprit. Comme j’ai dit, ce n’est qu’une élaboration de matière, corps, pensée, âme et l’esprit, mais fait d’une manière qui peut être reliée avec la recherche psychologique occidentale.
EZ : Ainsi à chacune des neuf vagues de croissance de conscience, le Moi fait face à différentes tâches.
KW : Oui. L’enfant en bas âge commence à l’étape un, qui est essentiellement le niveau matériel ou physique. Ses émotions — niveau deux — sont très primitives et peu
développées, et il n’a aucune capacité en matière de symboles, de concepts, de règles, et ainsi de suite. C’est essentiellement un Moi physiologique. De plus, il est non différencié du maternel et du monde matériel autour de lui, ce qui est appelé la conscience adualiste ou océanique ou protoplasmique.
EZ : De nombreux théoriciens maintiennent que cet état océanique ou non indifférencié est une sorte d’état proto-mystique, puisque le sujet et l’objet ne font qu’un. Que cet état est l’état d’unité qui est retrouvé dans le mysticisme. Êtes-vous d’accord avec cela ?
[...]
[KW :] Beaucoup de théoriciens, après Jung, ont maintenu que puisque le mysticisme est une union sujet/objet, alors cet état précoce de fusion non différenciée doit être ce qui est d’une façon ou d’une autre retrouvé dans l’unité mystique. Ayant été un disciple de Jung, j’avais été d’accord avec cette position et avais d’ailleurs écrit plusieurs essais l’expliquant. Mais comme avec bien des choses de Jung, c’était maintenant une position que je considérais comme indéfendable. Et plus que cela, ennuyeuse, parce que cela signifiait incontestablement que le mysticisme constituait d’une manière ou d’une autre un état régressif. C’était chez moi, comme on dit, un sujet sensible.
Simplement parce que l’enfant en bas âge ne peut pas établir de différence entre sujet et objet, les théoriciens pensent que cet état constitue une sorte d’union mystique. Il n’en est rien. L’enfant en bas âge ne transcende pas le sujet et l’objet, l’enfant en bas âge ne peut déjà pas les différencier. Les mystiques sont parfaitement conscients de la différence conventionnelle entre le sujet et l’objet, ils sont simplement aussi conscients de la plus grande identité de fond qui les unit.
De plus, l’union mystique est une union avec tous les niveaux d’existence, physique, biologique, mentale et spirituelle. L’état de fusion infantile est une identité avec seulement le niveau physique ou sensorimoteur. Comme Piaget l’a dit, "le Moi est ici matériel, pour ainsi dire." Ce n’est pas une union avec le Tout, il n’y a rien de mystique en cela.
EZ : Mais dans l’état de fusion infantile il y a une union du sujet et de l’objet.
KW : Ce n’est pas une union, c’est une indissociation. Une union est deux choses distinctes réconciliées en une intégration plus élevée. Dans la fusion infantile, il n’y a pas au départ deux choses, il n’y a qu’une indifférentiation globale. Vous ne pouvez pas intégrer ce qui n’est pas d’abord différencié. De plus, même si nous disons que cet état infantile est une union de sujet et d’objet, permettez-moi de répéter que le sujet n’est ici qu’un sujet sensorimoteur indifférencié d’un monde sensorimoteur, ce n’est pas un sujet total intégré à tous les niveaux avec tous les mondes plus élevés. Autrement dit, ce n’est pas même un prototype d’union mystique, c’est plutôt l’exact opposé de l’état mystique. Cet état de fusion infantile est le plus grand point d’aliénation ou de séparation de tous les niveaux plus élevés et des mondes plus élevés dont l’intégration totale ou l’union constituent le mysticisme.
[...]
EZ : Cela est relié à ce que vous appelez l’erreur "pré/trans."
KW : Oui. Les étapes précoces de développement sont en grande partie prépersonnelles, dans la mesure ou un ego individué personnel séparé n’est pas encore apparu. Les étapes intermédiaires de croissance sont personnelles ou égotiques. Et les étapes les plus élevées sont transpersonnelles ou transégotiques.
Ce que je dis est que les gens ont tendance à confondre les états "pré" avec les états "trans" parce qu’ils sont superficiellement semblables. Une fois que vous avez identifié l’état de fusion infantile — qui est prépersonnel — avec l’union mystique — qui est transpersonnel — alors l’une des deux choses suivantes se produit. Soit vous élevez cet état infantile à une union mystique qu’il ne possède pas, soit vous niez tout véritable mysticisme en revendiquant que ce n’est rien d’autre qu’une régression au narcissisme infantile et à l’adualisme océanique. Jung et le mouvement Romantique font souvent le premier — ils ont tendance à élever les états pré-égotiques et prérationnels à une gloire transégotique et transrationnelle. Ils sont "élévationnistes". Et Freud et ses disciples font juste l’opposé : ils réduisent tout le transrationnel, transégotique, des états authentiquement mystiques au prérationnel, préégotique, des états infantiles. Ils sont "des réductionnistes". Les deux camps ont à moitié raison, à moitié tort. Le mysticisme véritable existe vraiment, et il n’a strictement rien d’infantile. Dire le contraire revient à confondre l’école primaire et secondaire ; c’est un peu fou et rend la situation totalement confuse [...].
