dimanche 26 octobre 2014

Corrigé de la fiche de lecture sur Hobbes, Le Léviathan, chapitres XIII-XVII.

Nos éditions de référence sont :
  • pour l’extrait, Thomas Hobbes, Léviathan, chapitre 13 à 17, folioplus, philosophie, 2007 ;
  • pour l’œuvre complète, Thomas Hobbes, Léviathan, folio essais, 2000.

Ce corrigé a été fait à partir de travaux de Céline Leduff  TES, Cynthia Mandjeck TS2, Camille Péjout TS2, Estelle Boucher TL, Orélie Gérard TL, Jessica Peyrat TL, Noémy Manicord TL.

I - Le contexte de l’œuvre.


1) Présentez la biographie de Hobbes en 3-4 lignes.

Thomas Hobbes, philosophe anglais fils d’un ecclésiastique protestant, est né en 1588 en Angleterre. Il est l’un des fondateurs de la philosophie politique moderne. Il fut le contemporain de Descartes, Pascal, etc... et a fréquenté nombre de savants de l’époque : Gassendi, Galilée, Mersenne, etc. Ses œuvres principales sont De Cive (1642) et le Léviathan (1651). Il est mort en 1679.

2) Présentez les événements politiques en Grande Bretagne qui ont précédé les œuvres politiques de Hobbes.

Pour comprendre les écrits de Hobbes, il est nécessaire de dire qu’il eut une vie placée sous le signe de la guerre. Entre 1621 et 1629, l’Angleterre était engagée dans une guerre sur le continent qui était très coûteuse. La guerre a continué encore entre 1640 à 1660, y compris deux guerres civiles, de 1642 et 1648.
En effet, tout d’abord, les républicains et les royalistes se disputaient le pouvoir de la Grande Bretagne. En même temps, le conflit se déroulait à deux niveaux géographiques : en Ecosse et en Angleterre. L’objet de la contestation se centrait autour de deux institutions : le Parlement et le Roi.
Les écrits du Hobbes, et surtout celui du Léviathan suivirent cette confusion. Son objectif était d’assurer et obtenir la paix et l’ordre.
Les guerres de religion en France et les guerres civiles en Angleterre l’amenèrent à développer une philosophie où il considère que seul l’absolutisme de l’Etat, à qui les hommes confient par contrat le soin de les gouverner, peut maintenir le droit et garantir la paix. Il refuse donc le pouvoir de droit divin.
Ensuite, l’accalmie politique du protectorat de Cromwell, en 1653, lui permet de retourner en Angleterre où il écrit De Corpore (1655), De Homine (1658), et De Cive (1642).
Pour finir, le rétablissement de la monarchie en Grande Bretagne lui a permis de rédiger une histoire de la guerre civile, Béhémoth.

II - Enjeux anthropologiques divers.


1) Qu’est-ce qui distingue l’homme et l’animal selon Hobbes au niveau des capacités de connaissance et d’action ?

Comme certains animaux, les hommes sont capables d’un certain discours mental, c’est à dire d’une pensée organisée. Il n’y a, selon Hobbes, entre hommes et animaux qu’une différence de degré en ce qui concerne [’usage de la raison. Cette différence essentielle se fait dans le discours verbal, c’est à dire dans la capacité a exprimer ses pensées. L’animal n’a lui qu’un faible « usage de la voix », et n’use de celle ci qu’à un niveau bien rudimentaire. Du point de vue de l’action, selon Hobbes l’homme est obsédé par la satisfaction de ses propres désirs, et la satisfaction de cet intérêt ne peut conduire à l’intérêt général. Toutefois, [’animal est aussi dirigé par leur intérêt particulier mais pour l’animal, la nature a fait en sorte que celui ci soit compatible avec l’intérêt général de toute son espèce.

2) En quoi Hobbes conteste-il la notion d’animal politique ? Présentez cette notion d’Aristote et donnez-en les critiques qu’en fait Hobbes.

Aristote donne comme définition essentielle de l’homme qu’il est « un animal politique » c’est à dire qu’il est fait pour vivre en société. Selon
lui, l’homme n’est vraiment lui même qu’au sein de la cité ou de la société où il peut développer ses facultés morales et que toute cité est un fait de nature. Ainsi, la fin de l’homme est parmi les hommes. De plus, l’existence politique et la sociabilité sont naturelles. Au contraire, Hobbes affirme que l’homme n’est pas un animal politique et qu’il n’est pas ne avec une disposition naturelle à la société mais qui est sociable par accident. Selon ce dernier, Aristote a supposé à tord qu’un instinct de sociabilité était présent chez l’homme. Hobbes pense que « l’homme est un loup pour l’homme ». De plus, l’homme ne s’associerait que par égoïsme, et ce ne serait qu’un artifice.

3) Pourquoi selon Hobbes les hommes sont-ils égaux malgré les différences apparentes de force physique et d’intelligence ?

