Nos éditions de référence sont :
- pour l’extrait, Thomas Hobbes, Léviathan, chapitre 13 à 17, folioplus, philosophie, 2007 ;
- pour l’œuvre complète, Thomas Hobbes, Léviathan, folio essais, 2000.
Ce corrigé a été fait à partir de travaux de Céline Leduff TES, Cynthia Mandjeck TS2, Camille Péjout TS2, Estelle Boucher TL,
Orélie Gérard TL, Jessica Peyrat TL, Noémy Manicord TL.
I - Le contexte de l’œuvre.
1) Présentez la biographie de Hobbes en 3-4 lignes.
Thomas Hobbes, philosophe anglais fils d’un ecclésiastique
protestant, est né en 1588 en Angleterre. Il est l’un des fondateurs de
la philosophie politique moderne. Il fut le contemporain de Descartes,
Pascal, etc... et a fréquenté nombre de savants de l’époque : Gassendi,
Galilée, Mersenne, etc. Ses œuvres principales sont De Cive (1642) et le Léviathan (1651). Il est mort en 1679.
2) Présentez les événements politiques en Grande Bretagne qui ont précédé les œuvres politiques de Hobbes.
Pour comprendre les écrits de Hobbes, il est nécessaire de dire qu’il
eut une vie placée sous le signe de la guerre. Entre 1621 et 1629,
l’Angleterre était engagée dans une guerre sur le continent qui était
très coûteuse. La guerre a continué encore entre 1640 à 1660, y compris
deux guerres civiles, de 1642 et 1648.
En effet, tout d’abord, les républicains et les royalistes se
disputaient le pouvoir de la Grande Bretagne. En même temps, le conflit
se déroulait à deux niveaux géographiques : en Ecosse et en Angleterre.
L’objet de la contestation se centrait autour de deux institutions : le
Parlement et le Roi.
Les écrits du Hobbes, et surtout celui du Léviathan suivirent cette confusion. Son objectif était d’assurer et obtenir la paix et l’ordre.
Les guerres de religion en France et les guerres civiles en Angleterre
l’amenèrent à développer une philosophie où il considère que seul
l’absolutisme de l’Etat, à qui les hommes confient par contrat le soin
de les gouverner, peut maintenir le droit et garantir la paix. Il refuse
donc le pouvoir de droit divin.
Ensuite, l’accalmie politique du protectorat de Cromwell, en 1653, lui permet de retourner en Angleterre où il écrit De Corpore (1655), De Homine (1658), et De Cive (1642).
Pour finir, le rétablissement de la monarchie en Grande Bretagne lui a permis de rédiger une histoire de la guerre civile, Béhémoth.
II - Enjeux anthropologiques divers.
1) Qu’est-ce qui distingue l’homme et l’animal selon Hobbes au niveau des capacités de connaissance et d’action ?
Comme certains animaux, les hommes sont capables d’un certain
discours mental, c’est à dire d’une pensée organisée. Il n’y a, selon
Hobbes, entre hommes et animaux qu’une différence de degré en ce qui
concerne [’usage de la raison. Cette différence essentielle se fait dans
le discours verbal, c’est à dire dans la capacité a exprimer ses
pensées. L’animal n’a lui qu’un faible « usage de la voix », et n’use de
celle ci qu’à un niveau bien rudimentaire. Du point de vue de l’action,
selon Hobbes l’homme est obsédé par la satisfaction de ses propres
désirs, et la satisfaction de cet intérêt ne peut conduire à l’intérêt
général. Toutefois, [’animal est aussi dirigé par leur intérêt
particulier mais pour l’animal, la nature a fait en sorte que celui ci
soit compatible avec l’intérêt général de toute son espèce.
2) En quoi Hobbes conteste-il la notion d’animal politique ?
Présentez cette notion d’Aristote et donnez-en les critiques qu’en fait
Hobbes.
Aristote donne comme définition essentielle de l’homme qu’il est « un
animal politique » c’est à dire qu’il est fait pour vivre en société.
Selon
lui, l’homme n’est vraiment lui même qu’au sein de la cité ou de la
société où il peut développer ses facultés morales et que toute cité est
un fait de nature. Ainsi, la fin de l’homme est parmi les hommes. De
plus, l’existence politique et la sociabilité sont naturelles. Au
contraire, Hobbes affirme que l’homme n’est pas un animal politique et
qu’il n’est pas ne avec une disposition naturelle à la société mais qui
est sociable par accident. Selon ce dernier, Aristote a supposé à tord
qu’un instinct de sociabilité était présent chez l’homme. Hobbes pense
que « l’homme est un loup pour l’homme ». De plus, l’homme ne
s’associerait que par égoïsme, et ce ne serait qu’un artifice.
3) Pourquoi selon Hobbes les hommes sont-ils égaux malgré les différences apparentes de force physique et d’intelligence ?
Selon Hobbes, les hommes sont égaux malgré leurs différences
apparentes à la fois physique et intellectuelle. Leur égalité s’illustre
dans trois domaines qui leurs sont communs : d’abord tout homme, qu’il
soit avantagé plus physiquement qu’intellectuellement ou plus
intellectuellement que physiquement, peut montrer sa supériorité sur
l’autre en se mettant en valeur grâce à la qualité dont l’autre ne
dispose pas et ainsi bénéficier d’un profit personnel : « la différence
entre les deux n’est pas à ce point considérable que l’un d’eux puisse
s’en prévaloir et obtenir un profit quelconque pour lui même auquel
l’autre ne pourrait prétendre aussi bien que lui » (p.9). Mais pour
Hobbes cette égalité est plus grande en ce qui concerne l’esprit. Il
donne l’exemple de la prudence qui est selon lui une expérience commune à
chaque homme dès lors qu’il va s’impliquer dans un projet : « Car la
prudence n’est rien que l’égale expérience que tous les hommes ont, en
un temps égal, de ces choses dans lesquelles ils s’impliquent
également » (p. 10). Aussi, Hobbes relie les hommes sur un autre aspect
qui semble encore une fois propre à chacun d’entre eux car chacun pense
être plus intelligent et doté d’un savoir inégalable et donc en
conséquence bien supérieur à ses semblables, or, ceci s’éloigne bien de
la réalité. Ils sont donc égaux sur leur façon de se positionner par
rapport aux autres : « Car telle est la nature humaine que [ ... ] on aura pourtant du mal à croire qu’il y en a beaucoup de plus sages que soi-même » (p. 10).