EZ : Bien, donc nous pouvons maintenant retourner au sujet original. L’enfant en bas âge est essentiellement à l’étape un, au niveau sensoriperceptuel, que nous pouvons considérer comme n’étant pas mystique. Et si quelque chose se passe mal à cette étape du développement ?
KW : Comme ce niveau est si primitif, des perturbations ici sont très graves. Si l’enfant en bas âge ne parvient pas à se différencier de l’environnement, alors les frontières de son ego restent complètement fragiles et diffuses. L’individu ne peut pas dire où s’arrête son corps et ou commence la chaise. Il y a une confusion hallucinatoire de frontières entre l’intérieur et extérieur, entre le rêve et la réalité. C’est, bien sûr, l’adualisme, une des caractéristiques définissantes des psychoses. C’est une pathologie sévère affectant le niveau le plus primitif et basique de l’existence, le Moi matériel. Dans la petite enfance, cette perturbation contribue à l’autisme et à des psychoses symbiotiques ; s’il persiste à un degré important à l’âge adulte, il contribue aux psychoses dépressives et à beaucoup de schizophrénies adultes.
J’ai inscrit la modalité de traitement comme "physiologique/de pacification", puisque malheureusement les seuls traitements qui semblent vraiment fonctionner sont pharmacologiques ou de soins rapprochés.
EZ : Et lorsqu’émerge le niveau suivant, le niveau deux ?
KW : Alors qu’apparaît le niveau émotionnel-phantasmatique, particulièrement pendant les années un à trois, le Moi doit se différencier du monde matériel, et s’identifier au lieu de cela avec le monde biologique de son corps séparé et sentant, puis intégrer ensuite le monde physique dans sa perception. Autrement dit, le Moi doit briser son identité exclusive avec leMoi matériel et le monde matériel, et établir une identité d’un ordre plus élevé avec le corps, le corps comme une entité séparée et distincte dans le monde. C’est le levier deux, que les chercheurs comme Marguerite Mahler appellent la phase de développement "d’individualisation-séparation". Le moi-corps doit se séparer et s’individuer de la mère et du monde physique en général.
EZ : Et si des difficultés se produisent à cette étape ?
KW : Alors les frontières du Moi restent vagues, fluides, confuses. Le monde semble "déborder émotionnellement" dans le moi, le Moi est très volatile et instable. C’est ce que l’on appelle les syndromes limites. Des syndromes de ligne de démarcation prétendus, "la ligne de démarcation" parce que c’est la ligne de démarcation entre le psychoses du niveau précédent et les névroses du niveau suivant. Proches de cela, mais légèrement plus primitifs, sont les désordres narcissiques, où le Moi, précisément parce qu’il ne s’est pas entièrement différencié du monde, traite le monde comme son huître et les gens comme les simples extensions de lui. Complètement égocentrique, autrement dit, puisque le monde et Moi sont la même chose.
EZ : Et le traitement pour ces affections ?
KW : Il était considéré que ces désordres n’étaient pas traitables parce qu’ils étaient si primitifs. Mais récemment, stimulés par les travaux de Mahle Kohut, Kernberg et d’autres, une série de traitements connus comme "des techniques structurantes" ont été développés qui connaissent un certain succès. Puisque le problème principal avec les syndromes limites est que les frontières du Moi ne sont pas encore fermes, les techniques structurantes font précisément cela — elles construisent des structures, elles construisent des frontières, des frontières de l’ego. Elles aident la personne à différencier Moi et les autres, en expliquant essentiellement à la personne et montrant à la personne, que ce qui arrive à l’autre n’arrive pas nécessairement au moi. Vous pouvez par exemple ne pas être d’accord avec votre mère, et elle ne vous tuera pas. Ceci n’est pas évident pour quelqu’un qui n’a pas achevé l’individualisation-séparation.
Il est important de relever qu’avec ces syndromes limites, la psychothérapie n’essaye pas de mettre à jour quelque chose provenant de l’inconscient. Cela n’arrive qu’au niveau suivant, le niveau trois. Dans les conditions limites, le problème n’est pas qu’une barrière d’ego forte réprime une émotion ou une impulsion ; le problème est qu’il n’y a tout simplement pas de barrière d’ego forte ou une frontière. Il n’y a pas de barrière de répression et ainsi il n’y pas d’inconscient dynamique et il n’y a donc rien à mettre à jour. En fait, le but des techniques de structuration est de favoriser la progression de la personne jusqu’au niveau où ils peuvent réprimer ! À ce niveau, le Moi n’est tout simplement pas assez fort pour pouvoir réprimer quoi que ce soit.
EZ : Et cela, je suppose, se produit au niveau suivant, le niveau trois.
KW : Oui, c’est ça. Le niveau trois, ou la pensée représentative, commence à apparaître aux alentours d’environ deux ans et domine la conscience jusqu’aux environs de sept ans. Les symboles et des concepts, le langage lui-même, apparaissent et cela permet à l’enfant de transposer son identité d’un Moi simplement basé sur le corps à unMoi mental ou égotique. L’enfant n’est plus seulement un corps dominé par des sentiments présents et des impulsions, il ou elle est aussi unMoi mental, avec un nom, avec une identité, avec des espoirs et des souhaits étendus dans le temps. Le langage est le véhicule du temps ; c’est dans la langue que l’enfant peut penser à hier et dans le rêve à demain, et donc regretter le passé et éprouver la culpabilité, se soucier du futur et éprouver de l’anxiété.
