vendredi 24 octobre 2014

Doit-on être heureux ?

Une rédaction partielle de la dissertation 

Introduction.


Il ne saurait être moral de rendre tout un ensemble de gens plus malheureux qu’ils ne l’étaient au bénéfice de quelques uns. Par ailleurs l’action morale nécessite un minimum de bien-être.
Ces quelques arguments rendent légitime de se demande si on doit être heureux.
agir en faveur du bonheur du plus nombre à première vue semble défendable dès lors qu’on l’envisage comme lutte contre les conditions matérielles et culturelles qui causent le malheur du plus grand nombre. Mais peut-on contraindre et imposer au nom de la morale une quelconque forme de bon,heur individuel et collectif ? Toute contrainte extérieure obligeant au bonheur semble en quelque sorte contraire aux libertés élémentaires et donc immoral. Si on envisage la morale comme un commandement intérieur, il paraît peu raisonnable de croire qu’il est possible et légitime de se contraindre intérieurement par un acte de volonté au bonheur. 
On peut se contraindre à accepter une situation au sens de se résigner à quelque chose dans la mesure où son refus ne serait pas rationnel et nous conduirait à un mal-être plus grand nous rendant moins capable d’action morale. Mais ce type d’acceptation en vue de conserver son potentiel d’action morale ne nous conduit pas à un contentement intérieur qu’on peut appeler bonheur. Par ailleurs le bonheur personnel paraît bien égocentrique tandis que la morale se fonde sur une réflexion rationnelle désintéressée. 
Tout au plus, la morale rend-elle digne d’un bonheur ou en tant qu’idéal la morale fait naître l’espérance de la disparition du malheur c’est-à-dire l’émergence du bonheur qui s’ensuivrait. 
Le bien absolu comprend le bonheur dès lors que la cohérence morale en forme l’espérance. Mais admettant ceci, n’y aurait-il pas contradiction à vouloir le bien et à en refuser dès maintenant le bonheur lié à sa participation ? Soit le bien comprenant le bonheur est une illusion soit il est légitime du point de vue moral de chercher le bonheur à la condition qu’il serve un dépassement de nos positions égocentriques.
Ainsi dans un premier temps nous envisagerons s’il nous est possible de concevoir une société où le malheur diminue. Le devoir moral serait au moins de diminuer le malheur.
Dans un deuxième temps nous confronterons la question du bonheur à l’exigence morale proprement dite. La diminution du malheur collectif a un sens politique et elle vient donner un contenu au droit à la recherche du bonheur mais l’exigence morale de chercher un bonheur non égocentrique se pose à nous seuls et ne s’impose à nulle autre.
Enfin dans un troisième temps nous verrons en quoi le bonheur est oui ou non inhérent à un couronnement des vertus comme réalisation du bien en soi.

I - Le bonheur de notre personne n’est pas un devoir moral mais le devoir moral rend digne de ne plus être malheureux.


A - Être heureux met en jeu l’intérêt, la morale le désintéressement.


Le désintéressement moral se conçoit comme universalisation possible de notre maxime d’action. Le bonheur personnel met en jeu des préférences irrationnelles. Bonheur et morale ne sont pas du même ordre. Le bonheur personnel est un idéal de l’imagination alors que la morale est un idéal rationnel qui doit prévaloir sur nos idéaux de l’imagination. Être moral peut conduire à sacrifier son bonheur personnel.
Pour la morale, le libre-arbitre est supérieur au serf-arbitre : le choix moral conduit toujours à augmenter notre capacité à décider rationnellement. Certains choix nous conduisent à diminuer notre indépendance de choix. Nous avons ici un critère pour jauger nos conceptions du bonheur personnel du point de vue moral.

B - Le devoir moral rend notre personne digne d’être heureux et fait de l’espérance une vertu.


Agir moralement n’aurait pas de sens si le bien ne pouvait pas triompher du mal. agir moralement implique de postuler une espérance en faveur de l’accomplissement du bien. Agir moralement suppose l’accomplissement du bien et donc la disparition du mal qui fait obstacle à notre bonheur, cette disparition impliquant une harmonie entre nos désirs de bonheur et notre victoire morale sur le mal. En ce sens la morale rend digne d’être heureux.