Selon Hobbes, les hommes sont égaux malgré leurs différences apparentes à la fois physique et intellectuelle. Leur égalité s’illustre dans trois domaines qui leurs sont communs : d’abord tout homme, qu’il soit avantagé plus physiquement qu’intellectuellement ou plus intellectuellement que physiquement, peut montrer sa supériorité sur l’autre en se mettant en valeur grâce à la qualité dont l’autre ne dispose pas et ainsi bénéficier d’un profit personnel : « la différence entre les deux n’est pas à ce point considérable que l’un d’eux puisse s’en prévaloir et obtenir un profit quelconque pour lui même auquel l’autre ne pourrait prétendre aussi bien que lui » (p.9). Mais pour Hobbes cette égalité est plus grande en ce qui concerne l’esprit. Il donne l’exemple de la prudence qui est selon lui une expérience commune à chaque homme dès lors qu’il va s’impliquer dans un projet : « Car la prudence n’est rien que l’égale expérience que tous les hommes ont, en un temps égal, de ces choses dans lesquelles ils s’impliquent également » (p. 10). Aussi, Hobbes relie les hommes sur un autre aspect qui semble encore une fois propre à chacun d’entre eux car chacun pense être plus intelligent et doté d’un savoir inégalable et donc en conséquence bien supérieur à ses semblables, or, ceci s’éloigne bien de la réalité. Ils sont donc égaux sur leur façon de se positionner par rapport aux autres : « Car telle est la nature humaine que [ ... ] on aura pourtant du mal à croire qu’il y en a beaucoup de plus sages que soi-même » (p. 10).

III - Les concepts.

Pour répondre à ces questions, indiquez aussi souvent que possible les endroits du texte étudié où on peut lire les réponses.

A) Quel est le sens du désir chez Hobbes ?

Chez Hobbes, le désir des Hommes va dans sens de la puissance et le désir de puissance est rendu nécessaire par l’état de nature. En effet, le désir n’est pas orienté vers la satisfaction d’un besoin ou la transformation de la nature par le travail mais vers le désir de l’autre, le désir de reconnaissance. Il y a chez l’Homme un désir infini de puissance. Un désir perpétuel qui ne cesse jamais d’acquérir de plus en plus de pouvoir. Or il ne s’agit pas ici d’une simple accumulation de biens, parce que le désir de puissance est engendré par la relation à autrui et que le pouvoir sur autrui est le plus grand des pouvoirs.


B) Quelle est la conception de la liberté en jeu dans le Léviathan ?


1) Citez la définition qu’il donne dans notre extrait.

Dans le chapitre 14, aux pages 17 et 18, Hobbes donne comme définition de la liberté : « l’absence d’entraves extérieures, entraves qui, souvent, peuvent détourner une part de la puissance de faire ce que l’on voudrait, sans cependant pouvoir empêcher l’usage de puissance restante, conformément à ce que dictent notre jugement et notre raison ».

2) En quoi cette définition n’implique pas forcément l’existence d’un libre-arbitre chez Hobbes ?

Chez Hobbes, la liberté est déterminée par des causes extérieures et pas forcément par des causes intérieures. Or, le libre arbitre est une cause intérieure puisque c’est quand le pâle de décision rationnel d’un individu l’emporte sur ses pulsions. Sa définition de la liberté n’implique donc pas l’existence d’un libre arbitre. (p.17) En effet, Hobbes a une conception de la liberté au sens matériel, comme la capacité de mouvement et non métaphysique. Un individu est libre, s’il n’est pas contraint physiquement. Ainsi, un acte inspiré par la crainte ou la colère est libre et volontaire car aucun corps ne l’empêche. Dans ce cas nous sommes plus près du déterminisme.


C) Quelle est la définition que fait Hobbes de la raison ?

Pour Hobbes, la raison se définit comme un calcul préférentiel, qui anticipe les conséquences à long terme des actions.
L’homme a conscience du temps, il peut se souvenir d’un évènement et l’assimiler à une période de temps précise, de la même manière qu’il est capable d’anticiper un acte en imaginant ses conséquences, car il dispose de la raison. Ainsi l’homme prévoit le danger et attaque avant d’être attaqué : « un homme n’a pas d’autre moyen aussi raisonnable que l’anticipation pour se mettre en sécurité » (page 11). En effet, « selon son jugement et sa raison propres, (il devra faire) tout ce qu’il concevra être le moyen adapté » (page 17) pour se préserver. L’homme raisonne et calcule au tel point donc que lorsqu’il conçoit quelque chose il établit en même temps les conséquences qu’elle peut produire. L’homme, par la raison peut avoir un discours de pensées réglé et réfléchi.

D) Etat de nature, droit naturel et lois de la nature.

1) Quel est le statut de l’état de nature chez Hobbes ?

a) D’où découle la guerre de tous contre tous selon Hobbes mais pourquoi cependant désire-ton la paix ? On rapprochera ces idées de l’insociable sociabilité de Kant.

Selon Hobbes, la guerre de tous contre tous découle du fait que tous les hommes sont égaux et que cela engendre de la défiance, qui engendre de l’anticipation. En fait, les hommes se font la guerre à cause de leur rivalité pour le profit (ils s’attaquent pour s’emparer de biens), par méfiance pour leur sécurité (ils s’attaquent pour protéger leur bien et par conservation d'eux mêmes) et pour finir par fierté (ils s’attaquent pour leur réputation, leur gloire). Cependant, on désire la paix « la raison suggère les articles de paix adéquats » (p.16) parce que dans un contexte de guerre de tout contre tous, les hommes sont constamment en danger et ont peur de mourir. L’activité des hommes (agriculture, commerce ... ) ne se développent pas ni la civilisation (culture : arts, lettres ... ) et « la vie humaine est solitaire, misérable, dangereuse, animale et brève. » (p.14). Donc l’homme cherche la paix d’une part par intérêt mais aussi par désir de l’autre (de communiquer, échanger ... ).
Ainsi, Kant met en évidence la f tendance contradictoire de l’homme qui cherche à s’associer à d’autres hommes pour être plus fort mais aussi à s’isoler pour rechercher son propre intérêt. C’est l’insociable sociabilité. Elle assure le développement et le progrès de la société.

b) On ramène souvent l’état de nature chez Hobbes à l’homme est un loup pour l’homme. En quoi ceci est-il réducteur de la pensée de Hobbes ?