Ainsi la culpabilité et l’inquiétude apparaissent à cette étape, et si l’inquiétude est trop grande, alors le Moi peut réprimer n’importe quelle pensée ou émotion qui cause de l’inquiétude. Ces pensées et émotions réprimées, particulièrement le sexe, l’agression et le pouvoir, constituent l’inconscient dynamiquement réprimé, ce que j’appelle (d’après Jung) l’ombre. Si l’ombre devient trop, trop surchargée, trop pleine, alors elle éclate en une série de symptômes douloureux connus comme les psychonévroses, ou les névroses pour court.
Ainsi, au niveau trois le Moi mental-égotique apparaît, aidé par le langage et apprend à se différencier du corps. Mais si cette différentiation va trop loin, le résultat est la dissociation, la répression. L’ego ne dépasse pas le corps, il l’aliène, l’exclut. Mais cela signifie seulement que des aspects du corps et ses désirs subsistent comme l’ombre sabotant douloureusement l’ego sous la forme de conflits névrotiques.
EZ : Et alors le traitement pour les névroses signifie entrer en contact avec l’ombre et la réintégrer.
KW : oui, c’est ça. Ces traitements sont appelés "techniques de découverte," parce qu’elles s’efforcent d’éclairer l’ombre, de la découvrir puis de la réintégrer, comme vous dites. Pour accomplir celà, la barrière de répression, créée par le langage et supportée par l’anxiété et la culpabilité, doit être soulevée ou relâchée. La personne, par exemple, pourrait être encouragée à dire ce qui lui vient à l’esprit sans le censurer. Mais quelle que soit la technique, le but est essentiellement le même : se réconcilier avec et reconquérir l’ombre.
EZ : l’étape suivante ?
KW : Niveau-quatre, la pensée règle/rôle — qui règne typiquement entre les âges de sept et onze ans – marque des changements très profonds de la conscience. Si vous prenez un enfant au niveau trois, celui de la pensée préopérationnelle et lui montrez une balle qui est rouge d’un côté et verte de l’autre, et placez le côté rouge vers l’enfant et le côté vert vers vous et lui demandez ensuite quelle couleur vous regardez, l’enfant dira "rouge". Autrement dit, lui ou elle ne peut pas prendre votre perspective, ne peut pas prendre le rôle d’autre. Avec l’apparition de pensée opérationnelle concrète, l’enfant dira correctement "vert". Lui ou elle peut prendre le rôle d’autre. Aussi, l’enfant à cette étape peut commencer à exécuter des opérations régies par les règles, comme l’inclusion de classe, la multiplication, la hiérarchisation, et cetera.
L’enfant, autrement dit, habite de plus en plus un monde de rôles et de règles. Son comportement est guidé par des scénarios, par des règles linguistiques qui dirigent le comportement et des rôles. Nous le voyons particulièrement avec le sens moral des enfants, comme décrit par Piaget, Kohlberg et Carol Gilligan. Dans les étapes précédentes, les étapes un à trois, la conscience morale de l’enfant est appelée préconventionnelle, parce qu’elle n’est pas basée sur des règles mentales et sociales, mais sur la simple récompense et la punition physiques, le plaisir et la douleur — c’est auto-centrique ou narcissique, comme nous pouvons nous y attendre. Mais avec l’apparition de la pensée règle/rôle, la conscience morale de l’enfant peut commencer à passer de préconventionnelle aux modes conventionnels - elle va d’auto-centrique à sociocentrique.
Et c’est très important : parce que la pensée règle/rôle ou conventionnelle ne peut pas encore introvertir de manière significative, les règles et les rôles qu’apprend le jeune enfant sont taillés dans la pierre. L’enfant accepte ces règles et ces rôles d’une façon inconditionnelle – ce que les chercheurs appellent l’étape conformiste. Manquant d’introspection, l’enfant ne peut pas indépendamment les juger et les suit donc de façon non-réflexive.
La plupart de ces règles et de ces rôles sont nécessaires et avantageux, tout du moins pour cette étape, mais certains d’entre eux peuvent être faux ou contradictoires ou induire en erreur. Beaucoup de nos scénarios, les scénarios par lesquels nous vivons, les scénarios que nous tenons de nos parents, de notre société, d’où que ce soit, sont simplement des mythes, ils ne sont pas vrais, ils induisent en erreur. Mais l’enfant à cette étape ne peut pas juger de cela ! L’enfant à cette étape prend tant de choses littéralement et concrètement, et si ces croyances erronées persistent dans l’âge adulte, vous avez une pathologie de scénario. Vous pouvez en venir à vous dire que vous n’êtes bon à rien, que vous êtes pourris jusqu’au fond, que Dieu vous punira pour avoir de mauvaises pensées, que personne ne peut vous aimer, que vous êtes un misérable pécheur, etc.
Le traitement ici — particulièrement le traitement connu la thérapie cognitive – consiste à déraciner ces mythes et à les exposer à la lumière de la raison et de l’évidence. On nomme cette action la réécriture de scénario, et c’est une thérapie très puissante, très efficace, particulièrement dans les cas de dépression et de faible estime de soi.