C - La compassion rend digne de ne plus être malheureux.


1 - Le bonheur comme imaginaire n’est-il pas décevant et illusoire. 

Souvent on pense le plaisir comme une satisfaction positive. Mais le plaisir n’est-il pas le plus souvent qu’une simple diminution de la souffrance due au manque caractéristique du désir ?
Schopenhauer a un verdict autre que Kant puisque selon lui la morale ne nous rend pas digne d’être heureux mais nous permet de saisir que la vie est souffrance et de nous opposer à cette poussée aveugle de la vie qui écrase les humains de souffrances.

2 - Il faut se libérer du désir pour échapper au malheur, la morale fait partie de cette ascèse selon Schopenhauer.

Par la compassion (Mitleid en allemand veut dire souffrir avec), je perçois que la vie est souffrance. Celui qui ne développe pas sa compassion rajoutera à la vie sociale des souffrances en faisant le mal aux autres ou à soi. Développer sa compassion signifie ne plus désirer participer à la vie qui implique la souffrance (à commencer par celle de la mort qu’elle inflige aux individus). Vivre heureux est impossible du point de vue pessimiste que la compassion (au sens de Schopenhauer) implique. La compassion pour soi et les autres permet de vivre moins malheureux en vue de se délivrer de la vie. Plus on est libre du désir et donc de la vie, moins on sera malheureux.

3 - L’idée qu’on puisse prescrire le bonheur comme une moralisation totale des conduites peut conduire à justifier des pouvoirs politiques totalitaires aussi bien religieux qu’athées.

La compassion comprend que le désir égocentrique d’être heureux conduit au malheur. Les idéalistes qui ont prétendus apporter un mieux au vivre-ensemble en imposant aux hommes par la force une transformation ont échoué.
Schopenhauer compare les hommes à des porcs-épics. Vouloir les rapprocher par la force politique les conduit à se blesser voir à s’entretuer. Pour lutter contre la froideur de la vie, ils le besoin de se rapprocher mais parce qu’ils se blessent par leur pics, il leur faut s’isoler les uns des autres.
Toutes les options collectivistes voulant faire le bonheur des hommes par la force politique ignorent cette tendance légitime à s’isoler les uns des autres pour ne pas se nuire réciproquement.

II - Des conditions nécessaires au bonheur à la réhabilitation de l’eudémonisme.


A - Transition critique :


Pour être moral, il ne faut pas être dépressif donc il faut par devoir garantir un certain seuil de bien-être intérieur et donc un droit à la recherche du bonheur. Le pessimisme schopenhauerien voire l’ascèse qu’il propose sont paradoxaux voire contradictoires puisqu’ils impliquent un art de ne plus être malheureux en rejetant l’idée qu’on puisse être heureux. certes on peut distinguer un bonheur personnel illusoire d’un bonheur impersonnel ou non égocentrique. Quoi qu’il en soit, il faut créer des conditions collectives permettant du bien-être et donc des conditions non contraires à une recherche du bonheur.

B - Libéralisme-social ou social-libéralisme et bonheur.


La constitution US nous propose dans cette ligne un droit de rechercher le bonheur. On notera qu’il ne s’agit pas d’imposer une conception du bonheur. Imposer un bien par la force collective induit une forme de collectivisme qui nie la liberté individuelle. Les divers totalitarismes ont ainsi conçu un bonheur collectiviste au mépris du respect des libertés individuelles. Au final ces régimes ne produisent d’ailleurs ni le bonheur collectif, ni le bonheur individuel. On peut politiquement créer des conditions matérielles et culturelles pour faciliter une libre recherche du bonheur.