III - Les concepts.
Pour répondre à ces questions, indiquez aussi souvent que possible les endroits du texte étudié où on peut lire les réponses.
A) Quel est le sens du désir chez Hobbes ?
Chez Hobbes, le désir des Hommes va dans sens de la puissance et le
désir de puissance est rendu nécessaire par l’état de nature. En effet,
le désir n’est pas orienté vers la satisfaction d’un besoin ou la
transformation de la nature par le travail mais vers le désir de
l’autre, le désir de reconnaissance. Il y a chez l’Homme un désir infini
de puissance. Un désir perpétuel qui ne cesse jamais d’acquérir de plus
en plus de pouvoir. Or il ne s’agit pas ici d’une simple accumulation
de biens, parce que le désir de puissance est engendré par la relation à
autrui et que le pouvoir sur autrui est le plus grand des pouvoirs.
B) Quelle est la conception de la liberté en jeu dans le Léviathan ?
1) Citez la définition qu’il donne dans notre extrait.
Dans le chapitre 14, aux pages 17 et 18, Hobbes donne comme
définition de la liberté : « l’absence d’entraves extérieures, entraves
qui, souvent, peuvent détourner une part de la puissance de faire ce que
l’on voudrait, sans cependant pouvoir empêcher l’usage de puissance
restante, conformément à ce que dictent notre jugement et notre
raison ».
2) En quoi cette définition n’implique pas forcément l’existence d’un libre-arbitre chez Hobbes ?
Chez Hobbes, la liberté est déterminée par des causes extérieures et
pas forcément par des causes intérieures. Or, le libre arbitre est une
cause intérieure puisque c’est quand le pâle de décision rationnel d’un individu l’emporte sur ses pulsions. Sa définition de la liberté
n’implique donc pas l’existence d’un libre arbitre. (p.17) En effet,
Hobbes a une conception de la liberté au sens matériel, comme la
capacité de mouvement et non métaphysique. Un individu est libre, s’il
n’est pas contraint physiquement. Ainsi, un acte inspiré par la crainte
ou la colère est libre et volontaire car aucun corps ne l’empêche. Dans
ce cas nous sommes plus près du déterminisme.
C) Quelle est la définition que fait Hobbes de la raison ?
Pour Hobbes, la raison se définit comme un calcul préférentiel, qui anticipe les conséquences à long terme des actions.
L’homme a conscience du temps, il peut se souvenir d’un évènement et
l’assimiler à une période de temps précise, de la même manière qu’il est
capable d’anticiper un acte en imaginant ses conséquences, car il
dispose de la raison. Ainsi l’homme prévoit le danger et attaque avant
d’être attaqué : « un homme n’a pas d’autre moyen aussi raisonnable que
l’anticipation pour se mettre en sécurité » (page 11). En effet, « selon
son jugement et sa raison propres, (il devra faire) tout ce qu’il
concevra être le moyen adapté » (page 17) pour se préserver. L’homme
raisonne et calcule au tel point donc que lorsqu’il conçoit quelque
chose il établit en même temps les conséquences qu’elle peut produire.
L’homme, par la raison peut avoir un discours de pensées réglé et
réfléchi.
D) Etat de nature, droit naturel et lois de la nature.
1) Quel est le statut de l’état de nature chez Hobbes ?
a) D’où découle la guerre de tous contre tous selon Hobbes mais
pourquoi cependant désire-ton la paix ? On rapprochera ces idées de l’insociable sociabilité de Kant.
Selon Hobbes, la guerre de tous contre tous découle du fait que tous
les hommes sont égaux et que cela engendre de la défiance, qui engendre
de l’anticipation. En fait, les hommes se font la guerre à cause de leur
rivalité pour le profit (ils s’attaquent pour s’emparer de biens), par
méfiance pour leur sécurité (ils s’attaquent pour protéger leur bien et
par conservation d'eux mêmes) et pour finir par fierté (ils s’attaquent
pour leur réputation, leur gloire). Cependant, on désire la paix « la
raison suggère les articles de paix adéquats » (p.16) parce que dans un
contexte de guerre de tout contre tous, les hommes sont constamment en
danger et ont peur de mourir. L’activité des hommes (agriculture,
commerce ... ) ne se développent pas ni la civilisation (culture : arts,
lettres ... ) et « la vie humaine est solitaire, misérable, dangereuse,
animale et brève. » (p.14). Donc l’homme cherche la paix d’une part par
intérêt mais aussi par désir de l’autre (de communiquer, échanger ...
).
Ainsi, Kant met en évidence la f tendance contradictoire de l’homme
qui cherche à s’associer à d’autres hommes pour être plus fort mais
aussi à s’isoler pour rechercher son propre intérêt. C’est l’insociable
sociabilité. Elle assure le développement et le progrès de la société.
b) On ramène souvent l’état de nature chez Hobbes à l’homme est un
loup pour l’homme. En quoi ceci est-il réducteur de la pensée de
Hobbes ?