EZ : Je pense que c’est clair. Qu’en est-il du niveau cinq ?
KW : Avec l’apparition de la pensée opérationnelle formelle, d’habitude entre les âges de onze et quinze ans, une autre transformation tout à fait extraordinaire se produit. Avec la pensée opérationnelle formelle, l’individu peut réfléchir sur les normes et les règles de la société, et juger ainsi par lui-même s’ils valent quelque-chose ou non. Cela introduit ce que Kohlberg et Gilligan appellent la moralité post-conventionnelle. Ce n’est plus soumis à des normes sociales conformistes, ce n’est plus lié à la tribu ou au groupe ou à une société particulière, mais juge plutôt les actions selon des standards plus universels — ce qui est bon, ou juste, non pas juste pour mon groupe, mais pour les personnes en général. Cela a bien sûr un sens, parce que le développement plus élevé signifie toujours la possibilité d’intégration plus haute ou plus universelle - dans ce cas, d’auto-centrique à sociocentrique à monde-centrique, et j’ajouterais en route vers théocentrique.
À cette étape, la personne développe aussi la capacité pour l’introspection forte et soutenue. "Qui suis-je ?" devient pour la première fois une question brûlante. Non plus protégé par — et incorporé dans — les règles conformistes et les rôles de l’étape précédente, les individus doivent ici modeler leur identité propre, pour ainsi dire. S’il se produit ici des problèmes, la personne développe ce qu’Erikson a appelé une crise d’identité. Et le seul traitement pour cela est plus d’introspection. Le thérapeute devient ici une sorte de philosophe, et engage le client dans un dialogue Socratique qui les aide...
EZ : Les aide à découvrir par eux-mêmes précisément qui ils sont, qui ils veulent être, le type de personne qu’ils peuvent être.
KW : oui, c’est ça. Ce n’est pas à ce stade une grande quête mystique, cela ne recherche pas le Moi transcendantal, le Moi majuscule, qui est un chez tous les gens. Cela consiste à chercher un moi approprié, un moi, pas le moi absolu, le Moi avec un grand M. C’est l’Attrape-cœurs.
EZ : Le niveau existentiel ?
KW : John Broughton, Jane Loevinger et plusieurs autres chercheurs ont souligné que si la croissance psychologique continue, les gens peuvent développer une personnalité hautement intégrée, où — selon les mots de Loevinger — l’esprit et le corps sont tous deux des expériences d’un intégré." J’appelle centaure cette intégration corps-esprit. Les problèmes au niveau centaure sont des problèmes existentiels, des problèmes inhérents à l’existence manifeste elle-même, comme la mortalité, la finitude, l’intégrité, l’authenticité, les sens de la vie. Non pas que ceux-ci n’émergent pas à d’autres étapes, simplement ils viennent ici sur le devant de la scène, ils dominent. Et les thérapies qui s’adressent à ces soucis sont les thérapies humanistes et existentielles, ce que l’on a appelé la Troisième (après la Première Force de la psychanalyse et la Deuxième Force du béhaviorisme).
EZ : Bien, si maintenant nous en venions aux niveaux plus élevés de développement, commençant avec le psychique.
KW : Oui. Alors que vous continuez à vous développer et à évoluer dans les vagues transpersonnelles, les vagues sept à neuf, votre identité continue à s’étendre, dépassant d’abord le corps-esprit pour parvenir à des dimensions d’existence spirituelles et transcendantales plus larges, culminant finalement dans l’identité la plus large possible - l’identité suprême, l’identité de votre conscience et de l’ensemble de l’univers – pas seulement l’univers physique, mais multi-dimensionnel, l’univers divin, théocentrique."
2 - Transition critique :
Cependant Wilber dans sa façon d’inclure la spiritualité au sein de la psychologie paraît plus discutable. Par exemple, il n’envisage pas sérieusement les implications d’une spiritualité athée et surtout d’une recherche spirituelle qui se refuserait à tout cadre religieux. Ainsi au-delà de la théocratie et de la démocratie il envisage de fonder ce qu’il appelle une holocratie (au regard de l’holarchie, sa conception de la chaîne des êtres et de l’évolution). Il estime que le relativisme contemporain doit réinvestir politiquement une forme de hiérarchie spirituelle dont le schéma de développement psychologique que nous venons de voir participerait à justifier. Mais échappe-t-il à notre critique de l’organisation hiérarchique telle que nous l’avons vue dans notre leçon sur la liberté politique ? Nous ne le croyons pas. Une organisation hiérarchique reste linéaire et bidimensionnelle et il n’est pas sûr que le développement spirituel et psychologique ne soit pas seulement linéaire et bidimensionnel... Si nous pouvons suggérer qu’il en est ainsi nous montrerons que sa vision psychospirituelle pourtant brillante n’est absolument pas étrangère à l’erreur et à la fausseté.
V. L’inconscient au-delà du subconscient et prise de conscience de l’unité du champ de conscience.
Une démarche psychologique qui se voudra plus rigoureuse que celle de Wilber doit être porteuse d’un viscéral scepticisme méthodologique. Elle doit toujours transcender toute fixation mentale, émotionnelle, pulsionnelle et sensorielle même si elles paraissent efficaces en apparence. Un scepticisme méthodologique consiste à reconnaître au sein même de nos théories que nous ne pouvons pas conclure quant à la valeur ultime de tout ce qui apparaît dans la conscience même si s’éclaire une relation avec la source de ce qui apparaît dès lors que nous sommes pas la source de ce qui apparaît.