L’état de nature dont parle Hobbes dans Léviathan est souvent ramené à l’expression « l’homme est un loup pour l’homme » qu’il a évoquée dans De Cive, mais dont il n’est pas l’auteur. Cette formule est réductrice de la vision de Hobbes quant à l’état de nature, c’est à dire l’état de guerre dans lequel sont les hommes sans gouvernement et pouvoir supérieur. Malgré l’état de guerre dans lequel se trouvent les hommes sans société ni gouvernement, le comportement humain ne peut par l’image du loup être assimilé au comportement animal. Il ne peut pas être comparé à un animal tel que le loup, car l’homme dispose d’une « puissance d’artifice », c’est à dire le langage qui le permet d’entretenir un certain rapport avec le temps, de comprendre les causes, les conséquences, les marques temporelles... L’état de nature comme l’évoque Hobbes n’est qu’une hypothèse pour montrer que la société est le seul salut vers la paix.
Contrairement à ce que pensent certaines personnes de cette citation évoquant le loup et l’homme, l’homme n’est pas naturellement méchant, il veut se préserver car il a conscience du temps, contrairement aux animaux qui sont régis par des instincts.

c) L’état de nature chez Hobbes est-il un fait ou une hypothèse ? Comment cet état de nature se situe-t-il par rapport à la doctrine chrétienne du péché originel ?

Cet état de nature dont parle Hobbes est une hypothèse comme il le dit page 14 : « on peut penser qu’il n’y eut jamais un temps comme celui ci, non plus qu’un semblable état de guerre. Et je crois que, de façon générale, il n’en a jamais été ainsi à travers le monde, mais qu’il y a beaucoup d’endroits où l’on vit ainsi. » Il pense en effet que ceci n’a pas réellement existé, c’est une hypothèse pour montrer que sans la société les hommes vivent en guerre. Cette idée est postérieure et différente du péché originel qui est une doctrine qui décrit l’état dégradé de l’humanité depuis la désobéissance d’Adam et Ève, premiers Hommes créés par Dieu. Elle affirme que la nature humaine a été corrompue par cette faute originelle et que tout être humain se trouve en état de péché dès qu’ils descendent d’Adam. L’idée de Hobbes est donc différente car pour lui il n’y a pas de péché originel : l’homme est mauvais dès le départ car il veut se conserver. Il devient meilleur grâce à la société. Pour les chrétiens, les Hommes étaient bons mais se sont corrompus.

d) Comparez l’état de nature chez Hobbes avec l’état de nature chez Rousseau ? Cette comparaison portera tant sur le statut factuel ou hypothétique de cet état de nature que sur les implications anthropologiques.

Tout d’abord, comme Hobbes, Rousseau ne considère pas historiquement l’état de nature, mais hypothétiquement tel que l’homme serait s’il ne devait rien à la vie en société. Ils sont aussi d’accord sur le fait qu’à l’état de nature l’homme est libre et égaux. Toutefois, Rousseau estime que l’homme à l’état de nature est naturellement bon. Donc il s’oppose tout à fait à Hobbes qui pense qu’à l’état de nature, l’homme est méchant. Rousseau pense que pour être cruel il faut être intelligent, or l’homme sauvage a l’état de nature n’a pas totalement développe sa raison donc sans le savoir il est bon, la cruauté supposant de la raison. En effet, selon Rousseau, la raison fonde la connaissance du bien et du mal. Pour Hobbes, c’est le développement de la raison et de la connaissance qui verra le mal originel de l’homme réfuté. Pour Rousseau, la connaissance rationnelle ne nous libère pas forcément du mal, au contraire c’est elle qui corrompt l’homme et son intelligence du cœur, bien véritable. Il s’oppose à la doctrine chrétienne du péché originel puisqu’il pense que la corruption se transmet par l’éducation et pas génétiquement. De plus, pour Rousseau, a l’état de nature, il n’existe aucun désir de possession ni de domination contrairement à Hobbes qui pensent que ce sont ce qui engendrent la guerre de tous contre tous.

2) Expliquez le concept de droit naturel chez Hobbes. En quoi se distingue-t-il du droit naturel tel qu’un aristotélicien le pense à l’époque ?

Pour Hobbes, le droit naturel est « la liberté que chacun a d’user de sa propre puissance » comme il veut pour « la préservation de sa propre nature » (page 17). Hobbes a une vision différence d’autres philosophes comme Aristote selon lequel au sein de ce monde chaque être a une nature qui lui est propre et qui doit le mener à son bon développement. L’ensemble des règles qui ont pour but de permettre le parfait développement de l’homme constitue le Droit naturel. Il ne doit pas comme selon Hobbes user de sa puissance et faire ce qu’il veut pour se préserver, mais développer sa nature et sa puissance en suivant des règles strictes.

3) Expliquez comment les lois de la nature se déduisent du droit naturel chez Hobbes.