C - Transition critique :


Kant et Schopenhauer ont une vision égo-centrique du bonheur comme satisfaction de désirs. Mais n’ont-ils pas une approche de la morale qui reste essentiellement égo-centrique au sens où un ego reste le dépositaire de l’action morale. Tout ressort à un sujet libre chez Kant. La morale reste centrée sur un sujet, le réaffirme en tant qu’ego responsable. D’ailleurs, n’est-ce pas cette position philosophique qui induit un ego soumis à la tentation, à jamais incomplètement réalisé du point de vue moral car à jamais incapable de dépasser l’amour propre et son narcissisme social ? 
Le sujet version Schopenhauer dont la morale se fonde sur le Mitleid, le souffrir avec, ne reste-il pas égocentrique malgré ses velléités ascétiques de renoncement au désir ? Ce sujet semble avoir du ressentiment contre la vie. Sa volonté de rien, d’annihiler ses désirs pour échapper à la poussée aveugle de la vie n’est-elle pas une contradiction existentielle. Ce sujet du ressentiment contre la vie et le désir reste insuffisant pour vraiment échapper aux limites de l’égo-centrisme. Ce ressentiment ne ressort-il pas d’une pathologie psychologique s’enracinant dans un passé familial difficile ?
Dans les deux cas, l’ego restant central malgré lui, le désintéressement moral visé reste bien illusoire !

D - L’eudémonisme affirme le dépassement de l’égo-centrisme et donc la relativisation de la morale vis-à-vis d’une éthique.


Toutefois malgré leur approche discutable du bonheur et du sujet, Schopenhauer et Kant admettent l’un et l’autre un dépassement de l’égocentrisme au cours d’expérience de la beauté. Pour Kant la beauté est une expérience de plaisir universel désintéressé ; pour Schopenhauer, elle nous détache du sujet désirant nous amenant à être un pur sujet contemplatif en dehors du tumulte de la vie désirante.
De ce point de vue en tant que plaisir désintéressé d’un pur sujet impersonnel contemplatif, la beauté est au croisement de la morale et du bonheur. On pourrait s’appuyer sur cette expérience de la beauté pour réhabiliter malgré eux l’eudémonisme qui nous assure que vertu et bonheur ont partie liées.
Le bonheur eudémoniste n’est pas une expérience de l’avoir comme peut l’être la satisfaction d’un désir égocentrique, il s’agit à travers les éthiques eudémonistes de faire une expérience intérieure mettant en jeu notre être profond. Le droit à la recherche du bonheur qu’ouvre le champ politique en incitant à ne pas faire le mal opu en diminuant les causes du malheur ouvre alors le chemin à une recherche du souverain bien.

III - L’Eudémonisme affirme un devoir éthique d’être heureux.


A - L’ataraxie intégrale comme devoir éthique.


Les philosophies eudémonistes prônent d’une manière ou d’une autre une forme de sérénité intérieure fondée sur le calme et la tranquillité de l’esprit indépendants des circonstances.
On a pu opposer ces diverses approches mais à un certain niveaux ne pourrait-on pas les concevoir de façon complémentaire ?

1 - L’ataraxie hédoniste.

l’éthique ne met pas forcément en premier la recherche de la morale. il y a des vertus de la recherche du bonheur qui en second s’avèrent aussi source de vertus morales. L’hédonisme philosophique partant de notre essence désirante est peut-être plus lucide que la volonté rationnelle de Kant opposée aux désirs dans la mesure où la volonté est aussi une forme de désir réfléchi. Ainsi le devoir envers nous-mêmes selon la morale est un devoir d’avoir un libre-arbitre et non un serf-arbitre. Or hiérarchiser ses désirs dans une perspective hédoniste produit bien le libre-arbitre et non le serf-arbitre, ce devoir envers soi-même. Si on conçoit l’ataraxie comme pur plaisir d’exister non troublé par la souffrance, le manque des désirs, etc., n’aura-t-on pas surmonté l’égo-centrisme de la conscience en surmontant l’égo-centrisme des désirs ? 
Le pur plaisir d’exister marque, semble-t-il, un dépassement de l’égocentrisme dont la morale n’est pas capable.

2 - l’ataraxie stoïcienne.

B - L’ascension plotinienne.


C - Au delà du devoir - Éros et agapè.


Conclusion.


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