On peut envisager comme Wilber qu’il y a dans l’espace de conscience une nature indéfinissable qui transcende le « moi », le surmoi et le çà. Ce quelque chose enfoui en tout point du champ de conscience poserait le « moi » subjectif et le çà, chacun en tant que flux changeant d’apparences. Bien que dans l’ordre des apparences matérielles tel qu’il est décrit aujourd’hui par la majorité des scientifiques, le champ de conscience apparent où se construit le « moi » subjectif émerge du çà matériel usuellement non directement apparent, le çà freudien ne pourrait pas être assimilé à ce qui semblerait notre intériorité authentique. Wilber argue que on ne doit pas confondre la psychologie herméneutique développée partant de vécus intérieurs (le point de vue intérieur d’un sujet) et l’étude des phénomènes neuronaux expérimentés de l’extérieur (le point de vue extérieur de l’objet) même si ces deux points de vue s’inscrivent au sein d’une même réalité. En nous en tenant à un authentique scepticisme méthodologique, on peut légitimement penser que le çà freudien entendu dans un sens strictement matérialiste outrepasse le scepticisme méthodologique de rigueur et limite faussement toute étude de la phénoménologie (des fonctionnements métapsychologiques) de la conscience : le çà freudien reste un ensemble disparates d’apparences qu’on pense liées causalement et donc temporellement, il n’offre en rien les gages d’une intériorité véritable de la conscience, d’un véritable horizon d’apparition de toutes les apparences (ce qui apparaît dans la conscience sans qu’on sache si cela reflète une réalité ou non en dehors de la conscience). L’intériorité du champ de conscience ne peut pas être réduit aux seules propriétés apparentes des apparences spatiales et temporelles : c’est ce point d’ailleurs qui pour Kant nous empêcherait de faire l’expérience directe de l’intériorité véritable de la conscience. Le champ de conscience peut éventuellement aussi transcender l’espace et la temporalité usuelle de la conscience personnelle. Dans l’instantanéité du maintenant de tout l’espace de conscience englobant notre subjectivité spatio-temporelle, les autres et le monde (cf. les schémas inspirés de Douglas Edison Harding), ne sommes-nous pas en train de transcender la spatialité et la temporalité usuelle de notre conscience habituellement focalisée sur le devenir spatio-temporel de notre seule subjectivité ?
Plutôt que d’assimiler çà et intériorité, il semble donc plus approprié d’évoquer un X, c’est-à-dire une dimension inconnue qui fait être sur son horizon toutes les apparences par delà même l’apparent horizon du devenir de certaines apparences dont celles de la volonté du moi et des apparences psychophysiques temporelles.
D’ailleurs, il n’est pas certain qu’on doive réduire l’inconscient à un subconscient d’apparence matériel.
2. Inconscient supraconscient et l’inconscient subconscient.
Qu’est-ce qui empêche l’inconscient d’exister aussi sous la forme de supraconscience, c’est-à-dire sous l’apparence d’idées archétypes (ou formes intelligibles structurant notre mental fictif) émanant de la transcendance comme chez le philosophe Platon ?
La beauté pour Platon est (voir notre leçon sur l’art) comme une source lumineuse produisant des rayons d’intelligence intellectuelle et lorsqu’un rayon de lumière mentale qui sourd de cette source supramentale essaie de connaître sa source, il ne peut y remonter sans que son aspiration mentale s’y efface au point où le mental est produit de façon surmentale près de cette source. En effet en parvenant à ce point où le mental est produit de façon surmentale, il est alors seulement une réalité surmentale qui provient de la source supramentale elle-même et son aspiration à connaître la source n’a plus lieu d’être mentale. La beauté est donc l’origine de la docte ignorance intellectuelle : le jugement reste suspendu à la révélation de la beauté sur le plan du savoir mental et plus généralement sur le plan des apparences. La beauté des apparences, source de toute apparition s’enracine dans la beauté cachée de l’âme : le philosophe devra d’abord nourrir la soif de beauté de son âme, il doit apprendre à discriminer sa soif érotique de beauté de ses appétits pulsionnels liés au corps, il doit apprendre à discriminer cette soif de beauté de ses ambitions émotionnelles, il doit apprendre sa soif de beauté de ses tendances à se positionner mentalement. Cette soif est cependant dans l’âme et en grandissant ainsi elle lui procure un état paradoxal de calme aspiration de plus en plus intense vers sa source. La beauté qui est dans la chose est aussi dans l’acte du regard : le regard débutant est souvent éveillé par la beauté de la chose (les beaux corps, les belles actions, les beaux sentiments) mais peu à peu le regard même révèle sa beauté (beauté de l’âme, beauté des sciences, etc.) : la soif de beauté travaille d’abord dans la confusion avec l’appétit de posséder la beauté et révélant cette confusion devient soif d’incarner en soi la beauté. Cette soif peut conduire à cet état où il est enfin certain que la beauté en soi s’avère l’acte d’être d’une prise de conscience du regard de l’âme. La conscience de la beauté qui transcende l’âme se dévoile alors à elle-même d’abord comme intelligence intuitive surmentale de multiples principes générateurs qui sont des idées archétypes, des essences par delà les idées simplement discursives des sciences. Ces idées archétypes surmentales informent non seulement notre intellect à propos du vrai mais aussi sont la cause de l’âme et de toutes les matérialisations. Plus profondément, cette intelligence intuitive surmentale de la conscience se dévoile comme le mouvement originel et premier d’apparition même de ces principes, et enfin parfois à travers elle aperçoit la source supramentale de tout ce qui apparaît à commencer par son mouvement originel d’intelligence première.