Les lois de la nature sont légitimées par le droit naturel de conservation de soi même, elles contraignent donc l’homme à faire usage des moyens les plus appropriés pour sa conservation. Ceci implique l’usage de la raison pour juger de l’efficacité de ces moyens. Ainsi la loi fondamentale « chacun doit s’efforcer à la paix aussi longtemps qu’il a espoir de l’atteindre [...] » et donc le fait que l’homme vit en société se déduit du droit naturel chez Hobbes car la paix est plus efficace pour se maintenir en vie que la guerre. (18 19)

4) Comparez ces lois de la nature avec la loi morale chez Kant ou la loi religieuse. Précisez les ressemblances et les différences.

La loi morale chez Kant est l’impératif catégorique : « Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse valoir universellement ». Il s’agit de se demander à chaque fois que l’on agit si l’on peut vouloir raisonnablement et sans se contredire que tout le monde agisse de la même façon. Par exemple, quelqu’un m"insupporte, j’ai envie de le tuer. Ce projet n’est pas universalisable, car un monde où tout le monde s’autorise à tuer est un monde sans sécurité où l’avenir de l’Humanité est compromis. Cela permet de justifier le fait que les hommes recherchent la paix. Cette loi morale est basée sur la raison, est éternelle et immuable comme les lois de la nature chez Hobbes qui sont des règles générales par lesquelles, il est interdit aux gens de faire ce qui mène à la destruction de leur vie « théorèmes concernant ce qui conduit a la préservation et à la défense de soi même ». Mais chez Hobbes, elles naissent de la crainte de la mort et calculent le meilleur moyen de léviter, donc naissent par intérêt alors que l’impératif catégorique n’est motivé par aucun intérêt, ni inclinaison mais seulement par elle même. Alors, ce qui les différencie profondément est le motif. Une seconde formulation de 1 impératif catégorique s’énonce ainsi : "Agis toujours de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin et jamais seulement comme un moyen". Ainsi, vouloir se suicider est immoral puisque faire de sa personne une fin suppose de continuer à vivre et non de s’anéantir. De plus, bien traiter les individus évite les conflits. Ceci rejoint la loi fondamentale de la nature chez Hobbes. En appliquant la loi morale de Kant, on respecte les lois de la nature chez Hobbes pour qui toute conduite dont la conséquence est la guerre doit être interdite puisque si tous les individus se comportent moralement selon la définition de Kant, cela favorise la paix et un monde où les hommes sont en sécurité. Cependant, selon Kant, les lois de la nature de Hobbes (gratitude, complaisance, pardon, équité, absence d’arrogance, d’orgueil...) ne peuvent être morales car c’est l’intention de l’action qui compte et non les contenus effectifs. Alors si un individu fait une bonne action et abandonne son droit naturel sur les autres pour respecter les lois de la nature, ce n’est pas moral.

E) La notion de personne.

1) Décrivez le modèle de la personne théâtrale selon Hobbes en montrant ses liens avec la représentation politique, la notion de personne artificielle.

Une personne artificielle est une personne qui fait sienne la parole d’un autre. La personne artificielle est comme « représentant les mots et les actions d’un autre » (page 53). Cette personne peut être considérée comme acteur puisqu’elle représente quelqu’un et, comme au théâtre répète des paroles qui ne sont pas les siennes. Pour Hobbes, le modèle de la personne théâtrale puise son sens dans le terme latin « persona ». Ce terme signifie le « déguisement » ou « l’apparence extérieure » (p. 53), qui est donc directement lié au milieu théâtral en cela que les personnages joués par les acteurs se définissent en partie par leur apparence extérieure, et donc leur déguisement. Entre ici alors la fiction et la représentation. Un homme politique, l’Etat, représente un peuple. Il est porté par le peuple, sans ce dernier sa souveraineté s’écroulerait : « Les humains en multitude forment une personne une quand ils sont représentés par un seul homme » Il y a donc l’idée d’un Léviathan, d’un Etat, d’un homme qui fait sienne la parole d’un peuple pour le diriger : pour qu’ils puissent se développer les hommes doivent « rassembler toute leur puissance et toute leur force sur un homme ou sur une assemblée d’hommes qui peut, à la majorité des voix ramener toutes leurs volontés à une seule ; ce qui revient à dire : désigner un homme, ou une assemblée d’hommes, pour porter leur personne » et chacun reconnait que l’action accomplie ou la parole dite par cette personne ou cette assemblée de personnes est sienne (page 66).

2) Décrivez le modèle juridique de la personne en montrant comment il suscite le décalage entre l’acteur et l’auteur.

Selon Hobbes, la personne juridique est dépositaire d’un droit qu’elle peut exercer elle-même, en personne ou déléguer à un représentant qui l’exerce et agit en son nom. Ainsi, une personne juridique peut être un auteur ou un acteur : « Les mots et actions de certaines personnes artificielles appartiennent à ceux qu’elles représentent. La personne est donc l’acteur et celui dont les mots est les actions sont les siens est l’AUTEUR. » (p.54). Ainsi par procuration, l’auteur donne à l’acteur l’autorité pour agir en son nom. Cette délégation de pouvoir est une autorisation. Cependant, l’acteur ne s’engage pas lui-même et ne peut être tenu responsable des actions qu’il effectue au nom de l’auteur.

3) Quel est le déplacement que fait Hobbes entre la notion de personne qu’il utilise et celle qui est propre à la théologie chrétienne de la Trinité ?