L’état de nature dont parle Hobbes dans Léviathan est souvent ramené à l’expression « l’homme est un loup pour l’homme » qu’il a évoquée dans De Cive,
mais dont il n’est pas l’auteur. Cette formule est réductrice de la
vision de Hobbes quant à l’état de nature, c’est à dire l’état de guerre
dans lequel sont les hommes sans gouvernement et pouvoir supérieur.
Malgré l’état de guerre dans lequel se trouvent les hommes sans société
ni gouvernement, le comportement humain ne peut par l’image du loup être
assimilé au comportement animal. Il ne peut pas être comparé à un
animal tel que le loup, car l’homme dispose d’une « puissance
d’artifice », c’est à dire le langage qui le permet d’entretenir un
certain rapport avec le temps, de comprendre les causes, les
conséquences, les marques temporelles... L’état de nature comme l’évoque
Hobbes n’est qu’une hypothèse pour montrer que la société est le seul
salut vers la paix.
Contrairement à ce que pensent certaines personnes de cette citation
évoquant le loup et l’homme, l’homme n’est pas naturellement méchant, il
veut se préserver car il a conscience du temps, contrairement aux
animaux qui sont régis par des instincts.
c) L’état de nature chez Hobbes est-il un fait ou une hypothèse ?
Comment cet état de nature se situe-t-il par rapport à la doctrine
chrétienne du péché originel ?
Cet état de nature dont parle Hobbes est une hypothèse comme il le
dit page 14 : « on peut penser qu’il n’y eut jamais un temps comme celui
ci, non plus qu’un semblable état de guerre. Et je crois que, de façon
générale, il n’en a jamais été ainsi à travers le monde, mais qu’il y a
beaucoup d’endroits où l’on vit ainsi. » Il pense en effet que ceci n’a
pas réellement existé, c’est une hypothèse pour montrer que sans la
société les hommes vivent en guerre. Cette idée est postérieure et
différente du péché originel qui est une doctrine qui décrit l’état
dégradé de l’humanité depuis la désobéissance d’Adam et Ève, premiers
Hommes créés par Dieu. Elle affirme que la nature humaine a été
corrompue par cette faute originelle et que tout être humain se trouve
en état de péché dès qu’ils descendent d’Adam. L’idée de Hobbes est donc
différente car pour lui il n’y a pas de péché originel : l’homme est
mauvais dès le départ car il veut se conserver. Il devient meilleur
grâce à la société. Pour les chrétiens, les Hommes étaient bons mais se
sont corrompus.
d) Comparez l’état de nature chez Hobbes avec l’état de nature
chez Rousseau ? Cette comparaison portera tant sur le statut factuel ou
hypothétique de cet état de nature que sur les implications
anthropologiques.
Tout d’abord, comme Hobbes, Rousseau ne considère pas historiquement
l’état de nature, mais hypothétiquement tel que l’homme serait s’il ne
devait rien à la vie en société. Ils sont aussi d’accord sur le fait
qu’à l’état de nature l’homme est libre et égaux. Toutefois, Rousseau
estime que l’homme à l’état de nature est naturellement bon. Donc il
s’oppose tout à fait à Hobbes qui pense qu’à l’état de nature, l’homme
est méchant. Rousseau pense que pour être cruel il faut être
intelligent, or l’homme sauvage a l’état de nature n’a pas totalement
développe sa raison donc sans le savoir il est bon, la cruauté supposant
de la raison. En effet, selon Rousseau, la raison fonde la connaissance
du bien et du mal. Pour Hobbes, c’est le développement de la raison et
de la connaissance qui verra le mal originel de l’homme réfuté. Pour
Rousseau, la connaissance rationnelle ne nous libère pas forcément du
mal, au contraire c’est elle qui corrompt l’homme et son intelligence du
cœur, bien véritable. Il s’oppose à la doctrine chrétienne du péché
originel puisqu’il pense que la corruption se transmet par l’éducation
et pas génétiquement. De plus, pour Rousseau, a l’état de nature, il
n’existe aucun désir de possession ni de domination contrairement à
Hobbes qui pensent que ce sont ce qui engendrent la guerre de tous
contre tous.
2) Expliquez le concept de droit naturel chez Hobbes. En quoi
se distingue-t-il du droit naturel tel qu’un aristotélicien le pense à
l’époque ?
Pour Hobbes, le droit naturel est « la liberté que chacun a d’user de
sa propre puissance » comme il veut pour « la préservation de sa propre
nature » (page 17). Hobbes a une vision différence d’autres philosophes
comme Aristote selon lequel au sein de ce monde chaque être a une
nature qui lui est propre et qui doit le mener à son bon développement.
L’ensemble des règles qui ont pour but de permettre le parfait
développement de l’homme constitue le Droit naturel. Il ne doit pas
comme selon Hobbes user de sa puissance et faire ce qu’il veut pour se
préserver, mais développer sa nature et sa puissance en suivant des
règles strictes.
3) Expliquez comment les lois de la nature se déduisent du droit naturel chez Hobbes.
Les lois de la nature sont légitimées par le droit naturel de
conservation de soi même, elles contraignent donc l’homme à faire usage
des moyens les plus appropriés pour sa conservation. Ceci implique
l’usage de la raison pour juger de l’efficacité de ces moyens. Ainsi la
loi fondamentale « chacun doit s’efforcer à la paix aussi longtemps
qu’il a espoir de l’atteindre [...] » et donc le fait que l’homme vit en
société se déduit du droit naturel chez Hobbes car la paix est plus
efficace pour se maintenir en vie que la guerre. (18 19)
4) Comparez ces lois de la nature avec la loi morale chez
Kant ou la loi religieuse. Précisez les ressemblances et les
différences.