Les physiciens constatent avec étonnement que des fictions mathématiques semblent décrire le monde matériel et même permettre d’en explorer des aspects jusqu’ici inconnues. Certaines théories astrophysiques tentant de concilier toutes les connaissances de la physique théorique envisage l’univers sous l’angle d’informations tissant des cordes vibratoires d’énergie, d’espace et de temps. Dans ce cas nos fictions mentales ne seraient-elles pas le reflet de ce niveau informatif primaire ? Des positions métaphysiques platoniciennes sont donc courantes chez les physiciens et les mathématiciens qui affirment souvent avoir dans leur recherche même accès à des intuitions surmentales.
On pourra lire à ce sujet Matière à pensée où le matérialisme de Jean-Pierre Changeux s’oppose au néo-platonisme du mathématicien Alain Connes ou encore Les deux infinis et l’esprit humain de Roger Penrose où celui-ci reprend à son compte en les réinterprétant l’approche platonicienne et cartésienne de Popper et de Eccles.
3 - Inconscient subliminal, subconscient et supraconscient.
Ou encore qu’est-ce qui empêche l’inconscient d’exister aussi sous la forme d’archétypes psychologiques collectifs qui serait une trame qu’emprunterait l’individuation de notre âme en suivant Jung, un autre psychanalyste ?
On pourrait estimer que l’inconscient de Jung n’est pas un supraconscient au sens platonicien étant lié d’abord à l’histoire psychologique de l’humanité. L’inconscient jungien serait non pas au dessus du moi mais serait transversal aux plans mentaux, émotionnels et pulsionnels du moi. Dans cette optique, il faudrait le voir d’abord comme un aspect d’un inconscient transversal au moi. L’inconscient jungien pointerait alors une dimension subliminale à côté d’un supraconscient intelligible et d’un subconscient physique. Cette possibilité nous impose de poser l’inconscient comme un X, un inconnu. L’efficacité relative des approches freudiennes, jungiennes voire néoplatoniciennes nous conduit vers une tridimensionalité de l’inconscient telle qu’Aurobindo la conçoit par exemple dans Métaphysique et psychologie, 1.404 sq., l’anthologie de textes réalisée par son disciple Jean Herbert. Notre réinterprétation de Jung sous l’angle du subliminal nous est inspirée par Ken Wilber même si c’est un peu malgré lui qui ne considère que l’inconscient subconscient et l’inconscient supraconscient.
Dans la suite de l’interview citée précédemment, il dit :
« Jung a constaté que des hommes et des femmes modernes peuvent produire spontanément pratiquement tous les thèmes principaux des religions mythiques du monde ; ils font cela dans des rêves, dans l’imagination active, en associations libres, et. Il en a déduit que les formes mythiques élémentaires, qu’il a appelées des archétypes, sont communes à tous les gens, sont héritées par tous les gens et sont portées dans ce qu’il a appelé l’inconscient collectif. Il a alors déclaré — et je le cite —, "le mysticisme est l’expérience des archétypes". […] Mais il n’y a rien de mystique dans cela. Les archétypes, selon Jung, sont des formes mythiques élémentaires exemptes de contenu ; le mysticisme pur est la conscience informe. Il n’y a aucun point de contact. […] il y a l’ensemble de l’utilisation que Jung fait du mot "archétype", une notion qu’il a empruntée aux grands mystiques, comme Platon et Augustin. Mais la façon dont Jung utilise le terme n’est pas la façon dont ces mystiques utilisent le terme […]. Pour les mystiques Shankara, Platon, Augustin, Eckhart, Garab Dorje etc. les archétypes constituent les premières formes subtiles qui apparaissent lorsque le monde commence à se manifester à partir de l’Esprit non manifeste informe et flou. […] Les formes subtiles, transcendantales qui sont les premières formes de manifestation, que cette manifestation soit physique, biologique, mentale, ou quoi que ce soit d’autre. […] Mais Jung utilise le terme pour décrire certaines structures mythiques de base qui sont collectives à l’expérience humaine, comme le filou, l’ombre, le Vieil Homme Sage, l’ego, la persona, la Mère, l’anima, l’animus, etc. Ceux-ci ne sont pas tant transcendantaux qu’existentiels. […] Je reconnais que ces formes mythiques sont collectivement héritées dans le psychisme. Et je suis entièrement d’accord avec Jung qu’il est très important de se réconcilier avec ces "archétypes" mythiques. »
Dans cette critique, Wilber, s’il accorde une pertinence à Jung semble
ici ne pas considérer l’archétype central jungien qu’est le Soi. Dans
Une brève histoire du tout, Wilber reconnaît que cet archétype du Soi
forme le centre de l’expérience mystique qu’a en vu Jung. Mais lui
assigne t-il le bon site dans son travail d’inclusion et de
transcendance ? Le Soi semble en fait au point de rencontre de
l’existentiel et de l’essentiel, pour employer les concepts de Karlfried
Graf von Dürckheim, qui dans sa pratique spirituelle utilisait avec
rigueur les conceptions jungiennes. En ce sens, cette forme
d’inconscient serait non pas simplement au dessus du moi mais aussi
transversal aux plans mentaux et émotionnels du moi. On pourrait alors
estimer l’inconscient jungien comme un ensemble de faits relevant
essentiellement parmi d’autres faits d’un inconscient subliminal lié à
notre âme telle que la conçoit Aurobindo comme une dimension
individualisée de la dimension individuelle de l’Être. Il s’agirait là
d’une troisième dimension psychologique que la vision linéaire de Wilber
(qui présente une ligne où le développement psychologique s’étire entre
subconscient et supraconscient) ne permet pas d’envisager dans toute sa
vigueur bien qu’elle envisage un éclairant parallélisme de
l’intériorité subjective et intersubjective et de l’extériorité
objective et interobjective.