La théologie chrétienne de la Trinité désigne Dieu comme fusion entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ils fusionnent et sont donc égaux et participent à une même essence. Le Père est celui qui est éternel. Le Fils est la Parole ou le Verbe de Dieu, Jésus Christ. Le Saint Esprit est l’avocat, l’intercesseur, c’est à dire celui qui sollicite et plaide en faveur de quelqu’un. Alors que dans la religion chrétienne ces trois personnages sont fusionnés sous le nom de Dieu, et ne sont donc pas séparables, pour Hobbes, celui qui donne la parole (Dieu) est l’auteur tandis que le Saint Esprit est l’acteur, celui qui représente. Chez Hobbes l’acteur et l’auteur sont deux personnes différentes tandis que la Trinité représente une fusion, en quelque sorte, de ces deux personnes, car Dieu est le Père mais est représenté successivement par Moïse, par son Fils et par les Apôtres ou avocats comme nous l’avons évoqué plus haut. Finalement, dans la religion, c’est Dieu l’auteur qui est honoré à travers la Trinité, tandis que pour Hobbes dans la société les auteurs sont liés pour donner l’acteur mais ne sont pas honorés comme le souverain. (chapitre 42)

4) Quels sont les liens entre la notion de l’auteur (author), celle de l’autorité (authority) et enfin celle de l’autorisation chez Hobbes ?

A la page 54, Hobbes écrit « Celui dont les mots et les actions sont les siens est l’auteur. Dans ce cas, l’acteur a autorité pour agir. Car celui qu’on appelle propriétaire en parlant des marchandises et des biens, est appelé un auteur en parlant des actions. Et, de même que le droit de posséder est appelé propriété, de même le droit de faire une action quelconque est appelé pouvoir [authority], et quelquefois mandat. En sorte que, par pouvoir, on entend toujours le droit d’accomplir un acte quelconque : et un acte accompli en vertu d’un pouvoir, d’une procuration, d’une autorisation l’est en vertu de celui dont c’est le droit ». Cela signifie qu’un auteur peut donner l’autorisation à un acteur d’agir en son nom. Ce droit d’accomplir une action au nom d’un auteur d’après une permission reçue est appelé pouvoir, autorité.

5) En quoi la notion de personne permet-elle de penser le contrat qui formera le Léviathan ?

Selon la notion de personne qu’utilise Hobbes, une personne juridique peut se former à partir d’une multitude d’hommes. Or le contrat qui formera le Léviathan réduit la multitude à l’unité. Elle suppose un processus de reconnaissance publique, un individu ou une assemblée sont déclarés les représentants d’autres individus, comme leurs mandataires : « J’autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonne ton droit et que tu autorises toutes ses actions de la même manière. » (p.67). On remet ainsi par contrat la puissance suprême à un Léviathan.

F) Le contrat de Hobbes.

1) quel est le motif principal qui pousse les gens à faire un contrat politique ?

Le motif principal qui pousse les gens à faire un contrat politique est la sécurité. Les hommes s’associent pour mettre fin aux luttes et être à l’abri les uns des autres. Par exemple, pour cela ils remettent leur souveraineté entre les mains d’un Etat puissant, afin de vivre en paix.

2) Qu’est-ce qui différencie le peuple et la multitude ?

La multitude est un ensemble d’individus. Il y a une transition entre multitude et peuple, une fois que les individus autorisent un souverain à les gouverner en concluant un contrat entre eux, renonçant au pouvoir de se gouverner eux-mêmes, à une partie de leur droit naturel. Ainsi, le peuple n’existe pas indépendamment du souverain « la multitude, ainsi unie en une personne une, est appelée un état » et l’origine de cette transformation est le contrat. Donc la multitude est l’état qui précède le peuple avant que naisse l’Etat. De plus, le peuple est le sujet du souverain. (p.67 68)

3) Qu’est-ce qui caractérise le contrat par rapport :

a) à un pacte en général ?

Contrairement au contrat, le pacte laisse le temps d’agir. Lors d’un contrat, « la chose peut être délivrée avec la transmission du droit, comme lorsque l’on achète et vend au comptant », tandis qu’avec un pacte, « la chose peut être délivrée quelques temps après » (page 23). Dans le cas d’un pacte, les deux personnes font ce pacte et se promettent de s’exécuter plus tard. Dans certains cas, il s’agit parfois d’une des deux personnes qui promet de remplir son contrat plus tard. Par exemple dans une vente, l’acheteur peut donner l’argent et recevoir l’achat seulement une semaine après, et vice versa, dans ce cas là on dit que la personne « tient sa promesse ». Le pacte est donc la promesse d’un contrat à venir, le contrat étant l’échange en lui même.

b) à un don ?

Le contrat est aussi différent d’un don. Dans le cadre d’un don, « le transfert du droit n’est pas mutuel », il n’est transmis par une seule personne, qui le transmet gratuitement, dans l’espérance de recevoir gratitude (« amitié ou le service d’un autre espoir de se faire une réputation de charité ; l’espoir d’une récompense du ciel »). Le don est donc différent du contrat, qui lui n’est pas gratuit, car se base sur un « échange ». (page 23)

G) La souveraineté.

1) Quelle définition en donne Bodin ?

Chez Bodin, la souveraineté est importante pour comprendre l’idée d’Etat, car c’est ce qui fait le gouvernement, le pouvoir. Bodin affirme dans les Six livres de la République que « La souveraineté est la puissance absolue et perpétuelle d’une République ( .. ) c’est à-dire la plus grande puissance de commander ». Elle est absolue et perpétuelle car « n’est limitée ni en puissance ni en charge à un certain temps ». La souveraineté est éternelle car il ne peut y avoir souveraineté absolue sans souveraineté éternelle, car une fois que ce pouvoir n’est plus reconnu, il n’est plus absolu. La souveraineté est donc une, indivisible et perpétuelle.