La loi morale chez Kant est l’impératif catégorique : « Agis de telle
sorte que la maxime de ton action puisse valoir universellement ». Il
s’agit de se demander à chaque fois que l’on agit si l’on peut vouloir
raisonnablement et sans se contredire que tout le monde agisse de la
même façon. Par exemple, quelqu’un m"insupporte, j’ai envie de le tuer.
Ce projet n’est pas universalisable, car un monde où tout le monde
s’autorise à tuer est un monde sans sécurité où l’avenir de l’Humanité
est compromis. Cela permet de justifier le fait que les hommes
recherchent la paix. Cette loi morale est basée sur la raison, est
éternelle et immuable comme les lois de la nature chez Hobbes qui sont
des règles générales par lesquelles, il est interdit aux gens de faire
ce qui mène à la destruction de leur vie « théorèmes concernant ce qui
conduit a la préservation et à la défense de soi même ». Mais chez
Hobbes, elles naissent de la crainte de la mort et calculent le meilleur
moyen de léviter, donc naissent par intérêt alors que l’impératif
catégorique n’est motivé par aucun intérêt, ni inclinaison mais
seulement par elle même. Alors, ce qui les différencie profondément est
le motif. Une seconde formulation de 1 impératif catégorique s’énonce
ainsi : "Agis toujours de telle sorte que tu traites l’humanité aussi
bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en
même temps comme une fin et jamais seulement comme un moyen". Ainsi,
vouloir se suicider est immoral puisque faire de sa personne une fin
suppose de continuer à vivre et non de s’anéantir. De plus, bien traiter
les individus évite les conflits. Ceci rejoint la loi fondamentale de
la nature chez Hobbes. En appliquant la loi morale de Kant, on respecte
les lois de la nature chez Hobbes pour qui toute conduite dont la
conséquence est la guerre doit être interdite puisque si tous les
individus se comportent moralement selon la définition de Kant, cela
favorise la paix et un monde où les hommes sont en sécurité. Cependant,
selon Kant, les lois de la nature de Hobbes (gratitude, complaisance,
pardon, équité, absence d’arrogance, d’orgueil...) ne peuvent être
morales car c’est l’intention de l’action qui compte et non les contenus
effectifs. Alors si un individu fait une bonne action et abandonne son
droit naturel sur les autres pour respecter les lois de la nature, ce
n’est pas moral.
E) La notion de personne.
1) Décrivez le modèle de la personne théâtrale selon Hobbes
en montrant ses liens avec la représentation politique, la notion de
personne artificielle.
Une personne artificielle est une personne qui fait sienne la parole
d’un autre. La personne artificielle est comme « représentant les mots
et les actions d’un autre » (page 53). Cette personne peut être
considérée comme acteur puisqu’elle représente quelqu’un et, comme au
théâtre répète des paroles qui ne sont pas les siennes. Pour Hobbes, le
modèle de la personne théâtrale puise son sens dans le terme latin
« persona ». Ce terme signifie le « déguisement » ou « l’apparence
extérieure » (p. 53), qui est donc directement lié au milieu théâtral en
cela que les personnages joués par les acteurs se définissent en partie
par leur apparence extérieure, et donc leur déguisement. Entre ici
alors la fiction et la représentation. Un homme politique, l’Etat,
représente un peuple. Il est porté par le peuple, sans ce dernier sa
souveraineté s’écroulerait : « Les humains en multitude forment une
personne une quand ils sont représentés par un seul homme » Il y a donc
l’idée d’un Léviathan, d’un Etat, d’un homme qui fait sienne la parole
d’un peuple pour le diriger : pour qu’ils puissent se développer les
hommes doivent « rassembler toute leur puissance et toute leur force sur un homme ou sur une assemblée d’hommes
qui peut, à la majorité des voix ramener toutes leurs volontés à une
seule ; ce qui revient à dire : désigner un homme, ou une assemblée
d’hommes, pour porter leur personne » et chacun reconnait que l’action
accomplie ou la parole dite par cette personne ou cette assemblée de
personnes est sienne (page 66).
2) Décrivez le modèle juridique de la personne en montrant comment il suscite le décalage entre l’acteur et l’auteur.
Selon Hobbes, la personne juridique est dépositaire d’un droit
qu’elle peut exercer elle-même, en personne ou déléguer à un
représentant qui l’exerce et agit en son nom. Ainsi, une personne
juridique peut être un auteur ou un acteur : « Les mots et actions de
certaines personnes artificielles appartiennent à ceux qu’elles
représentent. La personne est donc l’acteur et celui dont les mots est
les actions sont les siens est l’AUTEUR. » (p.54). Ainsi par
procuration, l’auteur donne à l’acteur l’autorité pour agir en son nom.
Cette délégation de pouvoir est une autorisation. Cependant, l’acteur ne
s’engage pas lui-même et ne peut être tenu responsable des actions
qu’il effectue au nom de l’auteur.
3) Quel est le déplacement que fait Hobbes entre la notion de
personne qu’il utilise et celle qui est propre à la théologie
chrétienne de la Trinité ?
La théologie chrétienne de la Trinité désigne Dieu comme fusion entre
le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ils fusionnent et sont donc égaux
et participent à une même essence. Le Père est celui qui est éternel. Le
Fils est la Parole ou le Verbe de Dieu, Jésus Christ. Le Saint Esprit
est l’avocat, l’intercesseur, c’est à dire celui qui sollicite et plaide
en faveur de quelqu’un. Alors que dans la religion chrétienne ces trois
personnages sont fusionnés sous le nom de Dieu, et ne sont donc pas
séparables, pour Hobbes, celui qui donne la parole (Dieu) est l’auteur
tandis que le Saint Esprit est l’acteur, celui qui représente. Chez
Hobbes l’acteur et l’auteur sont deux personnes différentes tandis que
la Trinité représente une fusion, en quelque sorte, de ces deux
personnes, car Dieu est le Père mais est représenté successivement par
Moïse, par son Fils et par les Apôtres ou avocats comme nous l’avons
évoqué plus haut. Finalement, dans la religion, c’est Dieu l’auteur qui
est honoré à travers la Trinité, tandis que pour Hobbes dans la société
les auteurs sont liés pour donner l’acteur mais ne sont pas honorés
comme le souverain. (chapitre 42)
4) Quels sont les liens entre la notion de l’auteur (author),
celle de l’autorité (authority) et enfin celle de l’autorisation chez
Hobbes ?
A la page 54, Hobbes écrit « Celui dont les mots et les actions sont
les siens est l’auteur. Dans ce cas, l’acteur a autorité pour agir. Car
celui qu’on appelle propriétaire en parlant des marchandises et des
biens, est appelé un auteur en parlant des actions. Et, de même que le
droit de posséder est appelé propriété, de même le droit de faire une
action quelconque est appelé pouvoir [authority], et quelquefois mandat.
En sorte que, par pouvoir, on entend toujours le droit d’accomplir un
acte quelconque : et un acte accompli en vertu d’un pouvoir, d’une
procuration, d’une autorisation l’est en vertu de celui dont c’est le
droit ». Cela signifie qu’un auteur peut donner l’autorisation à un
acteur d’agir en son nom. Ce droit d’accomplir une action au nom d’un
auteur d’après une permission reçue est appelé pouvoir, autorité.
5) En quoi la notion de personne permet-elle de penser le contrat qui formera le Léviathan ?
Selon la notion de personne qu’utilise Hobbes, une personne juridique
peut se former à partir d’une multitude d’hommes. Or le contrat qui
formera le Léviathan réduit la multitude à l’unité. Elle suppose un
processus de reconnaissance publique, un individu ou une assemblée sont
déclarés les représentants d’autres individus, comme leurs mandataires :
« J’autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne mon
droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonne
ton droit et que tu autorises toutes ses actions de la même manière. »
(p.67). On remet ainsi par contrat la puissance suprême à un Léviathan.
F) Le contrat de Hobbes.
1) quel est le motif principal qui pousse les gens à faire un contrat politique ?
Le motif principal qui pousse les gens à faire un contrat politique
est la sécurité. Les hommes s’associent pour mettre fin aux luttes et
être à l’abri les uns des autres. Par exemple, pour cela ils remettent
leur souveraineté entre les mains d’un Etat puissant, afin de vivre en
paix.
2) Qu’est-ce qui différencie le peuple et la multitude ?
La multitude est un ensemble d’individus. Il y a une transition entre
multitude et peuple, une fois que les individus autorisent un souverain
à les gouverner en concluant un contrat entre eux, renonçant au pouvoir
de se gouverner eux-mêmes, à une partie de leur droit naturel. Ainsi,
le peuple n’existe pas indépendamment du souverain « la multitude, ainsi
unie en une personne une, est appelée un état » et l’origine de cette
transformation est le contrat. Donc la multitude est l’état qui précède
le peuple avant que naisse l’Etat. De plus, le peuple est le sujet du
souverain. (p.67 68)
3) Qu’est-ce qui caractérise le contrat par rapport :
a) à un pacte en général ?
Contrairement au contrat, le pacte laisse le temps d’agir. Lors d’un
contrat, « la chose peut être délivrée avec la transmission du droit,
comme lorsque l’on achète et vend au comptant », tandis qu’avec un
pacte, « la chose peut être délivrée quelques temps après » (page 23).
Dans le cas d’un pacte, les deux personnes font ce pacte et se
promettent de s’exécuter plus tard. Dans certains cas, il s’agit parfois
d’une des deux personnes qui promet de remplir son contrat plus tard.
Par exemple dans une vente, l’acheteur peut donner l’argent et recevoir
l’achat seulement une semaine après, et vice versa, dans ce cas là on
dit que la personne « tient sa promesse ». Le pacte est donc la promesse
d’un contrat à venir, le contrat étant l’échange en lui même.
b) à un don ?
Le contrat est aussi différent d’un don. Dans le cadre d’un don, « le
transfert du droit n’est pas mutuel », il n’est transmis par une seule
personne, qui le transmet gratuitement, dans l’espérance de recevoir
gratitude (« amitié ou le service d’un autre espoir de se faire une
réputation de charité ; l’espoir d’une récompense du ciel »). Le don est
donc différent du contrat, qui lui n’est pas gratuit, car se base sur
un « échange ». (page 23)
G) La souveraineté.
1) Quelle définition en donne Bodin ?
Chez Bodin, la souveraineté est importante pour comprendre l’idée
d’Etat, car c’est ce qui fait le gouvernement, le pouvoir. Bodin affirme
dans les Six livres de la République que « La souveraineté est la
puissance absolue et perpétuelle d’une République ( .. ) c’est à-dire la
plus grande puissance de commander ». Elle est absolue et perpétuelle
car « n’est limitée ni en puissance ni en charge à un certain temps ».
La souveraineté est éternelle car il ne peut y avoir souveraineté
absolue sans souveraineté éternelle, car une fois que ce pouvoir n’est
plus reconnu, il n’est plus absolu. La souveraineté est donc une,
indivisible et perpétuelle.
2) Quelles sont les spécificités de la notion de souveraineté chez Hobbes par rapport à celle de Bodin ?
Bien que Bodin ait montré le caractère absolu et indivisible de la
souveraineté politique, Hobbes ajoute quelques spécificités à sa vision
de la souveraineté que n’a pas vue Bodin. En effet Bodin ne parle pas de
la personnalité de l’Etat, de la souveraineté, c’est à dire que l’Etat
est l’« unité réelle de tous en une seule et même personne » (page 67).
Son objectif est de garantir la paix et la sécurité en évitant l’état de
guerre. Afin de mener à bien cet objectif, les citoyens doivent tous se
soumettre à un contrat : ils doivent renoncer à leurs pouvoirs
politique et économique, à leurs droits, en faveur d’une personne ou
d’un groupe de personnes. Cette souveraineté n’est pas infaillible mais
est la seule à pouvoir épargner à ses sujets les conflits auxquels les portent sans cesse leur état de nature. Les
individus s’unissent donc pour se faire représenter par un homme
« Porter leur personne » (page 66). Le peuple alors « reconnait être lui
même l’auteur de toute action accomplie ou causée par celui qui porte
leur personne », toutes les personnes « soumettent leurs volontés à sa
volonté » (page 67), à la volonté de la souveraineté. Par convention,
les volontés de chaque personne deviennent une volonté commune, là est
l’unité formée par l’Etat que ne voit pas Bodin, ainsi que la façon de
créer cette union (le contrat, le passage des droits de l’auteur à
l’acteur, comme nous l’avons évoqué plus haut) même s’il voit le pouvoir
absolu de cette souveraineté.
3)
a ) En quoi le représentant souverain n’est-il pas lié par le contrat chez Hobbes ?
Pour que le contrat soit solide, tous les individus passent un
contrat de chacun avec chacun, confient leur pouvoir à un représentant
souverain qui lui n’a pas passé de contrat. Ils doivent s’engager les
uns vis-à-vis des autres au profit du souverain, qui doit être au dessus
des lois et avoir un pouvoir illimité dans le but d’assurer la paix.
Aussi, pour que le souverain soit un arbitre indépendant et sans
parti-pris dans les conflits, il ne peut être lié par le contrat.
Le représentant souverain n’est donc pas lié par le contrat car il
n’y a pas eu de contrat entre le souverain et le peuple, mais seulement
un contrat entre tous les individus de la multitude, afin de permettre à
un acteur de les représenter. C’est une « convention de chacun avec
chacun » (page 67). Chacun s’accorde avec chacun pour abandonner le
droit de se diriger lui-même et pour mettre tout son pouvoir dans les
mains d’un seul homme, ce qui donne à ce dernier un pouvoir souverain
formé des pouvoirs de tous. Ce contrat passé entre les personnes formant
une multitude pour que cette dernière ne forme plus qu’un peuple, avec
un gouverneur à sa tête, fait de chaque individu le sujet volontaire du
souverain et de l’Etat. Le souverain est donc totalement libre de ses
actions, et n’agit que s’il a une puissance absolue. Il n’est pas
dépendants des désirs et des volontés de ses sujets, il agit en leurs
noms à partir du moment que le contrat est passé, chaque individu est la
source de son autorité, mais c’est lui qui dispose du pouvoir absolu.
La personne qui abandonne tous ses droits par contrat au souverain, lui
donne le droit de décider et choisir les choses en son nom. Le peuple se
reconnait donc auteur car chacun individu a abandonné ses droits (après
consentement entre eux) à un homme, qui devient le seul détenteur du
pouvoir. Ce pouvoir est absolu car comme nous l’avons dit le contrat se
passe entre individus singuliers et non entre individus et souverain,
ainsi le souverain n’est pas contractuel. Il n’y a pas de danger que le
contrat soit révoqué et que le souverain perde sa place (donc pouvoir
absolu), danger qui arriverait si le contrat était entre souverain et
sujets car il serait à certaines conditions et dans des limites
temporelles (élections pendant tant d’années ... ) Chaque individu
soumet sa volonté au souverain pour qu’il leur permette à chacun de se
préserver. Les individus doivent alors obéir au souverain : le pouvoir
de ce dernier est absolu. Le pouvoir est échangé contre la défense.
b) Quelles sont les conséquences internationales de ce statut du souverain ?
Les conséquences internationales de ce statut de souverain sont que,
de part le fait qu’il est le dirigeant de l’Etat, ce Léviathan, cette
puissance absolue, il peut « mettre en branle la force du plus grand
nombre pour contraindre les sujets rétifs » (p.134) et ainsi choisir de
faire, par exemple, la guerre, ou forcer ses sujets hésitants à obéir.
Le souverain est donc sans cesse en guerre avec les autres pays.
C’est en effet le seul à décider pour son peuple, se sent donc le plus
fort et détenant le plus de pouvoir. Cela explique pourquoi il est sans
cesse en compétition avec les autres souverains des différents pays, il
se sent en effet en compétition avec eux. Celui ci est méfiant et ne
supporte pas que quelqu’un d’autre que lui puisse diriger un autre Etat.
Ce statut de souverain a alors une dimension internationale puisqu’il
entraine de la défiance des uns envers les autres souverains.
Il y a comme un état de nature entre souverains.
5) Quelle(s) modalité(s) de résistance individuelle envisage Hobbes vis-à-vis du souverain ?
En dépit de ce pouvoir absolu, Hobbes envisage des modalités de
résistance face au souverain. « Si le souverain ordonne à un homme, même
justement condamné, de se tuer, de se blesser, ou de se mutiler, ou de
ne pas résister à ceux qui l’attaquent, ou de s’abstenir d’user de
nourriture, d’air, de médicaments, ou de quelque autre chose sans
laquelle il ne peut vivre, cet homme a cependant la liberté de
désobéir » (chapitre 21). En d’autres termes, le peuple étant l’auteur
premier de ce qu’ordonne le souverain, ce qu’il ordonne n’est pas
injuste, néanmoins si le souverain m’ordonne de me tuer, j’ai le droit
de lui désobéir pour lui résister, car j’ai le droit de nature de me
préserver. Un condamné peut aussi échapper au bourreau, car l’Etat ne
peut décider de la vie ou de la mort d’un de ses sujets. De plus, il
peut aussi désobéir pour protéger un innocent. « Nul n’a la liberté de
résister à l’épée de la République » mais, les hommes peuvent désobéir
pour protéger leur vie, ou « s’unir, s’entraider, et se défendre les uns
les autres », car ils ont la liberté de protéger leur vie et celle des
autres. Ils peuvent pour notamment pour cela défendre leurs droits en
justice. Ils peuvent aussi désobéir par crainte (si on leur demande de
tuer quelqu’un, de faire la guerre) car ceci n’est pas désobéissance
mais déshonorant. De plus, l’homme a aussi la liberté face au souverain
quand celui-ci n’a pas établi de loi sur le sujet concerné : « Dans les
cas où le souverain n’a prescrit aucune règle, le sujet a alors la
liberté de faire ou de s’abstenir, cela à sa propre discrétion. »
H - Pourquoi le Léviathan symbolise-t-il l’Etat pour Hobbes ?
Dessin représentant le Léviathan sur le livre de Hobbes :
1) Qu’est-ce que le Léviathan dans la Bible ? Où y apparaît-il ? On trouvera ici des éléments de réponse.
Le nom de Léviathan vient de la mythologie phénicienne qui en fait le
monstre du chaos primitif. Réveiller un Léviathan reviendrait à
détruire l’ordre existant. On retrouve plusieurs descriptions de ce
Léviathan, il est appelé à plusieurs reprises « dragons des mers »,
« monstre marin » ou encore « dragon marin ». Cependant, ce montre ne
représente ni le bien, ni le mal. Il apparait dans le livre de Job, dans
des psaumes et également dans le livre d’Isaïe.
2) En quoi ce monstre symbolise-t-il l’Etat pour Hobbes ?
Le Léviathan est en fait une personne fictive, il représente
l’ensemble d’un corps où la tête symbolise le roi et où le peuple est
caractérisé par le corps. Il représente donc l’Etat divisé en deux
parties : le peuple et le roi. Sa puissance existe grâce au peuple qui
lui a donné tout son pouvoir, c’est pour cela qu’il est si monstrueux.
Cette métaphore permet à Hobbes de ne pas penser que le pouvoir doit
être délivré par Dieu, mais par le peuple.
Comme le montre la gravure ci-jointe, placée en couverture du livre
de Hobbes en 165 1, un géant est au dessus de toute une ville, et
personne ne parait pouvoir être plus grand. Ce géant, représentation de
l’Etat, dispose de tous les pouvoirs : il a en main l’épée (pouvoir
politique) et la crosse ecclésiastique (pouvoir religieux). Son corps
est fait d’hommes, ce qui prouvent l’union des hommes formant le
Léviathan, et le fait que ces hommes ne peuvent agir sans être
représentés par lui. L’Etat a donc comme le Léviathan (et c’est pour
cela que Hobbes lui donne ce nom) une force et un droit absolu. Comme
nous l’avons dit, il est éternel et parfait, l’on peut ainsi le comparer
au divin, même s’il est mortel.
IV - La modernité politique de Hobbes et ses limites.
1) En quoi l’Etat Léviathan de Hobbes est-il un Etat laïque ?
a) du point de vue de son fondement.
Si l’Etat est fondé, c’est dans le but d’assurer la paix, or les
religions sont souvent cause de guerre. A l’époque de Hobbes, il y a en
Angleterre une guerre civile en partie due aux religions. C’est pourquoi
l’Etat dans son fondement est laïc. L’objectif de la laïcité politique
est de limiter le pouvoir des églises et d’assurer la primauté de la loi
civile sur la loi religieuse. La laïcité politique permet la liberté
des cultes qui favorise la paix. L’État assure un traitement impartial
de tous les sujets, indépendamment de leurs convictions religieuses.
Hobbes est l’un des premiers penseurs de l’Etat laïque. Il pense que le
pouvoir ne doit pas être délivré par dieu, mais par la souveraineté de
l’Etat. L’Etat Léviathan est donc fondé par la volonté du peuple.
b) du point de vue de son fonctionnement.
Le souverain a un pouvoir absolu et inviolable mais celui-ci n’est
pas divin et sacré. De plus, contrairement au monarque d’une monarchie
de droit divin, le souverain selon Hobbes a une politique concrète,
l’objectif de l’Etat étant de préserver la paix et la sécurité du
peuple. Il n’a pas pour seul but de dominer les hommes, mais de les
dominer pour les empêcher de retourner à l’état de nature, de guerre.
Les enjeux du pouvoir constituent ainsi l’essence du pouvoir et mettent
en place le fonctionnement de l’Etat laïque. Le mode de fonctionnement
n’est pas arbitraire, comme dans une monarchie de droit divin, mais
rationnel : on veut la sécurité et la paix des hommes, les lois et
ordres sont donc commis dans ce sens. De plus, Hobbes pense que la
religion est un des facteurs de la dissolution du corps politique, c’est
pour cela qu’il faut régler l’organisation des rapports entre l’Eglise
et l’Etat, ce qui est le propre d’un Etat laïque. Le pouvoir
ecclésiastique est soumis à l’Etat et le souverain assure le pouvoir
politique ainsi que religieux.
2) En quoi la formation de l’Etat par le contrat est-elle démocratique ?
La formation de l’Etat par le contrat est démocratique car les
individus conviennent unanimement de conclure le contrat qui donne au
souverain pouvoir. Ce souverain agit en leur nom car les individus lui
ont transféré leur droit, auxquelles ils ont eux-mêmes renoncé.
3) Pourquoi cependant l’exercice de la souveraineté n’est-il pas accordé par Hobbes au peuple lui-même ?
Cependant, l’exercice de la souveraineté n’est pas accordé au peuple
lui-même par Hobbes car il pense que le peuple est inapte au pouvoir. En
effet, le but de l’Etat est la paix, pour cela il doit être stable. Or,
s’il repose sur un souverain qui incarne une unité de volonté et de
commandement, il l’est alors que la démocratie synonyme de souveraineté
du peuple, l’est beaucoup moins. Ainsi, la démocratie est dans la
perspective soumise aux factions, dissidences et conflits d’intérêt « si
nombreuse que soit une multitude d’individus ; si cependant leurs
actions sont dirigées par leurs jugements et leurs instincts
particuliers [ ... ], ils se battent entre eux au nom de leurs intérêts
personnels. » (p.63). C’est pourquoi Hobbes préfère confier la
détermination des lois à un monarque.
4) Quelle est la solution de Rousseau apportée à la critique de la démocratie par Hobbes ?
Rousseau pense au contraire que l’on doit confier la détermination
des lois au peuple lui-même car pour lui il y a la possibilité qu’une
volonté unique et générale émerge d’une multitude. L’activité politique
permet aux hommes de dépasser les factions, dissidences et conflits
d’intérêt pour leurs intérêts communs. Selon Rousseau, l’homme est
l’être qui est capable d’obéir à une loi qu’il s’est à lui-même imposée.
Mais si le peuple promulgue les lois, celles-ci sont appliquées aux
particuliers.
5) En quoi l’approche de Hobbes anticipe-t-elle la ruse de la nature chez Kant dans l’Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique ?
Dans l’idée d’une histoire universelle d’un point de vue
cosmopolitique, Kant montre que les hommes pour sortir de l’Etat de
guerre, créent dans leur pays un Etat, une puissance souveraine qui les
régisse et poursuive la paix. Mais même si un Etat est en paix, l’état
de nature perdure encore d’un Etat à un autre, car le pouvoir de faire
la guerre est propre aux Etats et non aux particuliers. Les individus de
l’Etat, l’objectif de l’Etat tant la paix et la sécurité du peuple,
sont tout de même protégés des puissances et menaces extérieurs (les
autres Etats). Mais pour gagner, en même tant que la sécurité des
individus, la sécurité de l’Etat, Kant imagine une paix entre Etats, une
paix universelle. « C’est la dialectique du conflit et de la solidarité
des égoïsmes qui, par une sorte de ruse de la nature, promeut le
perfectionnement de l’homme et le conduit à sa destination morale. »
L’approche de Hobbes anticipe donc cette ruse de la nature puisqu’il
pense la mise en place de l’Etat pour protéger le peuple d’un pays,
alors que la vision de Kant est élargie. Hobbes pense à la paix et la
sécurité des hommes d’un pays par la création de l’Etat, alors que
Hobbes avec une vision universelle élargie, pense à une paix entre Etats
pour faire perdurer la sécurité, des Etats, mais aussi des peuples qui y
résident. Pour mettre en place cette société civile des nations, il est
indispensable de concevoir, en plus du droit des individus d’une
nation, un droit nouveau commun, pour enlever les Etats de leur état de
nature.
V - Donnez un plan des chapitres 13 à 17 du Léviathan.
I - La condition du genre humain dans son état de nature et les lois de nature qui en découlent
- Partie 1 : Démonstration de l’égalité humaine (p. 9-11)
- Partie 2 : Conséquences de cette égalité (p. 11-13)
- Partie 3 : La guerre perpétuelle : conséquences et explications (p. 13-16)
- Partie 4 : Vers la paix (p. 16)
- Partie 5 : Droit naturels et lois fondamentales en découlant (p. 17-22)
- Partie 6 : Le contrat, ses variantes et ses règles (p. 22-32)
- Partie 7 : Justice et autres lois de nature (p. 33-52)
II - Les notions de personne et d’auteur
- Partie 1 : La personne (p. 53-54)
- Partie 2 : Acteur et auteur (p. 54-60)
III - L’État Léviathan
- Partie 1 : Objectif et raison d’être de l’Etat (p. 61-67)
- Partie 2 : Définition de l’Etat (p. 67-68)
VI - Bibliographie :
Jean Bernhardt, Hobbes, puf, Que sais-je ? ;
Dominique Weber, Léviathan de Hobbes, avec le texte intégral des chapitres 16 et 17, La philothèque, Bréal, 2003 ;
Norbert Campagna, Thomas Hobbes, L’Ordre et la liberté, Michalon, le bien commun, 2000 ;
Gérard Mairet, Léviathan, Hobbes, Ellipses, 2000 ;
Arnaud Milanese, Personnalité et autorité politique, Léviathan (I,16 et II,17), Ellipses, 2006 ;
Jean Terrel, Le vocabulaire de Hobbes, Ellipses, 2003 ;
Jean Terrel, Théories du pacte social - Droits naturel,souveraineté et contrat de Bodin à Rousseau, Points seuil, 2001.
VII - Documentation internet :
Le texte :
Des articles sur Hobbes et le Léviathan :
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