Face aux phénomènes de coïncidences significatives, de rencontres pour le moins improbables mais déterminantes dans notre développement individuel ne faut-il pas lire un jeu souterrain au service de notre individualisation dans les arcanes d’un univers qui a priori selon l’échelle matérielle classique, newtonienne et néo-darwinienne n’est qu’un jeu de hasards et de nécessités ?
Ceci dit nous avons conscience de réinterpréter les propos de Jung et de les infléchir encore comme Wilber lui-même infléchit Jung dans le sens de son schéma linéaire bidimensionnel.
Faut-il supposer comme la plupart des jungiens que notre conscience est extérieurement un phénomène quantique si nous approuvons les essais d’interprétation scientifiques de Jung des coïncidences significatives, c’est-à-dire de la synchronicité ? Jung s’appuie en effet sur ce que le physicien Pauli lui a dit de la mécanique quantique qui suppose des interractions matérielles alocales et acausales au sens newtonien d’une causalité par chaînes d’actions temporelles. Mais ce qui vaut à un niveau microphysique ne semble pas avoir de validité physique à notre échelle newtonienne et darwinienne dont nous sommes directement conscient. On peut penser en ramenant le mental à un reflet cérébral des capacités du milieu microphysique que cela serait fondé mais d’une part aucune expérience n’a montré que le cerveau pouvait être comme un ordinateur quantique et d’autre part si le cerveau s’avérait comme un ordinateur quantique ceci n’expliquerait pas son individuation. Ken Wilber contre les jungiens et leurs épigones de la mécanique quantique met en cause le paradigme holographique selon lequel chaque partie matérielle quantique de l’univers serait l’image de tout l’univers au niveau de l’inconscient supraconscient humain en insistant sur le fait qui ce qui vaut au niveau microphysique manque les spécificités biologiques et spirituelles de l’échelle humaine. Pour Wilber l’hologramme matériel reste subconscient et une image d’un hologramme essentiellement spirituel et supraconscient. Ken Wilber refuse surement à juste titre d’identifier l’intériorité spirituelle de notre conscience qui a nécessité une évolution physico-chimique complexe et l’extériorité matérielle microphysique.
Mais plus profondément ce que Wilber dans sa critique légitime manque est le fait que la science physique et la biologie qui sont des sciences de l’universel ne rendront jamais compte du mouvement d’individualisation qui s’observe dans le cosmos. Les coïncidences significatives le sont par ce qu’elles expriment le mystère d’événements individualisateurs.
Jung semblait plus conscient de ce rôle de sa psychanalyse que Wilber ne semble l’être. Bien sûr il parle du développement d’une personne mais il semble nier à de nombreuse reprise que l’absolu soit personnel et donc oppose le supraconscient impersonnel des Platon, Shankara et autres à la conception d’un supraconscient jungien qui ne contient que des forces de personnalisation. Notre choix de réinterpréter l’inconscient jungien un inconscient subliminal comme l’envisageait Aurobindo veut souligner à côté d’un subconscient matériel et d’un surpraconscient universel la possibilité d’une dimension individuelle de l’Être. Les forces subliminales sont des forces en jeu dans l’individuation. Cette troisième dimension expliquerait comment on a pu voir au lieu et place des formes intelligibles surmentales de Platon des anges, ce dont se refuse à parler Wilber. Elle expliquerait aussi pourquoi des désirs subconscients ont été personnalisés sous la forme de démons. L’essence du subliminal consiste à s’individuer autour d’un centre individuel le Soi, le véritable Moi en première personne qui transcende toutes nos individualisations personnelles en troisième personne (dont le fonctionnement egocentrique garantit la confusion avec la première personne ) et les relient à toutes les tentatives d’individualisation du passé ou en cours. Ce Soi ou cet authentique Moi en première personne est donc le cœur intersubjectif de ce que nous avons de plus individuel en nous et qui relie notre individualité unique à toutes les individualités. Par le Moi en première personne suscitant telle troisième personne, nous sommes une diversité d’expressions interconnectées de la dimension individuelle Une et sans second de l’Être. La force du Soi consiste à assimiler, à intégrer de plus en plus de réalités psychologiques autour de ce centre de nous mêmes dont la force d’expression grandissante semble nous connecter de plus en plus singulièrement aux autres individus, au supraconscient et au subconscient.