2) Quelles sont les spécificités de la notion de souveraineté chez Hobbes par rapport à celle de Bodin ?

Bien que Bodin ait montré le caractère absolu et indivisible de la souveraineté politique, Hobbes ajoute quelques spécificités à sa vision de la souveraineté que n’a pas vue Bodin. En effet Bodin ne parle pas de la personnalité de l’Etat, de la souveraineté, c’est à dire que l’Etat est l’« unité réelle de tous en une seule et même personne » (page 67). Son objectif est de garantir la paix et la sécurité en évitant l’état de guerre. Afin de mener à bien cet objectif, les citoyens doivent tous se soumettre à un contrat : ils doivent renoncer à leurs pouvoirs politique et économique, à leurs droits, en faveur d’une personne ou d’un groupe de personnes. Cette souveraineté n’est pas infaillible mais est la seule à pouvoir épargner à ses sujets les conflits auxquels les portent sans cesse leur état de nature. Les individus s’unissent donc pour se faire représenter par un homme « Porter leur personne » (page 66). Le peuple alors « reconnait être lui même l’auteur de toute action accomplie ou causée par celui qui porte leur personne », toutes les personnes « soumettent leurs volontés à sa volonté » (page 67), à la volonté de la souveraineté. Par convention, les volontés de chaque personne deviennent une volonté commune, là est l’unité formée par l’Etat que ne voit pas Bodin, ainsi que la façon de créer cette union (le contrat, le passage des droits de l’auteur à l’acteur, comme nous l’avons évoqué plus haut) même s’il voit le pouvoir absolu de cette souveraineté.

3)

a ) En quoi le représentant souverain n’est-il pas lié par le contrat chez Hobbes ?

Pour que le contrat soit solide, tous les individus passent un contrat de chacun avec chacun, confient leur pouvoir à un représentant souverain qui lui n’a pas passé de contrat. Ils doivent s’engager les uns vis-à-vis des autres au profit du souverain, qui doit être au dessus des lois et avoir un pouvoir illimité dans le but d’assurer la paix. Aussi, pour que le souverain soit un arbitre indépendant et sans parti-pris dans les conflits, il ne peut être lié par le contrat.
Le représentant souverain n’est donc pas lié par le contrat car il n’y a pas eu de contrat entre le souverain et le peuple, mais seulement un contrat entre tous les individus de la multitude, afin de permettre à un acteur de les représenter. C’est une « convention de chacun avec chacun » (page 67). Chacun s’accorde avec chacun pour abandonner le droit de se diriger lui-même et pour mettre tout son pouvoir dans les mains d’un seul homme, ce qui donne à ce dernier un pouvoir souverain formé des pouvoirs de tous. Ce contrat passé entre les personnes formant une multitude pour que cette dernière ne forme plus qu’un peuple, avec un gouverneur à sa tête, fait de chaque individu le sujet volontaire du souverain et de l’Etat. Le souverain est donc totalement libre de ses actions, et n’agit que s’il a une puissance absolue. Il n’est pas dépendants des désirs et des volontés de ses sujets, il agit en leurs noms à partir du moment que le contrat est passé, chaque individu est la source de son autorité, mais c’est lui qui dispose du pouvoir absolu. La personne qui abandonne tous ses droits par contrat au souverain, lui donne le droit de décider et choisir les choses en son nom. Le peuple se reconnait donc auteur car chacun individu a abandonné ses droits (après consentement entre eux) à un homme, qui devient le seul détenteur du pouvoir. Ce pouvoir est absolu car comme nous l’avons dit le contrat se passe entre individus singuliers et non entre individus et souverain, ainsi le souverain n’est pas contractuel. Il n’y a pas de danger que le contrat soit révoqué et que le souverain perde sa place (donc pouvoir absolu), danger qui arriverait si le contrat était entre souverain et sujets car il serait à certaines conditions et dans des limites temporelles (élections pendant tant d’années ... ) Chaque individu soumet sa volonté au souverain pour qu’il leur permette à chacun de se préserver. Les individus doivent alors obéir au souverain : le pouvoir de ce dernier est absolu. Le pouvoir est échangé contre la défense.

b) Quelles sont les conséquences internationales de ce statut du souverain ?

Les conséquences internationales de ce statut de souverain sont que, de part le fait qu’il est le dirigeant de l’Etat, ce Léviathan, cette puissance absolue, il peut « mettre en branle la force du plus grand nombre pour contraindre les sujets rétifs » (p.134) et ainsi choisir de faire, par exemple, la guerre, ou forcer ses sujets hésitants à obéir.
Le souverain est donc sans cesse en guerre avec les autres pays. C’est en effet le seul à décider pour son peuple, se sent donc le plus fort et détenant le plus de pouvoir. Cela explique pourquoi il est sans cesse en compétition avec les autres souverains des différents pays, il se sent en effet en compétition avec eux. Celui ci est méfiant et ne supporte pas que quelqu’un d’autre que lui puisse diriger un autre Etat. Ce statut de souverain a alors une dimension internationale puisqu’il entraine de la défiance des uns envers les autres souverains.
Il y a comme un état de nature entre souverains.

5) Quelle(s) modalité(s) de résistance individuelle envisage Hobbes vis-à-vis du souverain ?

En dépit de ce pouvoir absolu, Hobbes envisage des modalités de résistance face au souverain. « Si le souverain ordonne à un homme, même justement condamné, de se tuer, de se blesser, ou de se mutiler, ou de ne pas résister à ceux qui l’attaquent, ou de s’abstenir d’user de nourriture, d’air, de médicaments, ou de quelque autre chose sans laquelle il ne peut vivre, cet homme a cependant la liberté de désobéir » (chapitre 21). En d’autres termes, le peuple étant l’auteur premier de ce qu’ordonne le souverain, ce qu’il ordonne n’est pas injuste, néanmoins si le souverain m’ordonne de me tuer, j’ai le droit de lui désobéir pour lui résister, car j’ai le droit de nature de me préserver. Un condamné peut aussi échapper au bourreau, car l’Etat ne peut décider de la vie ou de la mort d’un de ses sujets. De plus, il peut aussi désobéir pour protéger un innocent. « Nul n’a la liberté de résister à l’épée de la République » mais, les hommes peuvent désobéir pour protéger leur vie, ou « s’unir, s’entraider, et se défendre les uns les autres », car ils ont la liberté de protéger leur vie et celle des autres. Ils peuvent pour notamment pour cela défendre leurs droits en justice. Ils peuvent aussi désobéir par crainte (si on leur demande de tuer quelqu’un, de faire la guerre) car ceci n’est pas désobéissance mais déshonorant. De plus, l’homme a aussi la liberté face au souverain quand celui-ci n’a pas établi de loi sur le sujet concerné : « Dans les cas où le souverain n’a prescrit aucune règle, le sujet a alors la liberté de faire ou de s’abstenir, cela à sa propre discrétion. »

H - Pourquoi le Léviathan symbolise-t-il l’Etat pour Hobbes ?

Dessin représentant le Léviathan sur le livre de Hobbes :




1) Qu’est-ce que le Léviathan dans la Bible ? Où y apparaît-il ? On trouvera ici des éléments de réponse.

Le nom de Léviathan vient de la mythologie phénicienne qui en fait le monstre du chaos primitif. Réveiller un Léviathan reviendrait à détruire l’ordre existant. On retrouve plusieurs descriptions de ce Léviathan, il est appelé à plusieurs reprises « dragons des mers », « monstre marin » ou encore « dragon marin ». Cependant, ce montre ne représente ni le bien, ni le mal. Il apparait dans le livre de Job, dans des psaumes et également dans le livre d’Isaïe.

2) En quoi ce monstre symbolise-t-il l’Etat pour Hobbes ?

Le Léviathan est en fait une personne fictive, il représente l’ensemble d’un corps où la tête symbolise le roi et où le peuple est caractérisé par le corps. Il représente donc l’Etat divisé en deux parties : le peuple et le roi. Sa puissance existe grâce au peuple qui lui a donné tout son pouvoir, c’est pour cela qu’il est si monstrueux. Cette métaphore permet à Hobbes de ne pas penser que le pouvoir doit être délivré par Dieu, mais par le peuple.
Comme le montre la gravure ci-jointe, placée en couverture du livre de Hobbes en 165 1, un géant est au dessus de toute une ville, et personne ne parait pouvoir être plus grand. Ce géant, représentation de l’Etat, dispose de tous les pouvoirs : il a en main l’épée (pouvoir politique) et la crosse ecclésiastique (pouvoir religieux). Son corps est fait d’hommes, ce qui prouvent l’union des hommes formant le Léviathan, et le fait que ces hommes ne peuvent agir sans être représentés par lui. L’Etat a donc comme le Léviathan (et c’est pour cela que Hobbes lui donne ce nom) une force et un droit absolu. Comme nous l’avons dit, il est éternel et parfait, l’on peut ainsi le comparer au divin, même s’il est mortel.

IV - La modernité politique de Hobbes et ses limites.


1) En quoi l’Etat Léviathan de Hobbes est-il un Etat laïque ?

a) du point de vue de son fondement.

Si l’Etat est fondé, c’est dans le but d’assurer la paix, or les religions sont souvent cause de guerre. A l’époque de Hobbes, il y a en Angleterre une guerre civile en partie due aux religions. C’est pourquoi l’Etat dans son fondement est laïc. L’objectif de la laïcité politique est de limiter le pouvoir des églises et d’assurer la primauté de la loi civile sur la loi religieuse. La laïcité politique permet la liberté des cultes qui favorise la paix. L’État assure un traitement impartial de tous les sujets, indépendamment de leurs convictions religieuses. Hobbes est l’un des premiers penseurs de l’Etat laïque. Il pense que le pouvoir ne doit pas être délivré par dieu, mais par la souveraineté de l’Etat. L’Etat Léviathan est donc fondé par la volonté du peuple.

b) du point de vue de son fonctionnement.

Le souverain a un pouvoir absolu et inviolable mais celui-ci n’est pas divin et sacré. De plus, contrairement au monarque d’une monarchie de droit divin, le souverain selon Hobbes a une politique concrète, l’objectif de l’Etat étant de préserver la paix et la sécurité du peuple. Il n’a pas pour seul but de dominer les hommes, mais de les dominer pour les empêcher de retourner à l’état de nature, de guerre. Les enjeux du pouvoir constituent ainsi l’essence du pouvoir et mettent en place le fonctionnement de l’Etat laïque. Le mode de fonctionnement n’est pas arbitraire, comme dans une monarchie de droit divin, mais rationnel : on veut la sécurité et la paix des hommes, les lois et ordres sont donc commis dans ce sens. De plus, Hobbes pense que la religion est un des facteurs de la dissolution du corps politique, c’est pour cela qu’il faut régler l’organisation des rapports entre l’Eglise et l’Etat, ce qui est le propre d’un Etat laïque. Le pouvoir ecclésiastique est soumis à l’Etat et le souverain assure le pouvoir politique ainsi que religieux.

2) En quoi la formation de l’Etat par le contrat est-elle démocratique ?

La formation de l’Etat par le contrat est démocratique car les individus conviennent unanimement de conclure le contrat qui donne au souverain pouvoir. Ce souverain agit en leur nom car les individus lui ont transféré leur droit, auxquelles ils ont eux-mêmes renoncé.

3) Pourquoi cependant l’exercice de la souveraineté n’est-il pas accordé par Hobbes au peuple lui-même ?

Cependant, l’exercice de la souveraineté n’est pas accordé au peuple lui-même par Hobbes car il pense que le peuple est inapte au pouvoir. En effet, le but de l’Etat est la paix, pour cela il doit être stable. Or, s’il repose sur un souverain qui incarne une unité de volonté et de commandement, il l’est alors que la démocratie synonyme de souveraineté du peuple, l’est beaucoup moins. Ainsi, la démocratie est dans la perspective soumise aux factions, dissidences et conflits d’intérêt « si nombreuse que soit une multitude d’individus ; si cependant leurs actions sont dirigées par leurs jugements et leurs instincts particuliers [ ... ], ils se battent entre eux au nom de leurs intérêts personnels. » (p.63). C’est pourquoi Hobbes préfère confier la détermination des lois à un monarque.

4) Quelle est la solution de Rousseau apportée à la critique de la démocratie par Hobbes ?

Rousseau pense au contraire que l’on doit confier la détermination des lois au peuple lui-même car pour lui il y a la possibilité qu’une volonté unique et générale émerge d’une multitude. L’activité politique permet aux hommes de dépasser les factions, dissidences et conflits d’intérêt pour leurs intérêts communs. Selon Rousseau, l’homme est l’être qui est capable d’obéir à une loi qu’il s’est à lui-même imposée. Mais si le peuple promulgue les lois, celles-ci sont appliquées aux particuliers.

5) En quoi l’approche de Hobbes anticipe-t-elle la ruse de la nature chez Kant dans l’Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique ?

Dans l’idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique, Kant montre que les hommes pour sortir de l’Etat de guerre, créent dans leur pays un Etat, une puissance souveraine qui les régisse et poursuive la paix. Mais même si un Etat est en paix, l’état de nature perdure encore d’un Etat à un autre, car le pouvoir de faire la guerre est propre aux Etats et non aux particuliers. Les individus de l’Etat, l’objectif de l’Etat tant la paix et la sécurité du peuple, sont tout de même protégés des puissances et menaces extérieurs (les autres Etats). Mais pour gagner, en même tant que la sécurité des individus, la sécurité de l’Etat, Kant imagine une paix entre Etats, une paix universelle. « C’est la dialectique du conflit et de la solidarité des égoïsmes qui, par une sorte de ruse de la nature, promeut le perfectionnement de l’homme et le conduit à sa destination morale. » L’approche de Hobbes anticipe donc cette ruse de la nature puisqu’il pense la mise en place de l’Etat pour protéger le peuple d’un pays, alors que la vision de Kant est élargie. Hobbes pense à la paix et la sécurité des hommes d’un pays par la création de l’Etat, alors que Hobbes avec une vision universelle élargie, pense à une paix entre Etats pour faire perdurer la sécurité, des Etats, mais aussi des peuples qui y résident. Pour mettre en place cette société civile des nations, il est indispensable de concevoir, en plus du droit des individus d’une nation, un droit nouveau commun, pour enlever les Etats de leur état de nature.

V - Donnez un plan des chapitres 13 à 17 du Léviathan.


I - La condition du genre humain dans son état de nature et les lois de nature qui en découlent
  • Partie 1 : Démonstration de l’égalité humaine (p. 9-11)
  • Partie 2 : Conséquences de cette égalité (p. 11-13)
  • Partie 3 : La guerre perpétuelle : conséquences et explications (p. 13-16)
  • Partie 4 : Vers la paix (p. 16)
  • Partie 5 : Droit naturels et lois fondamentales en découlant (p. 17-22)
  • Partie 6 : Le contrat, ses variantes et ses règles (p. 22-32)
  • Partie 7 : Justice et autres lois de nature (p. 33-52)
II - Les notions de personne et d’auteur
  • Partie 1 : La personne (p. 53-54)
  • Partie 2 : Acteur et auteur (p. 54-60)
III - L’État Léviathan
  • Partie 1 : Objectif et raison d’être de l’Etat (p. 61-67)
  • Partie 2 : Définition de l’Etat (p. 67-68)



VI - Bibliographie :

Jean Bernhardt, Hobbes, puf, Que sais-je ? ;
Dominique Weber, Léviathan de Hobbes, avec le texte intégral des chapitres 16 et 17, La philothèque, Bréal, 2003 ;
Norbert Campagna, Thomas Hobbes, L’Ordre et la liberté, Michalon, le bien commun, 2000 ;
Gérard Mairet, Léviathan, Hobbes, Ellipses, 2000 ;
Arnaud Milanese, Personnalité et autorité politique, Léviathan (I,16 et II,17), Ellipses, 2006 ;
Jean Terrel, Le vocabulaire de Hobbes, Ellipses, 2003 ;
Jean Terrel, Théories du pacte social - Droits naturel,souveraineté et contrat de Bodin à Rousseau, Points seuil, 2001.

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