Face aux phénomènes de coïncidences significatives, de rencontres pour le moins improbables mais déterminantes dans notre développement individuel ne faut-il pas lire un jeu souterrain au service de notre individualisation dans les arcanes d’un univers qui a priori selon l’échelle matérielle classique, newtonienne et néo-darwinienne n’est qu’un jeu de hasards et de nécessités ?
Ceci dit nous avons conscience de réinterpréter les propos de Jung et de les infléchir encore comme Wilber lui-même infléchit Jung dans le sens de son schéma linéaire bidimensionnel.
Faut-il supposer comme la plupart des jungiens que notre conscience est extérieurement un phénomène quantique si nous approuvons les essais d’interprétation scientifiques de Jung des coïncidences significatives, c’est-à-dire de la synchronicité ? Jung s’appuie en effet sur ce que le physicien Pauli lui a dit de la mécanique quantique qui suppose des interractions matérielles alocales et acausales au sens newtonien d’une causalité par chaînes d’actions temporelles. Mais ce qui vaut à un niveau microphysique ne semble pas avoir de validité physique à notre échelle newtonienne et darwinienne dont nous sommes directement conscient. On peut penser en ramenant le mental à un reflet cérébral des capacités du milieu microphysique que cela serait fondé mais d’une part aucune expérience n’a montré que le cerveau pouvait être comme un ordinateur quantique et d’autre part si le cerveau s’avérait comme un ordinateur quantique ceci n’expliquerait pas son individuation. Ken Wilber contre les jungiens et leurs épigones de la mécanique quantique met en cause le paradigme holographique selon lequel chaque partie matérielle quantique de l’univers serait l’image de tout l’univers au niveau de l’inconscient supraconscient humain en insistant sur le fait qui ce qui vaut au niveau microphysique manque les spécificités biologiques et spirituelles de l’échelle humaine. Pour Wilber l’hologramme matériel reste subconscient et une image d’un hologramme essentiellement spirituel et supraconscient. Ken Wilber refuse surement à juste titre d’identifier l’intériorité spirituelle de notre conscience qui a nécessité une évolution physico-chimique complexe et l’extériorité matérielle microphysique.
Mais plus profondément ce que Wilber dans sa critique légitime manque est le fait que la science physique et la biologie qui sont des sciences de l’universel ne rendront jamais compte du mouvement d’individualisation qui s’observe dans le cosmos. Les coïncidences significatives le sont par ce qu’elles expriment le mystère d’événements individualisateurs.
Jung semblait plus conscient de ce rôle de sa psychanalyse que Wilber ne semble l’être. Bien sûr il parle du développement d’une personne mais il semble nier à de nombreuse reprise que l’absolu soit personnel et donc oppose le supraconscient impersonnel des Platon, Shankara et autres à la conception d’un supraconscient jungien qui ne contient que des forces de personnalisation. Notre choix de réinterpréter l’inconscient jungien un inconscient subliminal comme l’envisageait Aurobindo veut souligner à côté d’un subconscient matériel et d’un surpraconscient universel la possibilité d’une dimension individuelle de l’Être. Les forces subliminales sont des forces en jeu dans l’individuation. Cette troisième dimension expliquerait comment on a pu voir au lieu et place des formes intelligibles surmentales de Platon des anges, ce dont se refuse à parler Wilber. Elle expliquerait aussi pourquoi des désirs subconscients ont été personnalisés sous la forme de démons. L’essence du subliminal consiste à s’individuer autour d’un centre individuel le Soi, le véritable Moi en première personne qui transcende toutes nos individualisations personnelles en troisième personne (dont le fonctionnement egocentrique garantit la confusion avec la première personne ) et les relient à toutes les tentatives d’individualisation du passé ou en cours. Ce Soi ou cet authentique Moi en première personne est donc le cœur intersubjectif de ce que nous avons de plus individuel en nous et qui relie notre individualité unique à toutes les individualités. Par le Moi en première personne suscitant telle troisième personne, nous sommes une diversité d’expressions interconnectées de la dimension individuelle Une et sans second de l’Être. La force du Soi consiste à assimiler, à intégrer de plus en plus de réalités psychologiques autour de ce centre de nous mêmes dont la force d’expression grandissante semble nous connecter de plus en plus singulièrement aux autres individus, au supraconscient et au subconscient.
VI – BILAN.
Nous avons évoqué des modèles qui chacun suggère qu’un seul aspect dominait à savoir le leur, il nous faut utiliser dialectiquement les modélisations d’une dimension pour critiquer l’hégémonie herméneutique mentale que la soi-disant mise en évidence d’une autre implique. Il nous faut envisager au final que même une description mentale herméneutique intégrant ces trois dimensions restera insuffisante quand il faudrait être prêt à découvrir et explorer phénoménologiquement les zones intermédiaires non mentales, non émotionnelles et non sensorielles où ces trois dimensions s’enchâsseraient ou au contraire se singulariseraient, cela bien sûr sans a priori exclure d’autres dimensions inconscientes jusqu’ici inconnues.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire